La Franche-Comté terre de tournages

La Franche-Comté, dont le conseil régional vient de couper dans l'aide au cinéma, accueille des tournages depuis soixante ans... En 1968, Edgar Faure envoie Jean Chapot dans le Haut-Doubs. Le cinéaste fait le portrait d’une famille rurale : « Les Faivre ». Il tournera ensuite « Le Fusil à lunette », Palme d’or du court-métrage à Cannes en 1972...

Affiche du film Les Granges brulées
La fin des aides au cinéma, mais pourquoi alors qu'émerge une nouvelle génération de réalisateurs ?
Lire le parti-pris de Michèle Tatu

La Franche-Comté accueille des tournages depuis soixante ans, la moitié de l’histoire du cinéma. Grâce à des hommes d’abord, puisqu’en 1968, Edgar Faure (alors ministre de l’agriculture) envoie Jean Chapot dans le Haut-Doubs avec pour mission de réaliser un film sur cette région. Le cinéaste choisit de faire le portrait d’une famille rurale. Le film s’intitule « Les Faivre ».  Le cinéaste revient ensuite pour tourner « Le Fusil à lunette » (Palme d’or du court-métrage au Festival de Cannes en 1972), puis « Les Granges brûlées » en 1973. 
A la demande de l’homme politique, Pierre Kast viendra aussi à Arc-et-Senans en 1960 pour tourner « La Morte saison des amours». Dans les années 60, le peintre Pierre Bichet accompagne Haroun Tazieff sur le tournage des « Rendez-vous du diable » sous titré le Tour du monde des 80 volcans. Il se fait connaître dans les milieux du cinéma. Les réalisateurs prennent contact avec lui pour des repérages (« Le Miracle des loups » « Mayerling », « Château en Suède » « L’Inconnu du Nord-Express…) 

Les derniers films primés
« La Maison jaune » de Amor Hakkar - 2008
« Du soleil en hiver » de Samuel Collardey  2005
« L ‘Apprenti » de Samuel Collardey - 2008
« Louise Wimmer » de Cyril Mennegun – 2012
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Les aides financières

Relayés à partir des années 1990 par les institutions – la Région maître d’œuvre apporte une aide financière et logistique et les municipalités un accueil sur place -, les tournages se multiplient. « Les Misérables du XXème siècle » de Claude Lelouch amorce ce virage : le film permet à plusieurs centaines de figurants de tenter l’aventure du cinéma. Plus encore, il ouvre la porte à ceux qui s’orientent vers les métiers du cinéma (repérages, régie, maquillage etc.) On assiste alors à une professionnalisation des tournages.
Cet effort se concrétise en 1997 par la signature d’une convention de développement ave la Centre National de la Cinématographie dans le but de faciliter l’accueil des tournages et de reconquérir le public avec notamment la mise en place de l’opération « Lycéens au cinéma » et le développement de l’art et essai. L’accueil des tournages s’appelle désormais « la commission du film ». Ce nouveau dispositif complète le fonds d’aide à la production qui existe depuis 1993. Cette commission a pour mission de fournir une aide logistique aux producteurs et réalisateurs (aide aux repérages, recherches de locaux etc.). Elle fait partie du réseau national et international des commissions du film dont elle respecte la charte : porter assistance à tout type de production et offrir ses services gratuitement.
Cette double intervention financière et logistique aura pour résultat l’augmentation des tournages car les producteurs apprécient les facilités offertes par la province. Les demandes d’autorisation s’obtiennent plus facilement. Le stress n’est pas le même et la qualité de la vie permet aux films de se tourner dans la plus grande convivialité. 

Capter la singularité d'une région
Au-delà de l’aspect financier qui permet aux cinéastes de réaliser leurs films, on voit à quel point le cinéma veille sur la réalité d’une 
région en captant la singularité de ces paysages, l’évolution des villes et l’identité de ses habitants.
Si « L’Apprenti » laisse entrevoir un monde paysan en pleine mutation, « Comme un lion » de Samuel Collardey nous montre en quelques plans comment le FC Sochaux est lié à Peugeot et comment cela apporte de la solidarité dès l’instant où les joueurs et les ouvriers s’entraînent ensemble. 
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Par ailleurs, la multiplication des tournages engendre des retombées économiques importantes. Lorsqu’une équipe de films vit, se restaure et dépense de l’argent sur place, les recettes des hôtels, des restaurants et des prestataires s’en ressentent. Outre les retombées économiques (emplois de professionnels et dépenses en région), on constate d’énormes retombées en terme d’image à l’instar de « Passe Montagne » de Jean-François Stévenin présenté lors de la signature convention Région-CNC : véritable déclaration d’amour d’un cinéaste aux paysages grandioses du Haut-Jura et aux hommes qui y vivent, ce film est aujourd’hui considéré comme un film-culte.

Le cinéma, un enjeu culturel

Depuis une dizaine d’années, la politique de soutien à la création cinématographique se transforme avec l’arrivée d’une nouvelle génération de cinéastes. Samuel Collardey et Raphaël Jacoulot (originaires de Franche-Comté) sortent de la FEMIS et décident de tourner leur premier film en Franche-Comté. Amor Hakkar soutenu par la Région pour son premier film (« Sale temps pour un voyou » en 1992) bénéficie d’aides financières pour les deux suivants (« la Maison jaune » en 2008 et « Quelques jours de répit » en 2011). 

Cyril Mennegun qui travaille dans un Mac do à Belfort décide de devenir cinéaste Il sera soutenu depuis son premier court-métrage et réalise ensuite plusieurs documentaires dont Tahar l’étudiant » en 2004, le portrait du jeune comédien « Tahar Rahim » inspiré de son quotidien. Ce film a été sélectionné dans de nombreux festivals (Lussas, Amiens, Clermont-Ferrand). En 2011 son premier long métrage « Louise Wimmer » est présenté à Entrevues à Belfort
Grâce à ces soutiens et à l’aide mise en place lors des tournages, ces jeunes réalisateurs de talent sont aujourd’hui la figure de proue du cinéma d’auteur au niveau régional et au-delà dans les nombreux festivals où ils sont primés. 

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