La fin des aides au cinéma : mais pourquoi ?

Le 14 décembre 2012, la Région a voté la suspension pure et simple du fonds d’aide à la production cinématographique. Cela représentait 335.000 euros en 2012 ; 425.000 en 2011 ; 336.000 en 2010, année de suppression de l'aide aux longs métrages de fiction. Aucun partenaire (DRAC, CNC) ou les professionnels de la branche n’a été consulté.

Le 14 décembre 2012, la Région a voté la suspension pure et simple du fonds d’aide à la production cinématographique. Cela représentait 335.000 euros en 2012 ; 425.000 en 2011 ; 336.000 en 2010, année de suppression de l'aide aux longs métrages de fiction. Aucun partenaire (DRAC, CNC) ou les professionnels de la branche n’a été consulté.
L’Association des Producteurs Audiovisuels Rhin-Rhône précise : « Cela aura pour conséquence la raréfaction des tournages et de l’activité générée par ces derniers (l’embauche de techniciens en région, retombées économiques sur les lieux de restauration et d’hébergement), diminution drastique des projets en lien avec la Région faute de financements, exil ou reconversion des techniciens, auteurs et producteurs de Franche-Comté, quid des productions extérieures dont les développements sont ou étaient en cours sur le territoire ». 
On se demande pourquoi, juste au moment de l’émergence de cette nouvelle génération de cinéastes, le couperet tombe : n’est-ce pas nécessaire de s’approcher des problèmes sociétaux comme le fait Cyril Mennegun ? N’est-ce pas une vraie idée de cinéma de dresser le portrait d’une femme qui essaie de retrouver sa dignité ? N’est-ce pas vital de montrer comment une famille se rassemble autour du deuil dans « La Maison jaune » d’Amor Hakkar ? N’est-ce pas de la culture lorsque Samuel Collardey cherche la lumière de Courbet pour éclairer les paysages de « L’Apprenti » et donner du sens à la vie de ses personnages dans le monde rural qui est le leur ? Au croisement de la fiction et du documentaire, le cinéma cherche de nouvelles formes pour nous parler du monde. C’est dans les régions que s’expérimente cette recherche à l’affût des fragments de la mémoire collective dont nous sommes constitués, du présent et de possibles lendemains. On remarque que les personnages des films (Matthieu de « L’Apprenti »), Mitri de « Comme un lion », Mouloud de « La Maison jaune » et « Louise Wimmer » sont tous en quête de changement. Est-ce un hasard ?
L’approche du territoire est au cœur de cette politique. Toutes les régions le savent puisqu’elles maintiennent les financements. Ainsi à titre d’exemple, Bruno Dumont dans le Nord, Alain Guiraudie dans le Sud, Arnaud et Jean-Marie Larrieu dans l’Ouest explorent l’histoire profonde de leur région et de ses habitants.
François Truffaut disait : « Les films avancent comme des trains dans la nuit ». L’idée de mouvement est là entre l’homme et l’image, entre la vie et la culture, entre la salle et le festival, entre le spectateur et l’émotion partagée.L’idée de mouvement est là aussi où l’art ne cesse de questionner le monde et en le questionnant de l’enrichir, de le propulser vers d’autres idées, d’autres possibles et d’autres utopies…
Et si on supprime la culture, sommes-nous prêts à accepter la désertification d’un territoire et à quelques pas de là l’ignorance ?
Il est donc évident que la Région devrait remettre en cause sa décision dans l’intérêt culturel des femmes et des hommes et des enfants de Franche-Comté.

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