La Cinémathèque des Monts Jura vous offre quelques belles heures des images tremblées du cinéma amateur

Depuis 2010, La Cinémathèque des Monts Jura collecte, numérise et conserve des films d’amateurs tournés sur le territoire jurassien. Ces images tremblantes évoquent le travail inéluctable du temps. Pas seulement. Car elles révèlent l’identité sociale et culturelle de ce territoire.

Vue de la fête de Saint-Claude, 1947

Denis Bépoix est le fondateur de la Cinémathèque des Monts Jura. Dans ce cadre, il monte et sonorise les films récupérés. Le cinéma, il est tombé dedans très jeune. Grâce à un cousin passionné, il traîne ses fonds de culotte au cinéma Pax de Valdahon. A la même époque, il se souvient d’être sorti en larmes du cinéma l’Aiglon (salle des Chaprais) à l’âge de huit ans après la projection Lassie chien fidèle. Dans son enfance, il a fréquenté la plupart des salles paroissiales de Besançon, le Stella rue de Dole et dans le cadre des patronages catholiques le Madeleine et l’Aiglon où il est subjugué par la projection de Ben Hur. Il rencontre ensuite Pierre Todeschini, directeur de la MJC du quartier, devenu un ponte du cinéma annécéien.

Il s’initie à la projection 16 mm dans le cadre des activités du CCPPO (Centre Culturel Populaire de Palente et les Orchamps). Il y revient, il y a quelques années, pour classer les photos prises par le Groupe Medvedkine pour l’expo sur Mai 68 et la restauration de films abîmés par le temps, notamment un film totalement inconnu de Pol Cèbe sur le CE Peugeot.

Le cinéma amateur : le monde autour de soi

Projectionniste dans de nombreuses salles de la région (Dole, Champagnole, Saint-Claude, Besançon), en 1995 il co-écrit avec Michèle Tatu Histoires du cinéma à Besançon. Depuis qu’il est à la retraite à Saint-Claude dans le Jura, il gère en tant qu’animateur-trésorier la Cinémathèque des Monts Jura, lieu ressource où se trouvent les bobines récupérées dans les greniers ou les armoires des maisons jurassiennes. La plupart du temps, des héritiers lui téléphonent. Il se déplace et revient avec les bobines qu’il numérise, offre à la famille et classe dans les rayons de la Cinémathèque.

Alors, Denis Bepoix, pourquoi cet attachement à faire revivre les films amateurs ? « Je m’appuie sur une phrase de l’abbé Garneret “Il faut rendre au peuple son butin”. Là il s’agit de reconstituer une mémoire des images amateurs, une mémoire qui vient du peuple, même s’il fallait déjà de l’argent pour réaliser les films ».

Sur les étagères, de vieilles bobines

Que sont-elles ces images arrachées à des décennies d’oubli ? Que racontent-elles du Jura, du monde rural, des coutumes, des fêtes foraines, de la vie des ouvriers et des paysans, de la joie et de la souffrance des hommes ?

On imagine sans mal des étagères peuplées de bobines rouillées, avec quelques mots sur l’auteur. Chacun trouve sa place dans ce lieu de mémoire. En 1947, Henri Castel réalise des films sur la ferme Haut-Crêt. Il documente la vie rurale à travers les saisons. Un membre de la famille les remet à la Cinémathèque ; un montage et un accompagnement musical permettent à chacun aujourd’hui de découvrir les travaux de la ferme dans l’après-guerre et tous les rituels qui s’y rattachent.

L’emploi de la caméra permet au cinéaste amateur de réduire la distance avec les autres dans un cadre de proximité familiale, villageoise… Ainsi, à Saint Lupicin, en 1970, Antoinette Thorax réalise deux films : Le Chevalier maudit pendant une colonie de vacances et La Légende du marais où elle met en scène des marginaux dans le village. Cette femme célibataire surnommée « Minette » a construit des fictions montées et sonorisées dans un rapport de proximité et de connivence avec cette petite communauté humaine.

Actuellement grâce aux films retrouvés, Denis Bepoix reconstitue en images l’histoire de Saint-Claude.

Au fil des années, c’est toute l’histoire du Haut-Jura qui retrouve vie grâce aux vieilles bobines. Pas plus tard que la semaine dernière, le maire de Château-Chalons a pris contact avec la Cinémathèque car il a retrouvé un film sur la vigne.

Une programmation de films de la Cinémathèque est visible jusqu’au 3 mai : il s’agit d’une part des films amateurs et d’autre part des films de jeunes réalisateurs professionnels soutenus à leur début de carrière par le Centre franc-comtois de Cinéma. La Cinémathèque a le soutien de la région Bourgogne Franche-Comté et du département.

Jusqu’au 3 mai, vous pouvez découvrir des films retrouvés sur le site : https://cinematheque-des-monts-jura.jimdosite.com

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