« La vie de la cité, c'est compliqué, c'est important. C'est la chose politique qui nous permet de vivre ensemble une vraie destinée ». Jean-Marie Sermier aime la politique et ça se voit. Il a l'humour qui passe bien et l'humilité dans le propos : « J'entame mon troisième mandat, ça pourrait ne pas être bon signe, mais en même temps c'est un signe d'expérience ». Il va même jusqu'à trouver du bon à l'alternance : « C'est nouveau pour moi de siéger dans l'opposition. C'est une expérience intéressante qui ne remet pas en cause mon dynamisme pour faire avancer les choses... Ce n'est de toute façon pas facile d'être entendu, même par ses amis et le gouvernement qu'on soutient ». Tient donc... Il aurait donc fait des bêtises, l'ancien gouvernement ? On n'en saura pas davantage. Reste que ce propos, on l'entend dans la bouche de parlementaires de tous bords : dans la Cinquième république, c'est le lot des élus de la majorité de se plier à la réal-politique et d'accepter l'omnipotence gouvernementale.
Dans l'opposition, donc, Jean-Marie Sermier est plus libre qu'un godillot. Il n'empêche, le premier des trois voeux qu'il met en avant consiste à se montrer solidaire du gouvernement sur la « lutte contre le terrorisme » qui est une « juste cause, une suite logique de nos engagements en Afghanistan pour faire triompher nos valeurs ». Il assure cependant que « les soldats ne suffisent pas pour construire la paix » et renvoie à l'Europe : « j'étais à Berlin pour le cinquantenaire du traité de l'Élysée, c'était émouvant de voter, à l'unanimité des députés allemands et français, de droite et de gauche, le même texte sur nos valeurs communes. Mais cela n'empêche pas une vision différente entre nos deux pays sur la politique agricole commune dans la révision de laquelle je m'engagerai ».
« Je souhaite que Solvay gagne de l'argent »
Il donne un petit coup de griffe pour Arnaud Montebourg, envers qui il témoigne au passage de l'amitié : « On a des atomes communs, mais ce n'est pas comme ça qu'on parle aux entreprises : des grands groupes ultralibéraux qui s'en mettent plein les poches ! Solvay vient d'entrer au CAC40 et je ne souhaite qu'une chose : qu'il gagne de l'argent et réussisse sa fusion avec Rhodia ». Il exhorte, ça ne mange pas de main, à « miser sur le tourisme » en utilisant notamment le renom de Louis Pasteur. Il estime que les « petites querelles » pour savoir si le réchauffement du climat sera de 2 ou 4 degrés « ne sont pas à la hauteur » et assure, sans ciller, que « le nucléaire devrait être mieux accompagné alors qu'il est privé de recherche depuis des décennies ». Ce qui n'est pas tout à fait vrai.
Il est applaudi quand il défend une « desserte ferroviaire » convenant aux Jurassiens, beaucoup moins quand il se réjouit de la mise en test de la liaison aérienne Dole-Paris décidée le matin même au conseil général.
Jean-Marie Sermier voudrait aussi que l'on « retarde d'au moins un an la réforme des rythmes scolaires : il faudra compenser une heure d'école en moins chaque jour avec des personnels embauchés par les collectivités alors qu'on ne connaît pas encore les budgets. Il est urgent de ralentir cette réforme, comme il est urgent de ralentir la carte scolaire. Il y a eu 800 élèves de moins en deux ans, il était inéluctable de fermer des postes, nous l'avons fait à regret, mais avons sauvé des classes. Je ne changerai pas de discours cette année. C'est Léon Blum qui disait : soit on se répète, soit on se contredit... Je suis pour une vision pluri-annuelle de la carte scolaire ». Ce dernier point part d'une bonne intention tant les communes sont parfois prises en étau entre des constructions scolaires et des fermetures, mais le journaliste qui écrit ces lignes l'entend depuis 25 ans...
Jean-Marie Sermier dit enfin son opposition au mariage pour tous, mais crie à la « caricature » si on le traite d'homophobe : « chacun peut vivre sa vie, l'amour qu'il souhaite, mais le droit à l'enfant n'est pas le droit de l'enfant. Oui à une union civile qui apporte des avancées juridiques, non à un mariage qui propose des droits dont on ne sait pas où ils s'arrêteront, non à la PMA ». Le député annonce enfin espérer que Jean Léonetti, qui a donné son nom à l'actuelle loi sur la fin de vie, viendra bientôt dans le Jura expliquer pourquoi, comme M. Sermier, il refuse l'euthanasie.