La crise de l’UPR passe aussi par la Bourgogne/Franche-Comté

Les responsables bourguignons et franc-comtois du parti souverainiste sont signataires d'une motion de défiance à l'égard de François Asselineau, soupçonné de harcèlement. Ils l'ont sommé de s'expliquer avec une majorité de cadres du mouvement. 

L’Union Populaire Républicaine (UPR) est une modeste organisation politique souverainiste. Défendant le Frexit, son dirigeant François Asselineau obtint 0,92% à la présidentielle de 2017. L'UPR a eu un certain écho auprès de certains gilets jaunes avant d'être secouée par une crise interne comme l’a révélé Le Figaro le 21 avril dernier. Deux positions s’opposent et une majorité de cadres a ainsi demandé des comptes au président, parmi lesquels son bras droit, Charles-Henri Gallois, originaire de Nevers, ainsi que les représentants de la Bourgogne et de la Franche-Comté.

Visé par des soupçons de harcèlement, François Asselineau a été sommé « de s’expliquer » et de « tirer les conclusions qui s’imposent » par ses lieutenants. Celui-ci, contacté sans succès, a nié ces accusations. Il n’a pas hésité à évoquer sur Beur FM ce 2 mai « une tentative de putsch » et des « méthodes fascistes dignes de la STASI », réclamant que ce différent ne soit tranché par une consultation interne. Considéré comme l’un des seconds du président, trésorier du parti, membre du bureau national, chargé des questions économiques, présent à de multiples élections dont les régionales de 2015 comme tête de liste en Bourgogne-Franche-Comté, le nivernais Charles-Henri Gallois a été l’un des premiers signataires du courrier explosif remis le 18 avril dernier.

Entre défections et temporisation

À ses côtés, figurent les deux responsables régionaux. Jean de Rohan-Chabot, délégué pour la Bourgogne, la Nièvre et la Saône-et-Loire, siège également au bureau national, nommé référent pour le Travail et les partenaires sociaux. Quant à Philippe Marceau, il administre la Franche-Comté, le Doubs, la Haute-Saône et le Territoire de Belfort. Au-delà de l’affaire, quels sont les sentiments des autres fédérations ? Sollicitées par nos soins, les trois autres instances et figures départementales, qui n’ont pas été associées à la controverse, se montrent peu expansives.

Seule l’antenne du Jura, par la voix de Jacques Ducarme : « le processus démocratique prévu dans les statuts doit suivre son cours dès que le déconfinement le permettra. Notre président a annoncé la tenue d’un prochain congrès qui permettra de mettre en lumière les diverses positions, de débattre en interne et de choisir l’équipe la plus à même de promouvoir l’UPR. Les adhérents expriment une volonté commune d’établir la vérité pour sortir renforcés de l’épreuve et déterminés à défendre ensemble les orientations sur lesquelles il n’y a pas de divergence. Concernant le conflit au niveau du bureau national, les adhérents du Jura sont dans l'expectative. Nous sommes dubitatifs quant aux raisons évoquées et nous attendons les résultats des éventuelles suites judiciaires, s'il devait y en avoir. »

« Le choc et l’écœurement »

Nous n’avons pas pu joindre Charles-Henri Gallois, qui a cependant précisé une grande partie de ses différents griefs dans une longue vidéo publiée le 2 mai dernier. Il y expose ainsi que deux tiers du bureau national, trois quarts des cadres et sept des huit têtes de liste aux européennes, auraient rallié la contestation, qualifiant au passage la riposte de François Asselineau de « dégueulis ignoble. » Le début d’une bataille du web avec le président et ses soutiens, où toutes les accusations font jour par écrans interposés. Violation des statuts, sanctions judiciaires du parti, querelles personnelles, ingérence et déstabilisation par des officines extérieures, tromperie sur le nombre réel de cotisants à jour... autant de mines qui laisseront, sans doutes quoi qu’il advienne, des traces importantes.

Sur les réseaux sociaux et groupes dédiés, la consternation est palpable avec des centaines de réactions de militants et sympathisants. Beaucoup, à l’image de Jean-Michel, pensent à « un fake ou un complot », quand d’autres, comme Francis, assume son « total soutien à François Asselineau, quoi qu'il ait fait ou pas. » Chantal estime cependant que «  si Gallois a signé ce ne sont pas des rumeurs » alors que Thomas reconnaît « qu’il n'y a aucun doute qu’il [le président] paie son autoritarisme. » En-dehors des cercles politiques établis, il reste difficile de converser avec les activistes bisontins et comtois. Les rares confidences obtenues, ici d’une partisane souhaitant rester anonyme, laissent ainsi seulement transparaître « le choc et l’écœurement d’un tel spectacle. » 

Ni François Asselineau, ni Charles-Henri Gallois n'ont répondu à nos sollicitations.

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