« Jane par Charlotte », affirmatif !

Tout en délicatesse, Charlotte Gainsbourg consacre un documentaire bouleversant à sa mère Jane Birkin. Intime et universel. (sortie le 12 janvier)

Au Festival de Cannes, elles ont monté ensemble les marches rouges. Au Festival de Deauville, où Charlotte Gainsbourg était présidente du jury, la fille donnait des nouvelles de sa mère Jane Birkin, alors hospitalisée au CHU de Nantes. « J’allais à la recherche de ma mère, et c’est j’espère une déclaration d’amour », confiait Charlotte en Normandie, avant la projection du documentaire qu’elle a réalisé et consacré à sa mère, « Jane par Charlotte ». Un titre qui renvoie bien sûr à celui du film d’Agnès Varda, « Jane B. par Agnès V. » (1988), portrait multi-facettes de la star des seventies. Le film de Charlotte est forcément plus intime, plus « brouillon » peut-être, c’est effectivement un acte d’amour d’une fille pour sa mère, et inversement : «Dans ma famille, on arrive plus à se dire je t’aime par une caméra que face à face », dit-elle. 

« Ma démarche était abstraite, inconsciemment j’avais juste envie de me rapprocher d’elle », précise la fille de Jane Birkin et Serge Gainsbourg, qui a d’abord suivi maman interprétant les œuvres de papa lors d’une tournée au Japon. « On a eu un mauvais démarrage, je lui ai posé des questions qui l’ont choquée », ajoute Charlotte. Du temps a passé, et elles ont ressorti le projet à New York, où Charlotte s’était « réfugiée » après la mort tragique de Kate, fille de Jane et de son premier mari, le musicien John Barry. « Elle a eu envie de se prêter au jeu à nouveau, et je l’ai filmée continuellement », ajoute l’actrice-réalisatrice, qui a alors questionné sa mère dans sa maison de Bretagne.

« L’idée c’est de te regarder comme j’ai jamais osé te regarder », dit Charlotte à Jane dans le film. La première question sur leur pudeur commune, l’une pour l’autre, « Je ne sais pas d’où elle sort » s’étonne Charlotte, et déjà quelques larmes affleurent. « Je me sentais privilégiée en ta présence, tu étais beaucoup plus mystérieuse pour moi », tente de répondre Jane, qui plus tard n’ose pas regarder les images de Kate enfant. En Bretagne, on est à la maison, c’est plus détendu, « Mamie » Jane plante des graines avec sa petite-fille Jo et parle d’aller chercher une nouvelle chienne.

Aussi intimidées l’une que l’autre

Ensemble, elles se rendent rue de Verneuil, dans la maison de Serge Gainsbourg, où ils vivaient ensemble, cet antre où Jane n’était jamais revenue depuis trente ans : « Je n’aurais jamais osé demander, je ne me sentais plus le droit », dit-elle. A l’intérieur, c’est « comme Pompéi » : « Tout est intact, ça n’a pas bougé », les objets, les disques, le piano, l’homme à la tête de chou… et même ce grand portrait de Brigitte Bardot. Puisqu’il faut honorer son père et sa mère, Charlotte fait un musée de la maison paternelle, et de ce film une offrande à Jane.

On pourrait trouver impudique cette conversation entre une mère et une fille, aussi intimidées l’une que l’autre, mais ça ne l’est jamais. Certes, c’est un film de famille, de la famille Gainsbourg, si connue si proche des Français ; mais ce documentaire bouleversant d’intimité est universel : il touche au cœur toutes ces familles où il est si difficile de se dire qu’on s’aime. Toute de délicatesse, Charlotte a le souci de ne pas heurter Jane, qui répond avec naturel. Les deux se révèlent, beaucoup « Jane par Charlotte », mais un peu aussi Charlotte par Jane. No comment !

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