Gilets jaunes : et maintenant ?

Retour sur les trois derniers « actes XXIV, XXV, et XXVI » du mouvement, moins suivis que les précédents, à la veille d'une mobilisation du 18 mai que ses initiateurs espèrent de grande ampleur à Besançon. Son appellation, « Ultimatum I », suggère une suite… 

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Les 27 avril, 5 et 11 mai dernier, le mouvement des gilets jaunes se poursuivait à Besançon lors des désormais traditionnelles manifestations du samedi. Des éditions marquées par une météo abrupte, et un net recul numérique. Si entre-temps le 1er mai fut l’objet d’une vive polémique et d’un large succès populaire, ces trois dates furent quant à elles plutôt calmes et façon « petit comité. » Pour les participants historiques, cette petite période de relâchement reste contextuelle et préalable à un grand appel national programmé pour ce samedi et déjà baptisé « ultimatum I. »

Entre gilets jaunes et chasubles rouges

L’acte XXIV du 27 avril trouble la routine, commençant à 13h place de la Révolution. Pas mal d’habitués manquent à l’appel, jadis toujours conviés jusqu’à 15h. Mais la raison de ce changement est important : rejoindre les motards en colère à 14h30 au parc Micaud. Des retrouvailles bruyantes et chaleureuses, avant une séparation vers 15h avec la formation du cortège.

À 16h, les 500 participants se retrouvent au rond-point du tunnel de la citadelle, sous une pluie parfois battante. Sur place ils prennent la pose, adressant un majeur en signe de soutien à Gaspard Glanz et aux journalistes indépendants. Vers 16h45 près du commissariat central, un incident éclate entre un manifestant et les membres de la B.A.C. déployés à la sortie véhicule. Mis en joue à hauteur de tête par un L.b.D. ce premier assène un « guignol » au policier concerné, qui réagit en sortant seul des rangs pour se confronter physiquement avant de se retrouver isolé, obligeant ses collègues à user des gazeuses pour le récupérer. Devant la préfecture, le face-à-face se déroule paisiblement avec les gendarmes mobiles. L’un des militaires posté fait un malaise, sans gravité. Trente minutes plus tard, la dispersion est achevée.

Le mercredi 1er mai était déjà sur toutes les lèvres les semaines précédentes, et c’est effectivement une marée humaine qui déferle avec 2500 à 3000 « festivaliers du Travail » sous un soleil de plomb. Environ 300 gilets jaunes sont en tête du défilé, les ruraux rejoignant les mobilisations locales et beaucoup d’autres gonflant les rangs de leurs propres groupes syndicaux ou politiques tels que la C.G.T., F.O., le N.P.A., La France insoumise, ou encore les cercles anarchistes.

Terminus officiel place Granvelle où un « village CGT » était dressé avec une sandwicherie, mais environ 500 téméraires décident de continuer la marche. Certains, y compris encartés, se félicitent : « voir les veilles centrales enfin dépassées par leur base, c’est un vrai plaisir. » Après la place Saint-Jacques où tout se passe bien y compris au contact du cordon barrant la rue Charles Nodier, la situation dérape – encore - brutalement au commissariat vers midi. À l’heure du repas, le resto’ trottoir des libertaires place Marulaz fait unanimité. Reprise des activités l’après-midi, avec un détour par la gare S.N.C.F.-Viotte, la maison d’arrêt, puis la Préfecture, sans aucune présence policière.

Froid, pluie, neige… mais espoir et bonne humeur

L’acte XXV du 4 mai renoue avec une certaine routine, sous une pluie abondante. Autre tradition qui s’accorde avec les pratiques anciennes de la cité, l’enlèvement systématique des affiches publicitaires sur le parcours. Révolution, Battant, Gare-Viotte, la City, Préfecture, la Gare d’eau, les sites d’intérêt s’enchaînent sans encombre. On compte environ 400 manifestants, un des chiffres les plus modestes depuis le 17 novembre. Beaucoup l’expliquent par la période de vacances scolaires, le temps peu favorable, mais aussi par la multiplication des événements. « Manif’, parkings gratuits, réunions, comités de soutien police et justice… entre ça, le travail, et les impératifs du quotidien, il me fallait temporiser un peu et aussi retrouver ma famille distancée depuis six mois », explique un militant de la première heure. Quand le cortège arrive à la Gare d’eau et à Préfecture, la neige accompagne un face-à-face glacial, qu’aucune provocation, ni des agents en civil casqués de la B.A.C. ou du L.B.D. pointé par un gendarme mobile, ne viendra troubler jusqu’à 17h30.

L’acte XXVI du 11 mai voit les C.R.S. remplacer les gendarmes mobiles, avec un retour aux fouilles sur Révolution. Ils sont 400 à être restés mobilisés, alors que les averses étaient aussi de la partie. Après le passage par le tunnel de la citadelle à 15h45, le cortège arrive sur Tarragnoz et fonce de façon inédite rue Charles Nodier jusqu’à se retrouver en face du cordon policier. Retour au centre-ville, pour envahir sans heurt le centre commercial LaFayette, qui malgré les consignes d’usage depuis l’acte XXI n’ont pu fermer toutes les portes à temps. Préfecture puis commissariat de la Gare-d’eau, avec un long face à face. Une demi-heure plus tard, les rues se videront totalement.

Alors que la situation stagne, tous misent à présent sur ce samedi 18 mai qui se veut national ; les appels « en jaune et en noir, avec un cortège de tête déterminé » et un final « barbecue géant » jusqu’à 23h au rond-point de Chalezeule annoncent la couleur.

 

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