« First Cow », à l’Ouest des gâteaux

Prix du Jury au Festival de Deauville en 2020, le film de Kelly Reichardt est un vrai-faux western, une fable américaine sur la loyauté, l’amitié, le pouvoir, l’exploitation, et la création d’un nouveau monde, pas si glorieux... Sortie le 20 octobre.

C’est sous l’intitulé « L’Amérique retraversée » que se tient jusqu'au 24 octobre une rétrospective intégrale des films de Kelly Reichardt, au Centre Pompidou à Paris. Au programme donc, « River of grass », « Wendy et Lucy », « La dernière piste », « Old Joy »… et le tout dernier qu’elle a réalisé, « First Cow », qui avait reçu le Prix du Jury au Festival de Deauville en 2020 (sortie en salles le 20 octobre, après une diffusion sur la plateforme Mubi).

Comme la plupart de ses films, c’est dans le nord-ouest des Etats-Unis que la cinéaste américaine a tourné ce vrai-faux western. Le film s’ouvre de nos jours, avec la découverte de deux squelettes enterrés dans la forêt ; mais très vite Kelly Reichardt nous téléporte vers 1820, en Oregon, dans cette même forêt. C’est là que se produit la rencontre hasardeuse entre un cuisinier qui ramasse des champignons et un Chinois affamé, démuni, et poursuivi par des Russes ; Cookie et King-Lu, joués par John Magaro et Orion Lee, qui vont faire équipe et devenir compagnons d’infortune.

Le fameux esprit d’entreprise

Une vache sur un radeau, c’est une curieuse image qui traverse ce film singulier.

En ce temps de ruée vers l’or, tout semble possible, y compris devenir riche, dans ce territoire qui reste à explorer. Transportée sur un radeau, une vache arrive dans la région, livrée chez un riche propriétaire, la toute première vache (« first cow ») à poser ses sabots dans ce coin perdu d’Amérique. Chaque nuit, Cookie et King-Lu vont la traire en cachette, et fabriquer grâce à son lait des beignets et gâteaux que tout le village s’arrache, trappeurs et chercheurs d’or s’en délectant. C’est certes un bel exemple du fameux esprit d’entreprise américain, la matière première provenant cependant d’un vol, l’escroquerie ne durera qu’un temps.

Image carrée, caméra près du sol, lenteur de l’action, « First Cow » n’est donc pas un western classique, même s’il se déroule dans une nature sauvage, au temps des pionniers. C’est aussi une fable, sur la loyauté, l’amitié, le pouvoir, l’exploitation, et la création d’un nouveau monde, pas si glorieux. Une Amérique effectivement retraversée.

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