En attendant « Un triomphe »

Coproduit par Robert Guédiguian et Dany Boon, le film de Emmanuel Courcol est une agréable comédie sociale. Kad Merad y incarne un acteur qui enseigne le théâtre en prison. Plus au meilleur de sa carrière, il met en scène des détenus dans un chef d’oeuvre de Samuel Beckett, « En attendant Godot ».

Sélectionné par le Festival de Cannes 2020, le film de Emmanuel Courcol, « Un triomphe » (sortie le 1er septembre), est inspiré d’une histoire vraie, une expérience théâtrale menée en prison par un metteur-en-scène suédois. Kad Merad y incarne un acteur, plus tout jeune ni au meilleur de sa carrière comme de sa vie privée ; très intermittent du spectacle, Etienne enchaîne les jobs alimentaires, enseigne le haka à des forces de vente, et accepte de donner des cours de théâtre en prison.

Le premier contact avec les détenus n’est pas super cordial, ils voudraient faire du stand-up, alors que le comédien décide de leur faire jouer un chef d’œuvre de l’absurde, « En attendant Godot » de Samuel Beckett. « Il jouent faux mais ils sont dans le vrai », assure Etienne, qui se fait chef d’une troupe hétéroclite qu’il va diriger, faire répéter, et les guider dans un vrai théâtre, devant un vrai public, les rendre fiers d’eux-mêmes et de lui-même. D’une seule représentation prévue, le « triomphe » des taulards lyonnais les emmène en tournée régionale, avant une représentation unique prévue au Théâtre de l’Odéon, à Paris.

Une interprétation sensible et empathique

Sur cette scène, le « vieil » acteur « de base », lui aussi dans une forme de « réinsertion », aura finalement la chance de se lancer seul dans un grand monologue. Kad Merad fait une interprétation sensible et empathique de ce personnage, qui traîne le poids du passé et de la vie comme il trimbale sa lourde parka ; il est bien entouré par le reste du casting, Marina Hands en directrice de prison, Laurent Stocker en théâtreux, et surtout l’ensemble de la troupe de détenus (notamment Pierre Lottin, le fils « Tuche »).

Avec à la production à la fois Robert Guédiguian et Dany Boon, « Un triomphe » réussit l’alliance du militantisme de l’un et du populaire de l‘autre. Prix du Public au Festival d’Angoulême l’an dernier, c’est une agréable comédie sociale, un de ces films qui racontent des expériences positives, avec de l’humain, du comique, du dramatique, et toute l’absurdité de la vie.

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