Emportés par « Le vent de la liberté »

Inspiré d’une histoire vraie, des Allemands de l’Est fuyant leur pays à bord d’une montgolfière, le film de Michael Bully Herbig illustre une page d’histoire récente.

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Ce fut « l’évasion la plus spectaculaire de l’Allemagne de l’Est ». En 1979, une décennie avant que le Mur ne tombe pour de bon, deux familles est-allemandes, les Wetzel et les Strelzyk, étaient parvenues à passer à l’Ouest… à bord d’une montgolfière. A peine quelques années plus tard, en 1982, un film produit par Disney, La nuit de l’évasion, racontait cette formidable épopée. Un nouveau film, Le vent de la liberté (en salles depuis le 10 avril), raconte cette histoire allemande avec une production allemande, un réalisateur allemand, Michael Bully Herbig, et des acteurs allemands (Karoline Schuch, Alicia von Rittberg, Friedrich Mücke, David Kross, Thomas Kretschmann).

En quelques décennies, 38.000 personnes ont tenté de quitter l’Allemagne de l’Est pour celle de l’Ouest, de fuir la république démocratique pour gagner la république fédérale. 462 personnes sont mortes dans cette tentative insensée. Dans l’Allemagne désormais réunifiée, tout le monde sait que les Wetzel et les Strelzyk, quatre adultes et quatre enfants, ont réussi leur évasion. Le public français étant moins au fait de cet épisode, le suspense tient bon jusqu’à la fin du film, d’autant que tout le récit montre combien ce projet est risqué et hasardeux.

D’ailleurs, la famille Strelzyk partie seule a essuyé un premier échec, un décollage depuis une clairière, un vol de nuit de 34 minutes, un incident technique, et un atterrissage brutal dans la forêt, à quelques centaines de mètres seulement des barbelés du Rideau de fer : « On était si près ». Marre du socialisme triomphant et des chants patriotiques, rêvant d’une vie libre et meilleure, les deux familles envisagent une nouvelle tentative ensemble. Dans le grand secret, ils vont concevoir un ballon artisanal, fabriquer une nacelle, coudre plus de mille mètres carrés de tissu…

Surtout, dans ce pays où « il vaut mieux ne pas dire la vérité », où le moindre coup de sonnette peut provoquer la terreur, il faut se méfier de tout et de tout le monde, les voisins, les commerçants, l’institutrice… Et bien sûr les nombreux agents de la Stasi, la police politique, dont les scénaristes ont d’ailleurs pu consulter les précieuses archives. Ce qui ajoute de la matière à ce récit, puisque tandis que les fuyards construisent leur montgolfière, on suit l’enquête d’un colonel de la Stasi qui recherche activement ces « traîtres à la patrie ».

Le vent de la liberté a ainsi toutes les caractéristiques du film d’aventure classique, et le label « d’après une histoire vraie » vient illustrer une page d’histoire récente, avec la reconstitution en détails de l’Allemagne de l’Est d’alors, et du climat d’effroi et de suspicion qui s’imposait à ses citoyens.



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