J’ai longuement hésité avant de réagir devant cette décision de nomination reconnaissant les difficultés rencontrées dans la gestion d’une crise de cette ampleur, mais je ne pouvais pas rester spectateur impassible devant une telle impéritie d’un État, qui par une communication guerrière cherche à éluder les problèmes de fond. La crise sanitaire que nous subissons n’est pas qu’une simple crise passagère car elle va s’inscrire dans la durée et entrainer un véritable bouleversement de la société ! Elle constitue un formidable révélateur de l’incohérence de l’État et de son Administration dans ses communications, ses décisions et ses actions en réponse à la pandémie. Je ne me permettrais pas de porter un jugement sur les actions strictement sanitaires n’ayant aucune compétence dans ce domaine mais sur la désastreuse conduite générale de gestion de la crise. Celle-ci est due à l’absence de coordination nationale centralisée ou « unité de commandement », et de maitrise par les principaux responsables institutionnels de l’organisation et des méthodes à appliquer. Dans l’édition N° 120 du magazine Marianne, est reproduit un extrait d’une note adressée par le Professeur Jérome Salomon, alors conseiller « santé » du candidat Emmanuel Macron devenu Directeur Général de la Santé qui évoque, à son avis, les carences de l’État face risques majeurs de catastrophes. Il propose très justement pour « apporter une réponse nationale centralisée de créer une force permanente interministérielle de personnels d’encadrement qualifiés et régulièrement entrainés autour d’un coordonnateur »
Mais après plus de trois années d’exercice, son administration a du omettre de lui dire que le dispositif de conduite de la gestion des crises qu’il souhaitait existe et a été défini dans le Plan national de prévention et de lutte « Pandémie Grippale »
Quant au personnel qualifié et entrainé souhaité également, un embryon est déjà présent dans de nombreuses structures de la DGSCGC. Il s’agit des officiers supérieurs de Sapeurs-pompiers
La stratégie de réponse à la crise étant plurisectorielle, ces officiers du fait de leur pratique quotidienne et de leur haut niveau de qualification acquis à l’École Nationale Supérieure des Officiers de Sapeurs-Pompiers (ENSOSP) sont aptes à participer avec d’autres acteurs de culture opérationnelle similaire à l’organisation du pilotage et à la coordination des dispositifs de gestion de crises. Mais hélas, ils sont peu associés voire même écartés des postes de direction de la Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des Crises (DGSCGC). Ces postes dont les fonctions nécessiteraient des qualifications à la fois techniques et opérationnelles sont réservés aux membres du corps préfectoral et de celui des administrateurs civils, sans que l’on connaisse les raisons de cet ostracisme.
Enfin, il est consternant d’apprendre que le Premier Ministre ait jugé nécessaire de nommer un Général de Gendarmerie et de le charger d’une mission d’audit et de conseil sur le processus de conduite « horizontal et vertical, afin de permettre une meilleure coordination dans le pilotage interministériel de la crise de manière globale.
Je n’ai aucun doute sur les compétences de cet officier général dans le domaine de l’organisation et de la gestion des crises et son expertise aboutira, je l’imagine aux mêmes conclusions que celles de nombreux rapports effectués depuis des décennies. Toutefois, la désignation d’un Contrôleur général de sapeurs pompiers au coté de ce militaire lui apporterait une vision complémentaire propre à la conduite des opérations de Sécurité Civile et confirmerait ainsi la place de « 3ème force de Sécurité Intérieure des sapeurs-pompiers sur un pied d’égalité avec leurs collègues policiers et gendarmes », ( Extrait dudiscours du Président de la République 24 septembre 2016 )
Enfin, il ne faudrait pas attendre les conclusions de l’audit commandé mais prendre des mesures immédiates pour améliorer la coordination, la communication et la conduite de la gestion de crise. Nous ne sommes pas arrivés au terme de la pandémie et il faut réagir avant qu’il ne soit trop tard.