Droite et extrême-droite insistent pour armer la police municipale

Le maire de Besançon, Jean-Louis Fousseret, a refusé de rouvrir le débat en conseil municipal réclamé un peu comme par réflexe par les groupes LR-UDI-MoDem d'une part, Patriotes ex-FN d'autre part dont la motion n'a recueilli que deux voix. « On ne votera jamais avec le FN », dit Jacques Grosperrin (LR). La majorité se ressoude quand Michel Omouri ressort la mise sous tutelle des allocations familiales des parents de mineurs délinquants...

grosperrin-mougin

Ouvrant le conseil municipal de jeudi 18 janvier, Jean-Louis Fousseret n'a pas le cœur aux vœux. Il rend hommage à deux disparus : Florence Vincent, chargée de l'accueil à la mairie, victime d'un accident, et Claude Condé, « partenaire loyal et efficace » qui présida durant deux mandats l'université de Franche-Comté. Le maire se projette sur quelques événements de 2018 qu'il estime majeurs : les 10 ans du classement Vauban au patrimoine mondial de l'Unesco le 7 juillet, la réouverture du musée des Beaux-Arts le 16 novembre...

Il dira ne « jamais avoir perdu confiance dans le gouvernement » qui a confirmé l'implantation du CROUS de Bourgogne-Franche-Comté à Besançon, installant la ville en « capitale universitaire de la grande région ». Il en profite pour « remercier tous les groupes [politiques] municipaux, les partenaires, députés... » qui ont construit une union sacrée locale dans la sourde lutte contre la perfide Dijon qui veut tout récupérer.

L'implantation d'un commissariat de police à Planoise confirmée

Il prévient : « il faut remettre sans cesse remettre l'ouvrage sur le métier », évoquant la réforme de la carte judiciaire à venir qui pourrait voir remise en cause la cour d'appel... Ce faisant, c'est un message subliminal délivré à Eric Alauzet qui estimait récemment dans la presse qu'il ne se voyait pas, s'il devenait maire un jour, que se battre sans cesse avec la capitale bourguignonne n'est ni une perspective réjouissante ni un programme politique...

Jean-Louis Fousseret a aussi entrouvert l'éternel débat sur la sécurité. Dénonçant l'incendie « criminel » de la maison de quartier de la Grette, « privant les habitants de ludothèque et de halte-garderie », il loue les services qui ont tout fait pour l'accueil soit assuré dès le 2 janvier, et félicite l'élue délégué à la petite enfance, Rosa Rebrab, qui a interrompu ses congés pour y présider. Le maire dit sa volonté de « maintenir l'ensemble des services dans les quartiers », annonce que l'Etat a « confirmé l'implantation d'un commissariat de police à Planoise », et dit avoir demandé au ministre de l'intérieur Gérard Collomb d'augmenter les effectifs de policiers nationaux et de venir à Besançon.

Philippe Gonon (UDI) évoque quant à lui pour 2018 les nouveaux transferts de compétences à l'agglomération, eau et assainissement notamment, mais aussi la perspective d'une communauté urbaine qui « modifiera les relations citoyens-institutions », ce qui lui fait ajouter : « il est indispensable que que le territoire soit géré par des élus au suffrage universel direct ». Il suggère aussi de « remettre sur la table le dossier armement de la police municipale » car « un fossé se creuse avec le maire ». 

Jacques Grosperrin : « punir davantage et durcir la loi »

Jean-Louis Fousseret est « d'accord avec beaucoup de choses », mais ne « veu[t] pas rouvrir le débat sur la police municipale », niant qu'il y ait avec elle « un fossé » puisqu'il a « vu récemment les organisations syndicales ».

Après avoir considéré que 2018 sera « le 60e anniversaire de la constitution qui nous rassemble tous », Jacques Grosperrin (LR) est plus trash sur la sécurité : « les habitants des quartiers sont laissé aux mains des délinquants et des trafiquants... Il faut punir davantage et durcir la loi, rétablir les peines plancher face au laxisme idéologique... Être élu, c'est un honneur, mais c'est aussi faire preuve d'autorité... » 

Jean-Louis Fousseret répond : « la fermeté, c'est ne rien accepter, c'est pour ça qu'il y a des effectifs de police municipale supplémentaires à Planoise. Vous pouvez compter sur ma fermeté. Quant aux moyens pour la justice, il y a encore des efforts à faire... ». Sur le sujet Laurent Croizier (MoDem) veut « des mesures fortes qui marquent les esprits. On vous soutient sur la police municipale à Planoise, mais elle manque toujours de moyens... » Il propose « une brigade de nuit municipale pour que la police nationale se concentre sur la grande délinquance ».

On fait remarquer à Jacques Grosperrin
qu'il défend la même position que l'extrême-droite,
il répond : « c'est vrai, mais on ne votera jamais avec le FN. Jamais »

Avant lui, Philippe Mougin (LP, ex FN) dit son accord avec ses collègues de droite. Il veut rouvrir le débat de l'armement des policiers municipaux avec des armes à feu. Il proposera en fin de séance une motion sur le sujet qui n'obtient que les deux voix de son groupe. La majorité municipale vote contre, les élus LR-UDI-MoDem ne participent pas au vote « comme depuis le début du mandat sur toutes les motions », explique Jacques Grosperrin. On lui fait remarquer après le conseil qu'il défend sur ce point la même position que l'extrême-droite, il nous répond : « c'est vrai, mais on ne votera jamais avec le FN. Jamais ».

On pensait en avoir fini avec ce débat très idéologique, il est ressorti à l'occasion d'une délibération sur le contrat de ville : une convention avec les bailleurs sociaux qui s'engagent, moyennant un abattement sur la taxe sur le foncier non bâti jusqu'en 2020 (loi Lamy), à « mobiliser des moyens supplémentaires pour améliorer leurs interventions par des actions contribuant notamment à la tranquillité publique et résidentielle, à l'entretien et la maintenance de leur patrimoine, à l'amélioration du cadre de vie, à la cohésion sociale, à la participation des locataires ».

Michel Omouri (LR) attaque sur un thème qui lui est cher : « On  n'a pas de garantie que la loi Lamy ne soit pas remise en cause d'ici 2020... J'alerte ! On a de la défiance à l'égard du gouvernement sur les contrats aidés... » Où veut-il en venir ? « Je suis interpellé par la délinquance des mineurs dont on ne parle pas. Il faut mettre sous tutelles les allocations familiales des familles ayant des mineurs délinquants... »

Eric Alauzet : « Il y a une autre perspective que l'économie souterraine et la drogue... »

Le hic, rappelle Jean-Louis Fousseret, c'est que les allocations familiales ne sont une compétence de la ville ! L'adjointe à la sécurité, Danièle Poissenot (LREM), met en avant le dispositif de rappel à l'ordre : « nous attendons la signature de la procureure... Mais tout le monde est conscient du problème de la délinquance des mineurs... » Abdel Ghezali (PS) contre-attaque : « ce n'est pas en supprimant les allocs qu'on résout le problème ! » Pascal Bonnet (LR) réplique : « gardez vos certitudes : la tutelle, ce n'est pas supprimer les allocs, mais aider les familles... » Thibaut Bize (PCF) rappelle : « Sarkozy a supprimé 80.000 postes et vous vous étonnez ! »  Karima Rochdi (LREM) lance à l'intention d'Omouri : « vous êtes hors sujet d'un rapport qui parle d'amélioration du cadre de vie... »

Le ton était un peu monté comme au bon vieux temps... Jean-Louis Fousseret intervient : « élevez le débat ! Il n'y a jamais eu autant de jugements, de gens en prison, et ça ne vous suffit pas ! Le problème du pays et des jeunes, c'est le manque d'emploi, le manque d'espoir... Il faut un parcours de formation performant, c'est ce que fait Muriel Pénicaudministre du travail... » Jacques Grosperrin se met à son niveau : « quand il y avait de l'emploi, il n'y avait pas de délinquance. Ça commence par des familles déstructurées. Il faut être proche des gens mais exigeants... Émettez des signaux forts d'autorité ! On est aussi malheureux que vous, faites un état des lieux, on sera à vos côtés... »

« Jamais ma main n'a tremblé », répond Fousseret. Anne Vignot (EELV) reproche à la droite son « incohérence totale, la réduction des moyens de l'Éducation nationale et d'accompagnement... On a besoin d'une société regardant sa jeunesse avec bienveillance... » Laurent Croizier ajoute : « la meilleure allocation sociale, c'est le salaire ». Eric Alauzet conclut : « Il faut que les familles s'impliquent plus et qu'on soit à leur côté... Le Groupement local de traitement de la délinquance de Planoise montre la volonté de la ville, de police et de la justice de dire qu'il y a une autre perspective que l'économie souterraine et la drogue... »

Le maire met aux voix la délibération qui passe à l'unanimité moins les deux abstentions des élus LP (ex-FN).

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !