Des scientifiques pas vraiment complotistes dans les défilés anti passe-sanitaire

Ils sont enseignant en biologie, médecin, chercheur... et défendent des arguments au service d'un choix libre et éclairé. Nous les avons croisé dans un défilé jurassien au côté de syndicalistes vaccinés et de personnels de santé et du secteur social qui font part de leur souffrance et de leur stress devant l'obligation vaccinale.

Comme dans le pays, les manifestations contre le passe sanitaire ont émaillé l'été franc-comtois. De Vesoul à Saint-Claude, de Dole à Montbéliard, de Lons-le-Saunier à Besançon, plusieurs milliers de personnes ont défilé en juillet et août pour dire leur opposition, parfois leur colère, aux dispositions prises par le gouvernement pour lutter contre la pandémie.

Les affluences ont été variables et l'on a dénombré jusqu'à 3000 manifestants à Besançon, 1500 à Montbéliard ou encore un millier à Lons-le-Saunier le 7 août. Ils y étaient encore autour de 700 les 14 et 21 août, ce que Factuel a pu constater. La sociologie des défilés interroge au regard de leur apparente diversité d'opinions. L'extrême-droite y serait-elle à son aise ? En tout cas pas à Besançon où une quinzaine d'activistes ont été dénoncés au micro, hués et expulsés de la manifestation du 21 août. Et un calicot manifestement antisémite a fait l'objet de poursuites judiciaires.

A Montbéliard, la très droitière élue municipale d'Audincourt Christine Besançon, un temps proche de Nicolas Dupont-Aignan, louant aujourd'hui Florian Philippot, a pu de son côté s'exprimer comme « citoyenne » à la sono sans que cela gêne apparemment le Gilet jaune qui lui a tendu le micro, si l'on en croit le site participatif « infos des luttes » Dijoncter.

A Lons-le-Saunier, on pouvait tiquer au regard de la graphie utilisée sur deux cartons pour les deux S de passe qui faisaient penser au sigle des SS... Le 21 août, nous avons demandé à une femme pourquoi elle avait écrit « génocide » sur son T-shirt, elle nous a renvoyé la question : « cherchez, vous trouverez... ». Les jours suivants, nous avons également constaté sur deux murs de la ville des graffitis clairement antisémites, aussitôt recouverts de dénonciations « antifascistes ». Nous avons surtout vu un patchwork de formules véhémentes ou indignées, humoristiques ou juridiques sur des calicots critiquant l'autoritarisme des mesures prises, et au passage une statue de la Vierge portée comme en procession ! « Nous sommes un pays marial depuis Louis XIII qui l'a officialisée patronne de France », explique David, l'un des deux porteurs qui nous dit vouloir « réveiller la spiritualité des Français » avant de reprendre avec la foule de samedi 28 août le slogan « Le passe sanitaire, on n'en veut pas ».

Interrogé samedi 21 sur les stigmates d'extrême-droite, le délégué CGT de l'hôpital de Lons-le-Saunier, Jérôme Tournier, minimise son implication : « Arrêtez ! Ils ont aussi fait le coup avec les Gilets jaunes. Dans nos rangs, il y a autant de vaccinés que de non vaccinés... » A ses côtés, le médecin en charge des soins palliatifs, Frédéric Augier, qui ne se « fera pas injecter », renchérit : « Il y a une volonté de casser ce mouvement populaire en le stigmatisant. Je ne pense pas qu'on soit marginaux. On est plutôt à un tournant civilisationnel : veut-on une civilisation bridée, dirigée, à la chinoise avec la reconnaissance faciale quand on va au cinéma ou au concert ? On attend les jeunes à la rentrée, ils ont beaucoup souffert. Il y a une grande souffrance dans la population, une souffrance psychique... »

C'est un vrai « bric-à-brac sociologique » que le mélange humain qui défile, analyse un habitué des manifs : « c'est moins politique que les Gilets jaunes qui revendiquaient l'égalité sociale et la justice, mais ce n'est pas une jacquerie ». Pour l'instituteur retraité Springfield Marin, ancien responsable de la FSU, « ce ne sont pas les manifestants habituels : c'est plus proche des Gilets jaunes des débuts mais sans les stigmates. C'est plus structuré dans ce que partagent les gens, il y a au maximum 15% d'antivax purs, le dénominateur commun, c'est le refus du pass sanitaire, et tous ont conscience qu'il ne faut pas tomber dans le piège de la division... Depuis les Gilets jaunes, c'est la deuxième fois qu'un mouvement de masse démarre sur des problèmes de démocratie et de légitimité : ça interroge sur l'état des institutions ! »

Cette cadre quinquagénaire qui vote à gauche souhaite rester anonyme. Elle est dans la rue parce qu'elle est « anti vaccination obligatoire. Le niveau de sécurité des vaccins est aujourd'hui insuffisant pour qu'on me l'impose. Les gestes barrière suffisent. Peut-être me ferais-je vacciner si j'avais des problèmes pulmonaires ». Que pense-t-elle de l'obligation faite aux personnels soignants ? « Quelqu'un trouvant que les risques sont trop importants et faisant attention à tout, ça ne me gêne pas qu'il ne soit pas vacciné. C'est un sujet trop complexe pour qu'on le résume à pour ou contre. Je trouve inacceptable la manière dont on faire taire ceux qui sont en désaccord, c'est une chasse aux sorcières ! »

Georges Lambert, retraité du CNRS, toujours intéressé par la biologie, est très critique : « Je suis là parce que le système ne me plait pas. Je ne crois pas à La vérité, mais à des vérités approchées. Je pense qu'il y a un vrai danger, mais il est mal compris et mal géré par les états, à cause du fonctionnement du système politique international qui s'est mis en place après 2002 après les épidémies animales et humaines : quand l'OMS donne des indications, sa mécanique exécutoire, ce sont les états. Il y a aussi la montée en puissance des médias et la communication grand public, c'est du jamais vu. En résulte une information globale à laquelle on ne peut plus croire. »

Educatrice spécialisée, Marie-Line est à cran avant de reprendre le travail : « J'ai passé tout l'été à réfléchir, ça m'a bouffée car je vois qu'on n'est pas sûr. Il n'y a pas de communication sur les problèmes... S'il y avait de la transparence, ça nous aiderait. J'hésite à lâcher le boulot, des collègues pleurent, on est obligé de faire un test tous les trois jours... Nous les non vaccinés, on est minoritaires. Beaucoup ont cédé au vaccin pour aller au resto ou accéder aux parcs d'attraction avec leurs gosses... » A ses côtés, son compagnon, qui travaille dans le spectacle, ne sait toujours pas s'il est sujet ou non à obligation vaccinale. Il est venu manifester « non contre la vaccination, mais contre le passe sanitaire ».

Pendant ce temps-là, deux sonos faiblardes se disputent l'attention d'une minorité d'auditeurs. Un libertaire déplore sous quelques bravos une « manipulation si grande qu'ils ont réussi à monter les vaccinés contre les non-vaccinés ». De son côté, l'activiste solitaire Gérard Lacroix égrène les chiffres des effets indésirables des différents vaccins, accessibles sur le site de l'Agence nationale de sécurité sanitaire. Ils sont de l'ordre de 0,5% des quelques 57 millions d'injections. Un prof de biologie retraité, militant associatif qui souhaite aussi rester anonyme, souligne en aparté que la procédure de signalement des effets indésirables dissuade de nombreux médecins de l'utiliser...

Lui est contre les vaccins à ARN messager qu'il se refuse à considérer comme... vaccins. « Je ne demande qu'une chose, qu'on entende les seuls scientifiques pouvant parler du vaccin : les généticiens ». Que disent-ils ? « Qu'on est dans l'expérimentation, sans visibilité. Un vaccin injecte une molécule qui génère une production d'anticorps. Mais avant d'arriver à cette production d'anticorps, il y a avec les quatre vaccins [actuellement utilisés] un processus génétique sur lequel on n'a pas de recul : on ne sait pas ce qu'il se passe entre l'injection et la production d'anticorps... »

Que pense-t-il des messages gouvernementaux disant que huit hospitalisés sur dix ne sont pas vaccinés ? « Je n'ai aucune confiance sur les chiffres. Je connais une personne qui a perdu deux fois un quart de son champ visuel. Une copine a perdu l'usage de sa langue. Sur un décès survenu quinze jours après, le médecin se bat pour identifier un effet secondaire... Ils ont mis les gens en terreur. Des copains me disent que je suis dans l'idéologie, que je réfléchis trop... »

Ce biologiste pense-t-il qu'on peut être immunisé sans anticorps ? « Bien sûr ! Grâce aux cellules mémoires, qui sont dans la moelle osseuse ou les ganglions lymphatiques, mais elles ne sont pas faciles à chercher... » Il en est en tout cas persuadé : « La Covid est une maladie de la malbouffe, on meurt des comorbidités. Nous sommes face à une double crise : de l'hôpital qu'on dénigre, de la société avec cette malbouffe... L'OMS a dit qu'il ne fallait pas vacciner en période de pandémie. Le débat scientifique n'a jamais eu lieu... »

Le Docteur Augier en conclut : « chacun fait comme il veut. Mon souci, c'est de laisser à chacun un choix libre et éclairé alors que le passe est une injonction : l'hôpital devient une citadelle. Le comble de la folie, c'est de lancer des enfants dans le programme vaccinal : ils ne meurent pas du Covid, c'est 0,000%... Sur un an de pandémie, il y a eu quinze décès de moins de 20 ans... Le vaccin aura davantage d'effets iatrogènes, on ne peut pas demander aux plus jeunes de se sacrifier pour les plus de 90 ans... C'est aussi cynique de faire des injections aux vieux dans les Ehpad... »

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