Des animaux et du désert

Souffrance animale et crise climatique : deux documentaires écolos, « Empathie » et « Marcher sur l’eau », tentent chacun de nous sensibiliser à leur cause. Sélectionné par le festival Cinéplanète de Metz la semaine prochaine, le premier vise à sensibiliser les consommateurs... d'animaux. Le second traite de l'incessante recherche de l'eau dans un village asséché du Niger... (Sorties le 10 novembre).

Les habitants de Tatiste, village du Niger dont la terre est asséchée, font d’harassants allers-retours pour aller chercher de l’eau.

Après une première salve de documentaires écolo cet automne (« I am Greta », « Poumon vert et tapis rouge », « Bigger than us », « Une fois que tu sais »…), en voici encore deux autres cette semaine, deux films qui ont d’ailleurs été sélectionnés par le Festival Cinémaplanète, organisé par l’Institut Européen d’Ecologie à Metz, et dont la prochaine édition aura lieu du 16 au 21 novembre. Tourné par le réalisateur espagnol Ed Antoja, « Empathie » avait reçu le Prix du public lors de la précédente édition, qui s’était déroulé en mars et en version numérique. Sélectionné par le Festival de Cannes, dans la section « Le cinéma pour le climat », « Marcher sur l’eau » sera quant à lui présenté en ouverture du festival messin, en présence de sa réalisatrice Aïssa Maïga.

« Empathie » pour nos amies les bêtes

Ed Antoja ne se sentait pas forcément concerné par la souffrance animale ; son rapport avec l’espèce, croyait-il, se limitait à caresser son chien, chasser les moustiques, et à l’occasion manger un steak ou du poulet. Plus par ignorance que par indifférence, il était insensible à leur douleur, pas concerné par leur bien-être. Mais en acceptant de tourner un documentaire sur le sujet, le cinéaste espagnol s’est rendu compte qu’il « consommait » (alimentation, vêtements, produits de beauté…) beaucoup plus d’animaux qu’il ne le croyait, et était donc individuellement responsable de leur maltraitance.

Le documentariste a fait le choix de ne pas montrer d’images « horribles » pour ne pas rebuter les spectateurs.

D’abord sceptique, le documentariste a fait le choix de ne pas montrer d’images « horribles » (élevages ou abattages monstrueux), pour ne pas rebuter les spectateurs. Au contraire, Ed Antoja essaie de mettre un peu d'humour dans ce sujet grave, de ne pas culpabiliser les spectateurs, mais plutôt de générer de l’« Empathie », titre de son film.

Guidé par Jenny, militante convaincue, il évoque cependant la brutalité de l’industrie agro-alimentaire, les horreurs de l’élevage intensif, les dégâts de la surpêche, la déforestation, la pollution des eaux… Mais c’est pour mieux sensibiliser les consommateurs que nous sommes tous, nous inciter à modifier nos comportements, à changer nos habitudes pour changer le monde. Vaste programme, qu’Ed Antoja propose sans nous asséner de leçon moralisatrice, en suggérant juste un peu d’« Empathie » pour nos amies les bêtes.

Et enfin « Marcher sur l’eau »

« Ce n’est plus comme avant », il n’y a plus de grandes herbes, plus d’animaux, c’est un constat désolant que font les habitants de Tatiste, un village du Niger dont la terre est asséchée, aride. C’est dans ce coin perdu, loin de tout, que l’actrice Aïssa Maïga a tourné son premier documentaire pour le cinéma, « Marcher sur l’eau ». Née à Dakar, elle passait ses vacances en famille au Mali, tout près du fleuve Niger, et c’est en hommage à sa grand-mère Peul qu’elle a réalisé ce film, auprès d’une tribu de nomades.

Elle s’attache et nous avec à Houlaye, une gamine de quatorze ans, grande sœur qui s’occupe des petits, en l’absence des parents : les pères sont partis avec leur bétail à la recherche d’un pâturage et d’un point d’eau ; les mères ont quitté momentanément le village avec leur baluchon, pour aller trouver du travail ailleurs. Dans de longs et harassants allers-retours, femmes et enfants vont à pied et à dos d’âne chercher de l’eau, jusqu’à un puits éloigné de plusieurs kilomètres.

Aïssa Maïga s’attache et nous avec à Houlaye, gamine de quatorze ans, grande sœur qui s’occupe des petits, en l’absence des parents.

Dans son école délabrée, d’où sont absents des élèves partis chercher cette eau si précieuse, l’instituteur fait répéter « le changement climatique » aux gosses. Ce bouleversement qui fait que « ce n’est plus comme avant », cette sécheresse dont sont victimes tous les habitants du village, que seule une demande de forage d’un puits peut sauver. Une année durant, d’octobre à octobre, le récit s’écoule lentement, au fil des saisons, enchainant les incessants parcours vers l’eau, les gestes ancestraux et quotidiens, et de belles séquences impromptues telle la toilette d’un enfant.

Enfin, après de longs mois d’attente, arrivent la saison des pluies puis des camions, signe que les travaux de forage vont pouvoir commencer. Avec l’eau qui surgit, jaillit la joie des enfants qui vont enfin marcher dans les flaques, enfin « Marcher sur l’eau ». Accompagné d’une très belle musique de la compositrice Uèle Lamore, qui a incorporé aux instruments des sons, vent, gouttes d’eau, sable… ce documentaire est certes un peu fictionnalisé, mais il porte avec intensité le sujet capital qu’est l’enjeu de l’accès à l’eau, en Afrique et ailleurs.

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