Cinéma : rendez-vous avec le cabinet de Marie-Guite Dufay

Après la suppression du fonds d'aide à la création et à la production par le Conseil régional, le monde du cinéma s'est mobilisé pour tenter d'infléchir la décision. « La région est mal informée de l'état de la filière », estime Catherine Siméon, la présidente de l'association des producteurs Rhin-Rhône.

CatherineSimeon-DomGaring

Rendez-vous est pris pour vendredi entre le chargé de la culture, de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'éducation du cabinet de la présidente de région, Marie-Guite Dufay, et l'association des producteurs audio-visuels Rhin-Rhône. Sa présidente, Catherine Siméon, entourée de réalisateurs et/ou producteurs, l'a indiqué ce mercredi lors d'une conférence de presse qui tenait beaucoup de la thérapie de groupe par la parole. Dans la salle du petit Kursaal de Besançon, plusieurs auteurs, parmi quelques dizaines de professionnels du cinéma, ont pris la parole pour exprimer des sentiments parfois contradictoires.
Tous, de Samuel Collardey à Dominique Garing, d'Amor Hakkar à Georges Nivoix, de Jean-François Stévenin à Antoine Page, ont dit leur incompréhension, voire leur colère, après la suppression par le Conseil régional du fonds d'aide à la création et à la production. Mais ils ne se sont pas montrés d'une grande cohérence pour le reste. Les réalisateurs ont dit qu'ils continueraient à filmer quoi qu'il arrive, tandis que les producteurs parlaient de catastrophe... Le documentariste Georges Nivoix a suggéré une piste approuvée par tous en indiquant que l'interlocuteur politique ne pouvait pas être le seul chargé de la culture, mais aussi ceux en charge de l'économie et de la formation, comme d'autres régions l'ont expérimenté. Car le petit monde du cinéma en Franche-Comté, c'est une douzaine d'entreprises et une centaine d'emplois. Emmanuel André estime quant à lui qu'il faut « expliquer les enjeux à la région » qui ne les aurait pas complètement saisis.

Les revendications des producteurs 
Rétablir le fonds d'aide
Structurer l'accueil des tournages
Développer un accord de branche pour la formation des professionnels et la sécurisation des parcours (15 régions se sont déjà engagées dans cette voie) 
Poursuivre les projets de structuration de la filière (6 régions ont mis en place des aides aux programmes des structures de production locales)
Maintenir le travail d'accompagnement de la diffusion pour assurer la visibilité des œuvres

C'est aussi l'avis de Catherine Siméon : « ils sont mal informés de l'état de la filière ». N'empêche, ajouter dans la foulée que le secteur « n'est pas sinistré » n'est pas spécialement mobilisateur. Elle entend cependant demander « une politique cohérente d'aide au cinéma » et prévient : « nous restons mobilisés avec notre pétition, nous allons alarmer la presse et les réseaux nationaux pour davantage de retentissement... »  
Ce qui retentit pour l'instant dans l'esprit des cinéastes, c'est aussi l'usage parfois étonnant du fonds. Ainsi Samuel Collardey s'étonne qu'Indigènes ait perçu 200.000 euros « alors que la Franche-Comté n'y apparaît pas ! Les aides publiques, c'est pour aider et faire vivre les films fragiles, alors que l'argent privé attend des retours sur investissement ». Antoine Page, qui craint davantage pour son activité de producteur que de réalisateur, s'insurge : « C'est notoire que les gros films viennent récupérer de l'argent en régions ». Jean-François Stévenin renchérit : « C'est dommage de donner plein de thunes à des gens qui viennent croquer ». Amor Hakkar, pour qui il n'y a « pas de catastrophe », voit plutôt des dégâts « psychologiques » : « quelqu'un qui nous soutient, ça donne une énergie terrible dont on a besoin pour faire des longs métrages ».
Depuis sa création en 1992, le fonds a permis d'aider 356 films aux budgets desquels il a contribué de 10 à 25%... 
 

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