« Camille », la vie dans l’objectif

Dans le film de Boris Lojkine, Nina Meurisse fait une belle incarnation de la photo-reporter Camille Lepage, tuée en Centrafrique en 2014.

camille

« Tu prends pas de risques », lui avait dit sa mère. « Promis », avait répondu Camille avant de partir en Centrafrique. Jeune photographe, Camille Lepage n’en est pourtant pas revenue. C’est une partie de son histoire que raconte Boris Lojkine avec son film, « Camille » (sortie le 16 octobre), dans lequel Nina Meurisse fait une très belle incarnation de Camille Lepage.

Octobre 2013, la photo-reporter arrive en Centrafrique, en pleine guerre civile, dans un climat de terreur imposé par des rebelles musulmans. Jeune femme blanche, européenne, dans un pays noir africain, Camille a envie de rencontrer les gens, de saisir et photographier la vie. Elle sympathise avec des étudiants de Bangui, se joint à un groupe de journalistes (notamment joués par Bruno Todeschini, Grégoire Colin, Augustin Legrand) par lesquels elle est plus ou moins bien acceptée.

Elle photographie des cadavres dans une rue, après un massacre, d’autres cadavres entassés à la morgue, des pillages, des manifestations… C’est la folie de la guerre, violences et sauvagerie, meurtres à la machette ou à la kalachnikov. À tel point qu’une intervention de l’armée française est décidée par François Hollande. Libération publie des clichés de Camille, qui rentre en France pour Noël ; Libé veut alors l’envoyer sur un autre front, une autre guerre, en Ukraine : la Centrafrique, les médias ont déjà donné, ça n’intéresse plus personne. Camille Lepage décide pourtant d’y retourner, seule, c’est forcément dangereux ; elle a été tuée en mai 2014, alors qu’elle accompagnait une patrouille d’auto-défense, tombée dans une embuscade. Camille avait 26 ans.

L’énergie et le fracas de l’Afrique

Le réalisateur Boris Lojkine a rencontré ses proches, sa famille, ses confrères, et a choisi de tourner en Centrafrique, où il a saisi l’énergie et le fracas de l’Afrique. Malgré quelques longueurs en cours de récit, le sujet très fort de son film est le destin d’une jeune femme idéaliste, passionnée, au visage rieur, qui voulait être proche des gens qu’elle photographiait. Avec un « mélange de naïveté et de détermination », Camille voulait s’immerger dans le pays, rechercher l’humanité malgré tout. « Être une blanche là-bas, c’est merdique », dit Camille/Nina Meurisse, pas exempte de reproches : « Tu n’es pas meilleure que les autres », lui lance une jeune femme.

Sur le point d’envoyer leurs clichés aux journaux, les photographes débattent de ce qui peut être photographié, publié, ou pas. La fiction et la réalité s’entrechoquent dans « Camille », avec de vraies et fausses images de la guerre, puisque les photos qui apparaissent dans le film sont celles de Camille Lepage.

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