Besançon : la crise des migrants aggrave la crise municipale

Lors d'une conférence de presse destinée à démontrer que la Ville est « toujours solidaire », la première adjointe Danielle Dard (LREM), en charge du social, a refusé de reconnaître que Solmiré répond à des besoins non satisfaits par les dispositifs institutionnels. La réunion de municipalité du 22 janvier sur le sujet a été houleuse...

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C'est à une conférence de presse de crise à laquelle la première adjointe au maire de Besançon, Danielle Dard, a convié mardi 30 janvier plusieurs journalistes dont l'auteur de ces lignes. Une crise qui couve depuis l'automne 2016. A cette époque, le maire fait installer des vasques de béton sous l'auvent où des migrants avaient installé des tentes. Elle prend un tour plus aigu en novembre 2017 quand le collectif Solmiré emmène sur le parvis de la mairie les poubelles non ramassées du campement Isembart. Elle éclate quand Solmiré investit rue d'Arène un local de la Saiemb, inoccupé depuis deux ans, pour créer le Bol d'R, un accueil de jour pour personnes ne rentrant pas complètement dans les stricts clous des dispositifs officiels régentant la vie des migrants. La réponse de la Saiemb, en fait de Jean-Louis Fousseret, avait été une procédure d'expulsion contre Solmiré.

Lors du conseil municipal du 7 décembre, le maire avait d'emblée annoncé des explications en fin de réunion. Elles ne sont pas venues malgré les voix qui s'étaient élevées à gauche (EELV, PCF) et au centre (MoDem) contre cette stratégie de la tension. Après le conseil, j'avais demandé ces explications à Danièle Poissenot, présidente de la Saimeb, et Danièle Dard, en charge de l'action sociale. Mme Poissenot avait justifié la procédure par des raisons de sécurité, me conjurant de croire qu'elle est « restée de gauche ». Mme Dard avait déroulé les arguments de la préfecture, ce que je lui avais fait remarquer, et nous avions convenu d'un entretien ultérieur.

La demande d'entretien se transforme en conférence de presse

Tout début janvier, elle me téléphonait pour m'expliquer que la ville ne menait pas la politique décrite comme honteuse  et inhumaine par ses détracteurs, et me demandait si j'étais toujours d'accord pour qu'elle me la présente. J'ai répondu que oui, que je souhaitais un entretien, que j'avais des questions. On était à quelques jours de la seconde audience de référé-expulsion du 9 janvier. Entérinant un accord entre la ville et Solmiré, elle débouchera sur un nouveau délai, une audience étant programmée le 13 février.

Le 11 janvier, l'assistante de Mme Dard m'appelle pour me demander si je suis toujours d'accord. Je confirme. Elle  m'indiquera un instant plus tard que le rendez-vous est fixé au 30 janvier et que d'autres journalistes y seront. Comme tout journaliste, je tique quand une demande d'entretien se transforme en conférence de presse. J'envoie un mail à Danielle Dard indiquant que je souhaite cet entretien, échanger avec elle sur sa vision de l'action sociale et son engagement public. Je n'ai pas eu de réponse.

Réunion de municipalité houleuse

Le 12 janvier, des représentants des groupes PS, PCF et EELV ont une rencontre de près de deux heures avec cinq militants de Solmiré. Les élus font en quelque sorte les médiateurs avec l'équipe Dard-Poissenot-Fousseret dont ils relaient les positions, tout en promettant de relayer ensuite les positions de Solimré en direction de la municipalité, c'est à dire la majorité municipale. La municipalité se réunit lundi 22 janvier et, selon certains échos, a été « houleuse ». Les partis de gauche demandent que Solmiré soit intégré à l'ensemble des dispositifs d'accueil tout en étant reconnu comme une structure spécifique. LREM souhaite que dans ce cas Solmiré donne les informations dont il dispose sur les personnes accueillies.

Depuis, l'élu MoDem Laurent Croizier s'est également rendu à l'accueil de jour Bol d'R. Il devait aussi intervenir auprès de la première adjointe.

Arrive enfin cette conférence de presse, mais pour faire part de ces échos à Mme Dard, il a fallu patienter trois quarts d'heure. Elle avait préparé un document de plusieurs feuillets détaillant l'ensemble des dispositifs officiels en direction du « public migrant », qu'ils émanent de la préfecture, du conseil départemental, de la ville, ou des associations à qui ces actions peuvent être déléguées. J'ai demandé communication du document, mais essuyé un refus.

« Ce qui a fuité n'est pas exact »

J'ai dû ensuite m'y reprendre à plusieurs reprises pour pouvoir poser une première question, étant interrompu dès que j'ai évoqué les « échos » de la réunion de municipalité, au motif que ces réunions sont confidentielles ! Puis, ayant pu demander ce qu'avait décidé la municipalité, la réponse a été : « c'est le maire qui répondra... Je les ai rencontrés deux fois... »

Danielle Dard reconnaît-elle que Solmiré répond à un besoin ? « Je dirais non. Le maire s'en est ouvert au préfet : s'il manque des places, il lui demande d'en ouvrir ». Quid des débats au sein de la majorité municipale ? « Ce qui a fuité n'est pas exact »

Voilà qui confirme les vives tensions au sein de la majorité municipale. Et n'augure pas d'une solution négociée au conflit.

 

 

 

 

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