Attention danger !

En cette période électorale, une comédie abjecte est à l’affiche : À Bras ouverts de Philippe de Chauveron, un film qui, au prétexte de faire rire, stigmatise les roms…

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La précédente comédie de Philippe de Chauveron avec Christian Clavier Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? avait fait 12 millions d’entrées. A Bras ouverts est un film nauséabond, une comédie populaire qui sous couvert de générosité, déploie tous les clichés pour stigmatiser les roms.

Être démago et nourrir la haine

Le film débute par un débat télévisé au cours duquel l’écrivain Jean-Etienne Fougerole est interviewé pour son livre A bras ouverts. Son interlocuteur l’invite à lier l’acte à la parole. L’écrivain annonce à l’écran que sa maison est ouverte à toute famille rom dans le besoin.

Dans une caravane installée au pied d’une bretelle d’autoroute, Babik le chef d’une famille rom regarde la télévision et décide de s’inviter et d’installer sa famille dans le jardin des Fougerole.

Philippe de Chauvereau n’a peur de rien et va utiliser pendant une heure trente tous les clichés sur les roms, martelant par le biais de la comédie toutes les idées négatives par rapport à cette communauté dont la présence est jugée indésirable, dans de nombreux pays de la communauté européenne et en France, comme on le sait.

La famille de Babik (sans patronyme bien sûr) est habillée de vêtements sales. Le cousin Crouch mentalement déficient, a les dents abîmées et grimace constamment. Il assomme les taupes et les mange crues. Le cinéaste va même plus loin en organisant un repas où les Fougerole les mangent sans le savoir et découvrent la supercherie.

Stigmatiser les roms

Sur sa lancée, le film se moque des roms qui font la manche dans la rue avec un « Sivouplééé!» (au départ cette locution détournée devait servir de titre du film). On l’aura compris, le réalisateur use et se repait tous les clichés négatifs : les roms mendient, manipulent les gens, font souvent le coup du faux handicap et possèdent une pince pour casser les serrures. Ils baladent leurs poules dans la propriété bourgeoise. Leur porc se baigne dans la piscine. Sans compter que Babik utilise des pages du livre À Bras ouverts comme papier toilette. Si bien que Ravi le majordome indien au service des Fougerole qualifie de « zoo » le jardin où la caravane est installée.

A ceci, s’ajoute la violence que le cinéaste n’hésite pas à employer en tout dernier lieu lorsque Babik veut vérifier l’hymen de sa fille Lulughia et intime aux femmes de se taire. Les roms finissent naturellement par ressembler aux moyenâgeux du film « La Visiteurs ». Sauf que dans cet autre film les personnages considérés comme arriérés n’étaient pas nos contemporains.

En remettre une couche

A la fin du film (qu’on redoutait), De Chauveron clôt l’histoire sur une fête de mariage entre Lionel Fougerole et Lulughia. Il nous convie à une fête à la grimace puisque Fougerole prend conscience que les roms font désormais partie de sa vie. Cette séquence fait hélas écho à une autre image, au cri retentissant de Daphné Fougerole, l’épouse de l’écrivain martelant sans honte le slogan du FN « On est chez nous ».

On l’aura compris ce film est irrecevable.

Est-ce vraiment un hasard si la date de diffusion choisie par le distributeur était juste trois semaines avant les élections ?
Regardons à la loupe le casting du film. Christian Clavier normal, il est producteur et il fait de grosses recettes avec ce type de comédie. Donc il a forcément le rôle principal. Début avril il était sur toutes les chaînes de télévision pour assurer la promotion du film.

Babik, incarné par Ary Abittan, n’est pas rom mais prête son visage et son langage (en très mauvais français) au film. (Selon Philippe de Chauveron, les roms s’expriment mal évidemment).

Le rôle de Ravi, le majordome, est interprété par Armen Georgian ; on se demande comment ce journaliste connu par ses prises de positions par rapport au génocide arménien a réussi à se fourvoyer dans une pareille entreprise. Voilà un film infect. Un film qui dangereusement fait le jeu du FN avec les ressorts d’une comédie, un film qui subrepticement invite à la haine, au rejet du rom considéré comme un être retardé ; au vu des rires de la salle, on se dit que cette comédie trouve son public (déjà 832.432 entrées en cinq semaines) et que les images ont un pouvoir qu’il ne faut pas minimiser, celui de prôner la haine et de diffuser des idées qui vont à l’encontre du rapprochement possible entre les humains de différentes cultures. A fuir !

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