Alain Joyandet : « la loi travail est anxiogène pour les salariés »

Dans une tribune critiquant un projet qui « fait peur à ceux qui ont un emploi » et assurant que « le chômage ne disparaîtra pas avec la libéralisation du code du travail », l'ancien ministre de Sarkozy et sénateur (LR) de Haute-Saône défend la disposition mort-née en 2012 d'une « TVA compétitivité-emploi ».

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L'ancien ministre Alain Joyandet (LR), sénateur de Haute-Saône et président de la commission des finances du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, estime que « le projet de loi El Khomri est un projet anxiogène pour les salariés ». Dans une tribune de trois pages, il explique notamment que « le chômage ne disparaîtra [ni] avec la libéralisation du code du travail, [ni] en stigmatisant la protection dont bénéficient les salariés (...) Il disparaîtra encore moins en faisant peur à ceux qui ont un emploi ».

S'appuyant sur son propre exemple d'entrepreneur familial - il dirige les hebdomadaires La Presse de Vesoul, la Presse de Gray et Les Affiches de la Haute-Saône -, il écrit « avoir toujours pu recruter du personnel lorsque notre entreprise se développait, et toujours pu licencier - à contre-cœur - quand la situation était plus difficile ».

Ces constats posés, l'ancien maire de Vesoul défend ensuite la TVA sociale mise en place sous Nicolas Sarkozy et supprimée au début du mandat de François Hollande. Il suggère d'« amplifier la logique qui anime le CICE en le transformant en TVA compétitivité ».

Alain Joyandet, si la fin plutôt libérale de votre texte ne surprend pas, on peut être étonné de votre position sur le code du travail : vous le défendez ?

« Il ne me gène pas. Même si ça ne fait pas plaisir d'être condamné aux Prud'hommes... Il suffit d'une erreur de procédure, par exemple une lettre pas envoyée dans les délais, c'est un mois de salaire en plus. Je dis que commencer par réformer le code du travail, c'est penser à tort qu'en fragilisant les gens avec le travail, on va renforcer les entreprises. Qu'on le toilette, pourquoi pas... »

Allez-vous jusqu'à critiquer la remise en cause de la hiérarchie des normes ?

« Je dis qu'il faut alléger les contraintes pesant sur les entreprises. Je suis pour le contrat, je le privilégie par rapport à la loi... »

Vous parlez du contrat de travail ou des accords de branche ou d'entreprise ?

« Je parle des contrats entre partenaires sociaux. Il faudrait une prééminence du contrat par rapport à la norme. »

Êtes-vous favorable aux accords d'entreprise dérogeant aux accords de branche ?

« Au cas par cas, selon les entreprises... »

Vous critiquez le projet de loi travail, vous n'êtes pourtant pas devenu de gauche ?

« Je ne suis pas un grand libéral. Je suis libéral, mais pour une économie régulée. Sinon, c'est la fin des petites et moyennes entreprises. C'est pour ça qu'il faut adapter notre fiscalité à la mondialisation. »

Vous préconisez la TVA sociale, mais comment financez-vous la Sécu ?

« Par la TVA compétitivité ! Baisser les charges sociales de 5%, c'est transférer des charges sur le travail français sur des produits importés. »

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