Aéroport de Dole-Tavaux : le Jura s’engage pour trois ans de plus…

Le Conseil départemental du Jura a renouvelé à l’unanimité la délégation de service public de l’équipement aéroportuaire jusqu'en 2019, en appelant la Région Bourgogne-Franche-Comté à se positionner sur le dossier. Une question de vie ou de mort pour l’infrastructure qui pèse sur le budget du Jura d'environ 2,5 millions d’euros par an. La région se prononcera mi-2017.

aeroport

Réunie pour le débat d’orientations budgétaires avant l’examen du budget 2017, l’assemblée départementale du Jura à l’unanimité a appelé la Région, le 16 décembre, à se positionner sur le dossier de l’aéroport Dole-Tavaux. Le Jura « n’est plus en capacité de supporter seul les charges » de fonctionnement, de gestion et d’entretien de l’infrastructure. Un appel que le Département du Jura avait déjà lancé un an plus tôt.

La Région en « fossoyeur » de Dole-Tavaux ?

Le Conseil départemental est le propriétaire de l’aéroport Dole-Tavaux depuis 2007. Son exploitation a été confiée en 2009 au groupement Kéolis – Chambre de commerce et d’industrie du Jura. Signée pour dix ans, la délégation de service public (DSP) doit être renouvelée : les délais des procédures « sont très longs » et « la Région tarde à faire part de sa position », note le Jura. Une réunion prévue le 28 novembre dernier avec Marie-Guite Dufay, la présidente de Région, a été annulée mais n’a « toujours pas été reprogrammée », a précisé Clément Pernot, le président du Département. « Une non participation de la Région condamnerait l’équipement », a t-il souligné. « Un refus de participer à l’élaboration de la nouvelle DSP fera de la Région le fossoyeur de cet équipement. » Clément Pernot en a appelé à la « responsabilité politique » des élus régionaux. « Il serait irresponsable d’attendre janvier 2019 pour prendre une décision. »

Dole – Dijon : « on ne joue pas dans la même catégorie »

Pour maintenir une activité équivalente aux années précédentes (100 000 passagers annuels), le Département doit débourser entre 2,5 et 3 millions d’euros tous les ans. Le Département aura investi « 24 millions d’euros uniquement en fonctionnement », a relevé le président, « C’est le prix d’un très joli collège… »

Pour le Département, il est évident que l’aéroport est devenu un équipement « de nature régionale », avec « 25 000 passagers venus de Côte d’Or, 20 000 passagers du Doubs, 10 000 du Jura » en 2015 (année record en terme de fréquentation, avec plus de 137 000 passagers).

« Son positionnement géographique sur Dole le place idéalement par rapport aux autres aéroports régionaux », estime le président. Sylvie Vermeillet, vice-présidente en charge des contractualisations et politiques territoriales, va plus loin. « Le débat est inter-régional. La Région élabore le schéma des transports. Il en va de sa responsabilité de concevoir quelle sera la place future (de Dole-Tavaux) dans une maillage beaucoup plus gros, notamment dans le désengorgement des aéroports alentours (…) Dole n’a rien à voir avec les aéroports de Dijon ou Auxerre. On ne joue pas dans la même catégorie. »

Sans Dole, la Région en « zone blanche » aéroportuaire

Franck David, vice-président et conseiller du canton d’Authume « qui (a) toujours soutenu ce dossier », a précisé que les équipements aéroportuaires dolois, qui relèvent d’enjeux touristiques et économiques pour la Région, ne sont « plus à la hauteur du nombre de passagers », notamment au niveau sécuritaire. « On attend les résultats d’une étude commandée par la Région sur les aéroports » de Dole, Dijon, Nevers et Auxerre. Il a conclu son intervention en affirmant que si l’aéroport de Dole fermait, la Région se retrouverait en zone blanche, en mettant en parallèle la région Bretagne et ses neuf aéroports.

Danièle Brulebois, conseillère départementale d'opposition (PS), a déploré les méthodes de la majorité pour convaincre et défendre l’aéroport Dole-Tavaux auprès de la Région, avant de s’engager aux côtés de la majorité pour défendre l’équipement. « Vous vous y prenez mal (…) Vous dénoncez son développement en low cost (…) Certaines initiatives auraient pu être étudiées comme des liaisons nationales (Toulouse, Bordeaux) ».

« Rien dans le débat d’orientation budgétaire de la Région »

« Le renouvellement de la DSP permet d’envisager de nouvelles orientations. Mais comment développer (l’infrastructure) si les investisseurs n’ont pas l’assurance d’une direction stable sur le long terme ? », a argumenté le président. « La Région doit dire si oui ou non elle considère que (l’aéroport Dole-Tavaux) a un avenir régional. »

Jean-Baptiste Gagnoux (LR), conseiller du canton de Dole Nord-Est, a noté le « silence assourdissant » des conseillers régionaux jurassiens sur le dossier. Hélène Pélissard, vice-présidente départementale et élue régionale (à la commission “développement des territoires, transports, déplacements…”), s’est dite en effet « inquiète ». « Il n’y a rien dans le débat d’orientation budgétaire de la Région s’agissant de l’aéroport de Dole. Je n’ai reçu aucune assurance d’un engagement financier. »

Les élus départementaux ont réaffirmé la poursuite de leur engagement sur les trois prochaines années, jusqu’au terme de l’actuelle DSP (le 31 décembre 2019). « Le Jura acte sa présence à côte de ceux qui voudraient développer cet équipement », a stipulé le président.

Pour Jean-Michel Daubigney (LR), conseiller départemental et maire de Tavaux, « il n’y a qu’un enjeu » dans ce dossier débattu depuis des années : « il est du registre politique », c’est une question de « regard sur l’aménagement de notre territoire ». « Le Département veut poursuivre. Si la Région fait défaut, c’est elle qui arrêtera l’aéroport ».

 

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