Accusé d’« agression » et de vols de tracts par son opposante, le maire de Vesoul nie

Marie-Dominique Aubry, la candidate Les Républicains aux municipales de Vesoul, a déposé une main courante au commissariat contre le maire, Alain Chrétien, un ancien de son camp aujourd’hui candidat LREM à sa succession. Elle l’accuse de s’être présenté comme un officier de police judiciaire auprès d’un de ses soutiens qui distribuait des tracts, de l’avoir intimidé, agressé, fait ouvrir son sac et volé les tracts qui lui restaient. Lui nie farouchement ces accusations, mais les faits décrits dans la main courante déposée sont des délits, ce qui signifie qu’une enquête judiciaire est certainement en cours.
[Edit] Le bénévole qui distribuait des tracts affirme dans l'Est Républicain ne pas avoir subi d'agression ou d'humiliation, mais maintien avoir rencontré le maire et que celui-ci lui ai demandé d'arrêter la distribution. Fragile psychologiquement, il estime avoir été instrumentalisé et quitte l'équipe de campagne de Marie-Dominique Aubry.

Chaude ambiance à Vesoul entre deux anciens alliés. Alain Chrétien, maire de Vesoul élu sous l’étiquette Les Républicains et candidat LREM à sa réélection, est visé par une main courante déposée par Marie-Dominique Aubry, qui se présente en tant que Les Républicains au scrutin de 2020. L’ancienne première adjointe accuse le maire d’avoir « intimidé, humilié, abaissé voire agressé », quelqu’un de son équipe qui distribuait des flyers de campagne. Le maire nie en bloc et parle d’affabulation.

Lundi après-midi, Marie-Dominique Aubry se rend au commissariat de Vesoul avec le distributeur de flyers qui dit avoir eu une altercation avec le maire vendredi après-midi. Dans sa déclaration devant les policiers, elle indique qu’elle ne souhaite pas donner l’identité du jeune homme et qu’il ne souhaite pas porter plainte, « par peur des représailles ». Dans sa déposition, elle indique que ce tracteur a croisé le chemin d’une personne proche du maire et qui devrait figurer sur sa liste. Celle-ci a exigé qu’il stoppe la distribution, sinon « il aurait des problèmes ». Elle aurait ensuite appelé la mairie et Alain Chrétien serait intervenu quelques instants après.

Selon Marie-Dominique, qui relaie le témoignage du « tracteur », le maire s’est présenté en disant « Je suis OPJ (Officier de police judiciaire), qu’est-ce que tu fais ?  Après avoir demandé s’il avait une autorisation pour tracter il a exigé l’ouverture du sac du jeune homme, qui, par peur, aurait accepté. Le maire aurait alors saisi les tracts qui restaient en affirmant que ce n’était pas la période électorale. Il serait même allé jusqu’à lui suggérer une fouille plus complète, qu’il n’effectuera pas. Il serait ensuite parti en disant au tracteur qu’il serait convoqué.

Apeuré et en état de choc, celui-ci a appelé Marie-Dominique Aubry. « Il m’a dit qu’il était très mal, qu’il avait l’impression d’avoir fait quelque chose de mal. Or, il a le droit de tracter, c’est juste de l’intimidation », réagit-elle. « C’est un truc de fou, je ne veux pas laisser passer ça, c’est indigne. Que personne ne continue ce genre de chose, sinon la campagne sera trucidaire. Il a traité cette personne de façon indigne ».

« Tout est totalement faux »

Alain Chrétien, lui, dément catégoriquement. « Tout est totalement faux, je tiens mon agenda à disposition de tout le monde. Je ne sais pas de quoi elle parle. C’est une affabulation totale, c’est de la diffamation, de la calomnie, du mensonge. Mme Aubry persévère, elle est en train de paniquer. M’accuser d’une chose dont je ne suis pas coupable, c’est très grave », déclare-t-il. « C’est monstrueux de dire des choses pareilles. Surtout que j’ai eu des témoins toute la journée, c’est pas comme si j’avais eu une journée blanche. »

L’agenda du maire était bien chargé ce vendredi, avec plusieurs réunions et rencontres à l’ordre du jour. Il était d’ailleurs à deux pas de l’endroit où s’est déroulée la scène décrite dans la main-courante au moment où Marie-Dominique Aubry déclare qu’elle a eu lieu. Informée de la réaction du maire, sa rivale persiste. « Vous pensez que j’ai monté un truc comme ça ? Non mais c’est n’importe quoi. Nier c’est pire que tout ».

« S’il ne se rappelle plus de ce qu’il a fait, cela s’appelle de la schizophrénie »

Elle n’a pas de témoins pour appuyer ses dires, mais croit la parole de son « tracteur » qu’elle a retrouvé traumatisé. « Quand vous récupérez quelqu’un comme ça, il n’a pas pu inventer. Vous imaginez le traumatisme du gars qui va chez la psy le vendredi, le samedi et qui y retourne lundi ? Il n’y va pas pour s’amuser. S’il ne se rappelle plus de ce qu’il a fait, cela s’appelle de la schizophrénie », insiste-t-elle. « C’est de l’intimidation et ce n’est pas la première fois qu’il essaie de le faire, je dirai juste ça. Je ne vais pas en rajouter, je sais pourquoi j’ai fait ça. »

Difficile donc de faire la part des choses entre ces deux versions complètement contradictoires qui devraient laisser sur le carreau l’un des deux protagonistes, celui qui ment. Nous avons bien tenté de contacter la personne qui aurait appelé le maire. Après plusieurs tentatives, nous nous sommes laissé en même temps un message. Elle pour dire que je pouvais rappeler immédiatement et moi en déclinant cette fois ma qualité de journaliste. Depuis, impossible de la joindre. Dommage, son témoignage aurait été essentiel.

La police et le parquet ne souhaitent pas communiquer sur cette affaire, mais il est probable qu’une enquête soit en cours. Si les policiers estiment que les faits dénoncés dans la main courante constituent une infraction, ils doivent prévenir le procureur qui pourra déclencher des poursuites. Dans ce cas de figure, nous pouvons considérer que les éléments décrits dans la main courante caractérisent bien des délits. Une affaire à suivre donc.

[Edit] Le bénévole qui distribuait des tracts affirme dans l'Est Républicain ne pas avoir subi d'agression ou d'humiliation, mais maintien avoir rencontré le maire et que celui-ci lui ai demandé d'arrêter la distribution. Fragile psychologiquement, il estime avoir été instrumentalisé et quitte l'équipe de campagne de Marie-Dominique Aubry. « C’est vrai qu’il m’a demandé de m’arrêter en me disant que ce que je faisais était peut-être illégal. Qu’il fallait que je me renseigne. Il a demandé à voir les tracts : je lui ai montrés. Il ne m’a pas demandé de les lui donner. C’est moi qui ai pris le contenu de mon sac et qui lui ai tendu. Il ne m’a pas agressé, ne m’a pas touché, ne m’a pas manqué de respect », explique le bénévole dans les colonnes du quotidien.

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