A la recherche des « Témoins de Lendsdorf »

Avec une enquête sur un massacre nazi, le cinéaste israélien Amichai Greenberg propose dans son film une réflexion sur l’identité. La vérité est universelle, mais parfois nous échappe...

Juif orthodoxe, Yoel (joué par Ori Pfeffer) est un historien qui veut retrouver l’emplacement exact d’un charnier en Autriche.

Un homme marche dans un champ, quelque part en Autriche ; sous ses pieds, là ou un peu plus loin, il ne sait pas, il y a une fosse commune ; dans la terre, les cadavres de 200 Juifs, assassinés par les nazis en 1945, étape finale d’une marche de la mort. Yoel (joué par Ori Pfeffer), historien, est le personnage principal du film de Amichai Greenberg, Les Témoins de Lendsdorf (sortie le 13 mars).

S’il s’est inspiré du massacre de Rechnitz, dans une vallée autrichienne, le cinéaste israélien a imaginé ce personnage de chercheur qui veut retrouver l’emplacement exact de ce charnier. Il ne lui reste plus qu’une quinzaine de jours, ensuite, le béton, « un immeuble et quelques routes », recouvriront pour toujours les victimes de la barbarie.

« La vérité est universelle », assène Yoel, mais elle lui échappe. A la recherche des derniers témoins, des quelques survivants, il ne recueille que des souvenirs furtifs, imprécis, erronés, des décennies après l’horreur. Dans son bureau qui ressemble à une cage, au sous-sol d’un centre de recherches à Jérusalem, il s’égare dans les documents, comprend que les villageois autrichiens interrogés ne répondent pas, éludent, ou mentent.

« Sa lutte pour abattre les murs du silence »

Juif orthodoxe, séparé de sa femme, Yoel vit avec son fils chez sa mère. Une mère rescapée des camps qui lui oppose ce même silence, lorsqu’il comprend qu’elle n’est pas celle qu’elle prétend, qu’elle n’est pas même juive, et donc lui non plus, une terrible révélation pour ce traditionaliste rigoureux.

Fils et petit-fils de survivants de la Shoah, Amichai Greenberg a lui-même été élevé dans une famille orthodoxe, et ce scénario est pour lui « sa lutte pour abattre les murs du silence ». Pour la Shoah Foundation, créée par Steven Spielberg, il a enregistré des centaines de témoignages de survivants, et a pu constater « l’impact de l’Histoire sur nos vies au quotidien ». Son film est ainsi une réflexion sur l’identité, juive ou pas, et même si c’est une fiction elle prendra place dans les archives, avec toute la confusion qu’implique le temps passé. Car « la vérité est universelle », mais parfois nous échappe.

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