80 ème Rencontres de Pontarlier : Le cinéma au féminin

De vendredi 1er novembre à dimanche, le Ciné-Club Jacques Becker accueille les réalisatrices Claire Simon, Dominique Cabrera Fatou Diarra et l’actrice Lola Creton… Rencontre.

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Existe-t-il un cinéma féminin ? Ce n’est pas une bonne question. Peut-être faudrait-il plutôt expliquer comment filment les femmes, comment elles prennent leur place de façon singulière dans le monde du cinéma ? On s’approcherait peut-être de quelque chose. En réalité (et plus particulièrement dans le cinéma français), certaines femmes ont pris leur place avec des récits autobiographiques ou en travaillant avec de petites caméras sur le fil entre le documentaire et la fiction. Et ces réalisatrices-là filment en liberté des fictions avec des intentions de documentaire et des documentaires avec des intentions de fiction. C’est le cas de Claire Simon et Dominique Cabrera auxquelles le Festival de Pontarlier rend hommage ce week-end. L’idée judicieuse de programmer leurs films dans le Festival Filmer au féminin, nous invite à regarder comment en filmant au plus près, les deux réalisatrices construisent leurs films.

 

Claire Simon, l’autodidacte

Claire Simon est autodidacte. Elle s’est formée à la réalisation aux ateliers de Varan. Elle réalise de nombreux films où il est question de la vie des femmes. Dans la série « Scènes de ménage », une femme (Miou-Miou) s’affaire dans des tâches ménagères et parle tout haut de sa vie conjugale. « Sinon oui » pose le problème de la grossesse et dans le film « Mimi », la réalisatrice s’approche aussi de l’univers féminin en la personne de Mimi Chiola.

Sur un thème proche de la féminité, avec un mélange de fiction et de documentaire, « Les bureaux de Dieu » réalisé avec des professionnels et des non professionnels éclaire les recherches de la réalisatrice et l’évolution de sa conception du cinéma.

Son film « La Récréation » tourné en 1991 ne sort qu’en 1998 ; elle filme comment dans la cour de récréation, on retrouve les travers de la société avec ceux qui prennent le pouvoir et les autres qui souffrent de cette situation. Dans le même ordre d’idée, « Le Concours » cristallise tous les espoirs de ceux qui aimeraient rentrer à la Fémis et devenir cinéastes. 1250 candidats se présentent pour une soixantaine de postes. « C’est un film sur le jugement », déclarait la réalisatrice au Festival Entrevues à Belfort en 2017.

Dans « Le bois dont les rêves sont faits », Claire Simon filme le Bois de Vincennes. Dans le bois, imaginairement lieu de conte ou de balade, elle découvre le monde parfois enchanté, parfois désenchanté.

Dans son dispositif, il arrive souvent qu’un personnage devienne un héros ou que quelque chose d’inattendu donne lieu à une histoire. L’insoupçonné arrive et le plaisir de filmer et de transmettre.

 

Dominique Cabrera, l'intime et l'engagement

Dominique Cabrera est bien connue en Franche-Comté où elle a tourné deux films : « Le Lait de la tendresse humaine », une fiction sur le baby blues tournée dans le Haut-Jura et « La Folle embellie » (Prix du Jury Œcuménique à Berlin) réalisé en Haute-Saône. Ce dernier film fait vivre une utopie, celle de la psychiatrie alternative. La réalisatrice met en scène une bande d’internés, qui devant l’avancée de l’armée allemande en juin 1940, s’échappe d’un asile pour trouver une vie nouvelle.

Dans plusieurs films, elle traite de l’histoire croisée de la France et du Maghreb (« De l’autre côté de la mer », « Grandir »).

Les grèves de la SNCF lui inspirent « Nadia et les Hippopotames » : Nadia est une mère de famille RMiste qui rejoint, le temps d’une nuit, un petit nombre de cheminots grévistes pendant le mouvement social de 1995. Son cinéma entre documentaire et fiction ou parfois les deux rejoint un mouvement actuel du jeune cinéma d’auteur dont la forme hybride engage à une nouvelle lecture.

 

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