« Ta main sur mon cul, mon poing dans ta gueule ». « Dans la rue, à toute heure, sans avoir peur ». « Le viol est un crime, quand c'est non, c'est non ». « Violence, sexisme, harcèlement, homophobie, ça suffit ». C'est en scandant ces slogans que 200 personnes ont défilé dans le centre-ville de Besançon, jeudi 21 mai en soirée. Le déclencheur de cette initiative spontanée, notamment relayée par l'association Solidarité-Femmes, est le viol d'une jeune femme sortant d'un bar du quartier Battant il y a quelques jours. Une enquête est en cours.
« Depuis quelque temps, des gens ont envie de faire cette marche pour dire "assez", dire que les femmes ont le droit de se balader seules, sans être insultées ou agressées », dit une jeune femme qui trouve « effrayant que le maire veuille supprimer les correspondants de nuit dont la présence rassure, qu'on voit de loin ». Jacqueline, la cinquantaine, dit son ras-le-bol : « Il y a une trentaine d'années qu'on a fait des marches de nuit dans années 1980 pour dire la même chose, que l'espace public est pour tout le monde, qu'on soit femme ou homme, hétéro ou homo ».
« Du grain à ceux qui n'ont pas de tête mais des poings »
Car ce défilé contre les violences sexistes est aussi une initiative contre l'homophobie. Dans les années 1960-1970, les luttes pour les droits des femmes ont souvent été menées parallèlement à celles pour les droits des homosexuels. « Un copain a récemment pris un coup de poing au visage en se faisant traiter de "sale pédé". On aurait pu penser que 30 ans après ces combats pour sortir du placard, on n'en était plus là », poursuit Jacqueline qui met en cause certains propos entendus lors des défilés opposés au mariage pour tous : « ils ont donné du grain à ceux qui sont limités, n'ont pas de tête mais des poings ».
Dans le défilé, deux étudiantes des Beaux-Arts font parler d'elles par le « projet plastique » commun qui complète le mémoire que chacune a rédigé sur la « diffusion de messages et de conseils féministes dans l'espace public ». Il s'agit d'exprimer autre chose que les points de vue institutionnel ou psychologique : « notre idée est celle d'un contenu intéressant pour les victimes, les témoins et les agresseurs », explique Claire. Par exemple « comment se sortir d'une agression ou d'une situation gênante ». De quelle manière ? « Avec une collection de fanzines gratuits, d'affiches ».
« Ne pas laisser le contrôle de la situation à l'agresseur »
Inspirées par les happenings de l'association Stop-Harcèlement et ses « zones sans relou », elles veulent chasser la culpabilité. Un symptôme de cette culpabilité est, par exemple, le fait que « plein de gens ne veulent pas utiliser le mot agresseur », dit Eloïse. Les conseils visant à « éviter l'agression physique passent par la gestuelle, le langage, le fait de regarder dans les yeux, de parler fort, de ne pas s'excuser. Il ne faut pas laisser le contrôle de la situation à l'agresseur ».
Xavier est venu avec son vélo : « J'ai suivi des copains pour le principe. C'est bien de se rassembler, pas seulement pour de gros événements. C'est dommage qu'on ne puisse pas le faire sans la police, on dirait qu'elle a peur pour nous... Mais je suis un homme, je ne sais pas ce que c'est qu'être une femme se promenant seule dans la rue... » Benoît est là par « conviction, contre tout ce qui oppresse la moitié de l'humanité ».