125 ans après, de la photographie à l’invention du cinéma

Louis Lumière a inventé le cinéma à partir du mécanisme de la machine à coudre. Auguste a inventé le tulle gras pour soigner les brûlures. Louis, la photo en couleur avec de la fécule de pomme de terre. Auguste s’est spécialisé dans le milieu médical. Incroyables inventeurs, les frères Lumière n’ont eu de cesse de faire des recherches. 125 ans après la première projection cinématographique, nous allons vous raconter, en deux épisodes, une partie de la belle aventure du cinéma à Besançon.

Auguste et Louis Lumière.

L’histoire de la famille Lumière commence à Ormois, un petit village de Haute-Saône où vivent Nicolas Lumière, vigneron et Louise Huguenin, sage-femme. De leur union nait Claude-Antoine Lumière le 13 mars 1840. Le couple s’installe à Paris et Claude Antoine commence un apprentissage.

Claude Antoine a quatorze ans lorsque ses parents décèdent l’un après l’autre d’une épidémie de choléra. Recueilli par sa sœur à Marcilly le Hayer dans l’Aube, il commence un apprentissage de menuisier. Il décide de partir avec un apprenti du village voisin à Paris où il entreprend une formation d’aquarelliste chez Auguste Constantin. Le jeune homme devient peintre d’enseignes et se fait connaître avec celle de Nadar qui s’installe comme photographe rue des Capucines.

Le 24 octobre 1851, Claude-Antoine Lumière épouse Jeanne-Joséphine Castille. Le couple déménage à Lyon pour s’associer avec un peintre d’enseignes, mais l’affaire ne se réalise pas. Le ménage décide de s’installer à Besançon, Place Quentin (actuelle Place Victor Hugo) pour travailler à la décoration d’horloges comtoise. Un premier fils, Auguste naît le 25 octobre 1862.

A cette époque, on commence de parler des virtualités de l’industrie photographique. Claude-Antoine se destine à cette nouvelle voie qui rassemble son goût pour la peinture et le dessin. Il apprend la photographie à Dole chez le portraitiste Alotte.

Claude)Antoine qui se fait appeler Antoine travaille chez un photographe 11 rue des Granges à côté de l’atelier du peintre Victor Jeanneney, un peintre qui lui apprend à maitriser la retouche pour des photos artistiques. Sur les conseils de son ami, il s’inscrit à des cours d’art industriel dans l’école tenue par des frères de la Doctrine Chrétienne, Place du Palais.

Antoine Lumière photographe

En 1864, Antoine installe son atelier 5 rue du Chateur (dans le haut de l’actuelle rue des Granges).  Le 5 octobre 1864, c’est la naissance de son second fils Louis. En 1865, Antoine devient professeur de dessin, mais cela ne dure pas : les appointements sont maigres et il décide de s’installer avec Émile Lebeau, un autre photographe bisontin. Leur atelier se trouve 59 rue des Granges dans l’ancienne abbaye des dames de Battant. À la fin de l’année, les deux artisans ouvrent deux autres succursales à Montbéliard (rue des Granges) dans la maison Berchem et à Baume-les-Dames, rue des Fossés à côté de l’Hôtel du Commerce. En 1867, Lebeau part à Lyon et Antoine Lumière regroupe studio et appartement rue des Granges (dans la deuxième cour de la librairie l’Intranquille).

En dehors de ses heures de travail, il peint et chante : « en un appentis qui lui servait d’atelier, j’ai connu un très modeste photographe, quelque peu artiste, doué d’une superbe voix de basse qu’il prodiguait à travers ses sociétés, en 1869-1870 : le meilleur garçon du monde. Singulière, l’aventure de cet archimillionnaire tirant alors le diable par la queue, aujourd’hui célèbre dans le monde entier par son industrie photographique, Lumière ! »

En 1868, Antoine crée une nouvelle succursale à Porrentruy à la manière des forains, il s’y installe de temps en temps.

Le cours de l’histoire va pourtant modifier la vie de cette famille : en 1870, pour fuir la menace prussienne, la famille lumière quitte l’Est de la France et s’installe à Lyon, 7 rue des Marronniers, à proximité de la Place Bellecour.

A Lyon, Antoine Lumière, le père d’Auguste et Louis, tire le portrait de la bourgeoisie et d’artistes connus. Dès leur plus jeune âge, Auguste et Louis participent aux travaux photographiques de leur père En 1881, grâce à une prodigieuse découverte de Louis, le collodion humide va être remplacé par la plaque sèche. Ce procédé appelé « Etiquette bleue » permet aux amateurs de tenter l’aventure de la photographie jusqu’alors réservée à quelques initiés et à la Maison Lumière de dépasser le caractère artisanal de la vente de produits pour une exploitation industrielle.

L’invention du cinéma

La sortie des usines Lumière un film des frères Lumière !

En 1894, le Kinétoscope d’Edison intrigue les chercheurs du monde entier. Cette curieuse machine, - qui fait défiler des images en continu -, se met en route grâce à une pièce de monnaie et offre à une seule personne la possibilité de voir des films. Il lui manque le système pour aboutir à la projection d’images animées.

Lors d’une nuit d’insomnie, Louis Lumière invente la pièce manquante qui permet le défilement des images. : « J’étais un peu souffrant et j’avais dû garder le lit. Une nuit où je ne dormais pas, la solution se présenta clairement à mon esprit ; elle consistait à adapter aux conditions de prise de vue, le mécanisme connu sous le nom de « Pied de biche » dans le dispositif d’entrainement des machines à coudre. » Il venait d’inventer le cinématographe, un appareil qui permet d’impressionner, de tirer et de projeter.

Ainsi, Le 28 décembre 1895, dans le Salon Indien du Grand Café, boulevard des Capucines à Paris, Antoine Lumière présente le cinématographe, un appareil inventé par son fils Louis qui est aussi le premier cinéaste. Ces premières vues, considérées comme des photographies d’un genre nouveau ne tardent pas à rencontrer un vrai triomphe. Les frères Lumière deviennent des précurseurs de la diffusion cinématographique : les spectateurs paient un franc. La lumière s’éteint. Le spectacle commence. De cette première séance naîtra un nouveau métier, celui d’exploitant.

L'arrivée du train en gare de la Ciotat

Mais Louis Lumière ne croit pas à son invention. « C’est un métier forain. Cela peut durer six mois, un an, peut-être plus. Peut-être moins » dit-il à l’opérateur Mesguich lors de son engagement. Malgré cette apparente précarité, en quelques semaines, une centaine d’opérateurs itinérants formés à Montplaisir, vont sillonner l’Europe et les cinq continents. Il a suffi de quelques mois pour que les premiers spectateurs découvrent des images du monde entier et de quelques années pour que les frères Lumière mettent en place le dispositif actuel de la chaine de diffusion, de la fabrication des appareils à la réalisation en passant par la production et la distribution.

La semaine prochaine, nous reviendrons sur la première séance à Besançon, les premiers tournages en 1906 et les autres inventions des frères Lumière.

Cet article est constitué d’extraits du livre « Histoires du cinéma à Besançon co-écrit par Michèle Tatu et Denis Bepoix (Editions ERTI).

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