Le directeur général de l'Agence régionale de santé Bourgogne-Franche-Comté a rendez vous ce mercredi avec les représentants des médecins urgentistes et du personnel para-médical de l'hôpital de Lons-le-Saunier. Ces derniers refusent la suppression de l'une des deux lignes de SMUR, le service mobile d'urgence et de réanimation, programmée par l'ARS. Ils ne sont pas les seuls. Des centaines de Lédoniens ont manifesté ces deux derniers samedis en ce sens.
Ils étaient près de 400 le 15 décembre pour un défilé en ville qui s'est terminé par une symboliquement macabre mise en scène au pied de la statue de Rouget-de-L'Isle. A l'énoncé de dix situations d'urgence ayant réellement eu lieu ces derniers mois, de l'infarctus à l'accident de la route en passant par la chute d'une personne âgée ou un accouchement difficile, dix personnes se sont allongées sous une couverture de survie matérialisant un drap mortuaire.
Elles ont pour point commun d'avoir été secourues par la seconde ligne de SMUR, engagée parce que la première était mobilisée par une autre intervention. Autrement dit, en l'absence de cette seconde équipe (un médecin urgentiste, un infirmier, un ambulancier et un véhicule de soins intensifs), elles n'auraient peut-être pas survécu.
Des ambulances de Dijon ou Besançon...
Selon le docteur Eric Loupiac, délégué départemental de l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF) et ses collègues, c'est sans doute « quarante à soixante ou quatre-vingt personnes » qui ont ainsi été sauvées grâce à cette seconde ligne qui intervient environ 800 fois par an, la première sortant autour de 1300 fois.
Devant la foule rassemblée, le médecin rejette les alternatives envisagées par l'ARS : « des ambulances venant de Dijon ou Besançon, on les attendrait une heure ou deux... » Il s'insurge aussi du calcul de l'agence : « elle demande un million d'euros pour maintenir la seconde ligne de SMUR. A quarante morts par an, c'est 25.000 euros la vie d'une personne pour le directeur général de l'ARS ou la ministre de la Santé... »
Rachid Hiebous, le délégué CGT de l'hôpital, s'insurge pour sa part de ce qu'il considère comme un chantage : « M Pribile nous a menacés d'annuler le rendez-vous si nous maintenions le rassemblement devant l'ARS à la même heure. Nous reportons simplement le déplacement si nous n'obtenons pas satisfaction ». Du coup, les quatre cars affrétés ont été décommandés...
Alors que Cyril Bréro, conseiller départemental LR, est invité à s'exprimer, un militant CGT fustige dans la sono de son syndicat « les élus de droite qui votent les budgets mais sont dans les manifs ». L'élu renvoie la critique : « je ne suis pas député, et le Conseil départemental a voté un motion pour le maintien de la seconde ligne du SMUR ». Il doute de l'efficacité du recours à l'hélicoptère du CHU de Besançon car ce dernier « s'appuie sur la 3e ligne du SMUR... »
Le manque d'une centaine d'urgentistes dans la grande région...
Dans la même logique, la collectivité avait rendu un avis défavorable au Projet régional de santé de l'ARS. Tout comme le Conseil régional, ce que rappelle Pierre Grosset en soulignant : « nous avons aussi voté un vœu pour le maintien de la seconde ligne du SMUR, mais que l'on ne prenne pas à l'un pour donner à l'autre... »
Quoi qu'il en soit, cette menace sur les urgences de Lons-le-Saunier n'est pas la première, loin de là. Dans le Jura, les urgences de Saint-Claude, ou en Haute-Saône, les urgences de Gray sont sur la sellette. Dans ces deux villes, c'est carrément le principe même des urgences qui est en cause, et avec lui la présence d'au moins deux médecins urgentistes, et l'ouverture H-24 au profit d'accueil de soins non programmés comme cela avait été le cas, il y a plusieurs années, à Lure et Luxeuil...
En toile de fond de cette problématique figure le manque de médecins urgentistes. Il est mentionné par le Projet régional de santé en toutes lettres dans le chapitre 6.1.7 consacré aux urgences. Le constat est fait d'un manque d'une centaine d'urgentistes dans la grande région, face à quoi il est surtout envisagé de « réduire le nombre de structures et/ou de lignes de garde en tenant compte du nombre de passages et des contraintes démographiques des médecins urgentistes. » (page 410).
Bref, ce qui est en cause, ici comme ailleurs, c'est une politique globale et sa traduction concrète : une diminution du service public...