Union PCF-PS-EELV aux législatives dans le Jura

Gauche plurielle ou sauve-qui-peut ? Les soutiens de Benoît Hamon s'allient avec les communistes qui regrettent déjà d'avoir parrainé la candidature présidentielle de Mélenchon. Leur alliance concurrence de fait les candidats insoumis. La campagne s'annonce sans merci à gauche.

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Ça sent bon la gauche plurielle, mais ça ressemble aussi à un sauve-qui-peut. Les fédérations départementales du Jura du PCF et du PS et les groupes locaux de Lons, Dole et Jura-Sud d'EELV ont conclu un accord législatif afin de présenter des candidatures communes dans les trois circonscriptions. Autrefois, le PS se taillait la part du lion. Cette fois, il a un titulaire et un suppléant, comme ses deux partenaires. Certes, le titulaire, Marc-Henri Duvernet, premier fédéral du PS, concourt dans la circonscription a priori la moins difficile pour la gauche, celle de Lons-le-Saunier où le sortant Jacques Pélissard (LR) ne se représente pas.

Le jeune socialiste, déjà ancien conseiller général, tête de liste aux dernières municipales à Lons, laboure le terrain depuis des années et peut se targuer d'être bien implanté. Avec sa suppléante, l'écologiste Anne Perrin, ils n'auront pas la tâche facile car ils se retrouvent en concurrence avec l'expérimenté Gabriel Amard, ancien élu de l'Essonne, tête de liste du Front de gauche dans le Grand-Est aux dernières élections européennes, candidat de la France insoumise et très proche de Jean-Luc Mélenchon.

Dans la circonscription de Dole, c'est la maire communiste du petit village de Frasne-les-Meulières, Laurence Bernier, conseillère communautaire du Grand-Dole, qui porte le drapeau d'un rassemblement conçu pour que « vivent la gauche et l'écologie au Parlement ». Son suppléant, le socialiste Grégoire Durant, est maire de Dampierre. Dans le Haut-Jura, c'est l'écologiste Christophe Masson qui se présente en duo avec le communiste Sébastien Mignottet qui a notamment animé la lutte des salariés de Logo, à Morez.

Retraits de candidats déjà investis

Annonçant leur union lors d'une conférence de presse tenue en présence d'une vingtaine de militants dans un café de Lons-le-Saunier, les partenaires ont déploré que leur union n'inclue pas la France insoumise accusée de « refuser le dialogue ». Ils en « prennent acte mais regrettent que ce parti ne tire aucun bilan de la présidentielle où la division de la gauche a mené à l'échec ». Ils ont souligné le retrait de candidats initialement investis pour réaliser leur rassemblement, comme la socialiste Françoise Barthoulot, conseillère municipale de Dole et conseillère départementale, ou la communiste Nelly Faton qui devait se présenter à Lons.

Ils rejettent sur la France insoumise la responsabilité de l'absence d'une union plus large. Les communistes, dont le soutien à Mélenchon n'a obtenu qu'une faible majorité (53,6%) dans le cadre d'une consultation où 72% des adhérents avaient participé, ont du mal à accepter de devoir signer la charte de la FI. Dans certains départements, des candidats investis par le PCF l'ont fait. Ce n'est pas le cas en Franche-Comté. « Nous sommes des candidats de rassemblement qui donnons à voir une autre image de la politique », explique Laurence Bernier qui a « entendu ce que disent les habitants : on n'a pas été entendu à la présidentielle, on veut l'être aux législatives ». Plus tard, elle précisera sa pensée : « j'ai donné mon parrainage à Mélenchon, mais parmi ses 7 millions d'électeurs, il y a des insoumis dans leur tête... »

« Les liens étant basés sur la confiance, un accord départemental allait de soi »

Pour les écologistes et les socialistes jurassiens, qui ont soutenu Benoît Hamon plutôt que Jean-Luc Mélenchon, l'amertume est moindre. « Il ne faut pas reproduire les erreurs. Je regrette que la France insoumise ne nous rejoigne pas dans l'unité... Nous ne voulons pas nous soumettre à un parti », explique Brigitte Monnet, co-secrétaire régionale d'EELV. Anne Perrin insiste sur la dimension personnelle de l'entente : « ce n'est pas un accord d'appareils, mais de personnes ayant déjà travaillé ensemble, notamment dans l'aventure de Majorité citoyenne avec EELV, le PCF et le PG. Les liens étant basés sur la confiance, un accord départemental allait de soi ».

Certes, mais les législatives sont un scrutin national. Comme le PS est au bord de l'implosion, on demande à Marc-Henri Duvernet s'il siègerait, en cas d'élection, dans un groupe socialiste aux côtés de Manuel Valls ? La réponse est « non, je ne serai pas dans un groupe PS avec Valls ». Au journaliste du Progrès qui demande si le clivage est insurmontable sur la place du parti entre FI et les signataires de l'accord jurassien, Brigitte Monnet explique qu'il n'y a « pas de clivage idéologique, mais chez nous, ce sont les adhérents de base qui décident qui est candidat, la verticalité est là pour la parité. Ce que la France insoumise montre à voir, c'est sa verticalité : c'est le national qui décide des accords ou pas ».

Les ponts sont-ils coupés ? « Il y a peut-être une petite porte ouverte », dit Anne Perrin qui dit avoir reçu un appel de Gabriel Amard « pour qu'on se voie avant lundi ». Et d'ajouter : « Je veux voir le groupe d'appui de la France insoumise, pas une seule personne... » Et anticipant implicitement une défaite législative, elle se projette : « J'espère qu'on prendra les collectivités avec la France insoumise, car sa culture est intéressante ».

En fait, les dés sont jetés. Avec une date limite de dépôt des candidatures au 19 mai, il y a peu de chance que les instances des uns et des autres aient le temps d'entériner quelque évolution que ce soit entre la FI et le rassemblement de ce qu'elle considère comme des « vieux partis ».

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