Une rentrée de défis, aussi pour Factuel et ses lecteurs

Des mesures autoritaires infligent des souffrances aux personnes et à la société tandis que l'état d'urgence sanitaire pèse depuis de longs mois sur les événements, notamment ceux que Factuel avait programmés. Dans ce contexte délicat, la bienvenue croissance des abonnements générée par notre nouveau site reste insuffisante et notre visibilité économique n'est que de quelques mois. Comment faire face ? Nous nous posons, et vous posons, la question.

Les vacances ont été bénéfiques pour la petite équipe de Factuel. Nous espérons qu'il en a été de même pour vous, chères lectrices et chers lecteurs. Ce souhait n'a rien de superficiel tant la forme et la sérénité sont nécessaires quand vous attendent les épreuves. Cette rentrée sous passe sanitaire en est une sérieuse. Derrière la communication gouvernementale qui ressemble à l'édification d'une vérité scientifique officielle bannissant le doute et nombres de questions légitimes, se construit un monde de surveillance numérique générale, distribuant, refusant ou conditionnant les droits d'accès aux activités les plus ordinaires et les plus vitales de l'existence. Ce constat critique n'enlève rien à la nécessité de faire face à l'épidémie, mais interroge les méthodes autoritaires employées, ne serait-ce parce qu'elles infligent une violence et des souffrances inédites aux personnes et à la société.

Cette rentrée est délicate aussi pour votre journal. Les jeunes et talentueuses plumes Clémentine Guenot et Géraldine Kopp, qui avaient enrichi nos colonnes, sont parties pour d'autres rivages professionnels. Nous leur souhaitons bon vent, et si elles nous manquent déjà, c'est également parce qu'il nous faut trouver d'autres regards, d'autres écritures.

Nous attendions beaucoup de notre nouveau site : il nous a apporté 25% d'abonnés supplémentaires depuis le printemps. C'est bien, mais comme nous partions de loin, cela reste insuffisant pour financer notre rédaction professionnelle et garantir son existence sur la durée alors que nous n'avons pas de véritable force de frappe commerciale et que nous persistons à faire le choix de ne pas avoir de recettes publicitaires. C'est pourquoi, chères lectrices et chers lecteurs, nous vous lançons un défi en demandant à chacune et chacun de vous de recruter un, deux ou trois abonnés...

Pour ne pas nous disperser, nous avons pris la difficile décision de suspendre jusqu'à nouvel ordre la parution de notre trimestriel imprimé dont la fabrication et la distribution nous prenaient beaucoup d'énergie pour un résultat économique qui n'a pas été au rendez-vous. L'état d'urgence sanitaire nous a par ailleurs lourdement handicapés, nous conduisant à suspendre, reporter, voire annuler, plusieurs actions et événements.

Dès le début de notre aventure, il y a bientôt neuf ans, nos moyens étaient limités. Nous avons pourtant publié à ce jour près de 3500 articles dans la partie journal (réservée aux abonnés) et plus de 2200 billets de blog et communiqués (en accès libre). Nous avons compensé cette offre éditoriale modeste par un journalisme exigeant et des enquêtes exclusives, par un engagement culturel construisant du débat autour du cinéma ou de la littérature (notre concours de nouvelles), par notre contribution active aux luttes pour la défense de la liberté de la presse, malmenée depuis quelques années.

Bref, nous faisons du journalisme. Il nous arrive, comme écrivait Albert Londres, de « remuer la plume dans la plaie »... Nous avons aussi fait quelques mécontents, et pas seulement parmi ceux que nous avons parfois égratignés. Certains nous prêtent des arrière-pensées politiques. Les uns pensent que nous roulons pour la France insoumise ou que nous ne sommes pas assez critiques envers l'extrême-droite ! D'autres disent que nous sommes un sous-marin écolo, il y en a qui nous reprochent de défendre l'union de la gauche, quelques uns nous considèrent trop conventionnels, d'autres encore nous reprochent de donner la parole à la droite dont un élu est allé jusqu'à traiter de « torchon » un billet de blog qui le critiquait.

En fait, nous cherchons simplement à mettre au jour des faits qui nous semblent mériter la lumière dès lors qu'ils sont d'intérêt public, à faire entendre des voix peu audibles dans la société civile, à proposer des analyses sortant de la pensée unique, à faire vivre la liberté d'expression.

Cette promesse éditoriale peut-elle durer dans le temps ? Nous nous interrogeons. Nous avons une visibilité économique de seulement quelques mois. Cette promesse repose certes sur notre implication, mais aussi sur celle des lecteurs dont certains sont des donateurs que nous remercions chaleureusement (les dons sont défiscalisés à 66%). Pourquoi ne serait-elle pas aussi encouragée et garantie par des investisseurs, des citoyens acceptant de financer le journal au-delà de l'abonnement, voire de s'impliquer dans sa société éditrice ?

Vous le voyez, chères lectrices et chers lecteurs, les défis communs qui nous sont posés sont... capitaux !

Bonne rentrée !

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