Un collectif dénonce le périscolaire payant à Besançon

Une cinquantaine de Bisontins ont contribué à la rédaction d'un Manifeste pour l'école publique qui s'en prend à la loi réformant les rythmes scolaires et au principe de la contribution, modique, des familles bisontines qui sont appelées à participer au financement du dispositif à la rentrée. Son coordinateur Benoît-Maillard-Salin s'en explique.

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Animateur au FJT des Oiseaux de Besançon, père d'une petite fille qui fera sa première rentrée scolaire en septembre, Benoît Maillard-Salin a coordonné la rédaction collective d'un Manifeste pour l'école publique au sous-titre explicite : « périscolaire payant, non merci ». Le collectif revendique plus de 200 signataires dont 150 personnes en ligne.

Benoît Maillard-Salin, figurait sur la liste PG-Front de gauche qui a obtenu 7,12% aux dernières municipales, a depuis quitté le PG. Il entend remettre en cause la décision du conseil municipal de faire contribuer les familles à hauteur de 2 à 10 euros par an et par enfant au financement des activités périscolaires introduites par la loi réformant l'aménagement du temps de l'enfant à l'école primaire. Modique, cette participation était indispensable pour que la Caisse d'allocation familiale participe de façon substantielle au financement du dispositif.

En fait, le collectif conteste la loi organisant cette réforme qui a mis en émoi de nombreuses collectivités locales en raison de son coût, alors même que les dotations d'État diminuaient. A Besançon, l'opposition de droite a ferraillé sur ce point, pronostiquant que la ville finirait par faire payer les familles.

Quelle est la genèse de votre collectif ?

J'avais participé personnellement, en 2011, aux divers mouvements sociaux qui, dans l'Éducation nationale, s'opposaient au non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant en retraite parce que ça entraînait des suppressions de postes. J'ai aussi dénoncé, avec le collectif Granvelle de parents et d'enseignants en colère qui protestaient en 2013 contre la réforme des rythmes scolaires. Nous disions alors : attention à ne pas transférer des compétences de l'Éducation nationale aux collectivités locales car ça entraînerait des différences entre ces collectivités. L'éducation est une affaire d'État et si les collectivités ont la charge des contenus, elles auraient à former les intervenants et n'arriveraient pas à l'assumer. En plus, cette réforme ne prend pas en compte les rythmes biologiques des enfants, elle est seulement basée sur des questions financières. Et elle s'attaque aux principes de l'école : gratuité, égalité, laïcité...

Pourquoi laïcité ?

Il y a différents types de prosélytismes : religieux, politique, mais aussi marchand...

Le commerce serait une religion ?

Non. Mais il peut y avoir une incitation induite à la consommer. Une collectivité locales sans moyens de prendre en charge les temps d'aménagement de l'enfant (TAP) peut décider qu'elle fait tout au rabais, autrement dit de la garderie, ou faire comme Besançon avec des contributions extérieures en faisant payer les ménages ou en faisant appel aux associations de quartier, ou encore à des structures privées comme Acadomia...

Une association de quartier, ça vous va ?

Ça irait si c'était l'État qui finançait leur intervention dans le cadre de l'Éducation nationale. Mais je termine sur le prosélytisme marchant et payant : en 2014, une convention cadre a été signée entre l'Éducation nationale et Total qui mettait 4 millions d'euros...

Total n'est pas dans les TAP à Besançon...

Non ! Nous nous servons de la situation bisontine qui touche les ménages pour défendre ce qui devrait être acquis pour tous les enfants de la république...

En quoi estimez-vous que c'est un problème que la CAF intervienne dans le financement ?

Si on entre dans ce débat, et on ne veut pas y entrer, on entre dans le fait que l'Éducation nationale ne dépend pas des collectivités. De notre point de vue, seul l'État peut être financeur. C'est notre projet.

Comment, dans le cadre légal, allez vous empoigner cette affaire ?

C'est compliqué. Déjà, en 2013, les chronobiologistes n'avaient pas été intégrés à la réflexion. Et à l'époque, les organisations syndicales ne se sont pas battues pour ne pas affaiblir la gauche qui venait d'arriver au pouvoir... Nous sommes un collectif, je ne cherche pas à me mettre en scène. On a sollicité pas mal de monde et une cinquantaine de personnes ont contribué au manifeste pour l'école publique que nous avons mis en ligne...

Quel est votre objectif à trois semaines des vacances d'été ?

On est à plus de 200 signataires... Dans les cinquante premiers, il y a des psychologues et des infirmiers scolaires, des professionnels de l'Éducation nationale, des enseignants... Dans les 200, il y a une organisation syndicale : SUD-Éducation... C'était un peu l'objectif, car c'est difficile de faire converger quand ça part d'une organisation politique.

Ce n'est pas votre seul objectif ?

Nous voulons le plus grand nombre de signatures possible. On va se présenter devant les écoles pour faire signer, à Champrond, Rivotte, Planoise, la Grette... Nous voulons contrer la mairie qui s'est abstenue de communiquer.

Elle a quand même différé d'un an la mise en place de la réforme pour consulter les conseils d'école, les organisations syndicales, les parents d'élèves...

Oui, il y a eu consultation sur l'organisation de la réforme, mais pas sur le fait que ce soit payant. Des directeurs d'écoles de Planoise l'ont appris par voie de presse... Notre souci, c'est que l'ensemble des parents et des enseignants sachent que ça va être payant à la rentrée. On se positionne non contre le montant qui est symbolique, mais contre le principe de la tarification.

Vous écrivez que ça va augmenter. Qu'est-ce qui vous le fait penser ?

On regarde les autres communes du grand Besançon comme Franois ou Serre-les-Sapins. C'est compliqué d'accéder aux informations partout, mais ça peut atteindre 100 euros par an... C'est aussi le cas dans certaines autres villes de France.

Pourquoi tenez-vous à ce que ce soit l'État qui finance ?

Parce que c'est un principe constitutionnel de la 5e république !

Mais vous êtes pour une 6e république...

Oui, mais il faudrait inscrire dans la constitution de la 6e république que l'organisation de l'enseignement est public, laïc et gratuit. Ou qu'on nous démontre que le périscolaire n'est pas du scolaire ! C'est quand même inscrit dans le PEDT, le projet éducatif territorial...

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