Un chapitre se clôt

A la différence de son prédécesseur qui a essayé de taper l'incruste à grands coups d'esbroufe, le président de la République a lui-même dit stop, se sacrifiant pour tenter de sauver ce qui reste de son camp.

 

Au soir du premier tour de la primaire de la droite, nous écrivions qu'une page était tournée avec l'éviction de Nicolas Sarkozy, mais que pour clore le chapitre il fallait aussi passer à l'après François Hollande. Tous deux ayant en commun, avec pas mal d'autres dont Ségolène Royal, d'avoir sacrifié au spectacle et à la communication. Mais à la grande différence de son prédécesseur qui a essayé de taper l'incruste à grands coups d'esbroufe, le président de la République a lui-même dit stop, se sacrifiant pour tenter de sauver ce qui reste de son camp.

Il y était politiquement obligé s'il ne voulait pas entraîner dans sa chute une gauche qui menace de tomber en ruines. Il en a manifestement gros sur la patate, mais il a estimé que ses états d'âmes n'étaient pas le plus important, mettant les intérêts de sa famille politique, sinon du pays, au dessus de ses siens propres. Il a même, ce qui est aussi louable que rare dans les univers de pouvoir, concédé des erreurs, citant la déchéance de nationalité que nous avons, ici même, critiquée.

Il n'a pas poursuivi l'autocritique jusqu'à évoquer ces incroyables confessions du livre Un Président ne devrait pas dire ça qui a déclenché le compte à rebours de sa décision. Il n'a pas non plus regretté une politique économique — dont il partage la responsabilité avec Manuel Valls et Emmanuel Macron — tournant le dos aux engagements de campagne qui lui ont permis d'être élu. Ses électeurs se souviendront longtemps des 44 milliards du CICE qui ont plus souvent gonflé les dividendes que les investissements, de la loi travail contre laquelle beaucoup ont manifesté. Le bilan positif qu'il a dressé de son action (réformes sociétales, international, embauches d'enseignants...), combiné à son souhait d'un « sursaut collectif des progressistes », montre comment il désigne son camp. 

Progressiste, c'est justement le mot qu'Emmanuel Macron revendique pour définir, théoriser, son orientation social-libérale. Celle qui est censée réunir dans un même projet les porteurs d'initiatives, les preneurs de risques et les laissés pour compte, avec le bienveillant soutien des maîtres de la finance. Cette conception du progrès est sans élan collectif, ni vision de ce que pourrait être la transition vers un monde plus juste, moins tapageur, moins  gaspilleur. 

Exactement ce qui aura manqué au quinquennat qui s'achève. On verra avec la primaire si cela va continuer. Que Manuel Valls gagne, et la communication prendra encore davantage le pas sur une ligne politique qui ne devrait pas changer.

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !