Sophie Montel concernée par « l’affaire des assistants parlementaires du FN »

C'est en tant que députée européenne que la présidente du groupe FN du Conseil régional se voit réclamer le remboursement d'indemnités rétribuant des assistants parlementaires qui sont des cadres du parti. Elle avait embauché au début de son mandat Bruno Bilde, élu local à Hénin-Beaumont... D'où un soupçon d'emploi fictif.

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L'affaire remonte à février 2015. Plusieurs députés européens du FN, dont Marine Le Pen et Bruno Gollnisch, mais aussi Sophie Montel, présidente du groupe d'extrême-droite du Conseil régional Bourgogne-Franche-Comté, font l'objet d'une enquête de l'office européen de lutte anti-fraude (OLAF), complétée d'une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris le 24 mars 2015 et confiée à l'office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales de la Police judiciaire.

Les enquêteurs, européens comme français, considèrent que le FN a outrepassé le statut des eurodéputés en faisant rétribuer des cadres du parti comme assistants parlementaires. Autrement dit, on n'est pas loin d'une affaire demplois fictifs. Marianne et Médiapart révèlent ce 31 octobre que l'OLAF demande 339.000 euros à Marine Le Pen et 270.000 euros à Bruno Gollnisch, sans préciser la somme réclamée à Sophie Montel qui devrait être, selon une rapide estimation tenant compte de deux ans de mandat et d'un collaborateur, se monter à plusieurs dizaines de milliers d'euros. Vingt cadres figurant sur l'organigramme du FN publié en février 2015 sont en effet salariés comme collaborateurs d'élus européens.

Un assistant parlementaire également
conseiller de Marine Le Pen
et adjoint de Steeve Briois

Sophie Montel en a aujourd'hui quatre : deux « accrédités » au Parlement européen, Antoine Chudzik et Thomas Laval, et deux « locaux » censés la représenter dans la circonscription, Alois Navarro et Kevin Pfeffer. Mais c'est pour avoir eu Bruno Bilde comme assistant parlementaire « local » jusqu'au printemps 2015, que Mme Montel a été impliquée. Conseiller spécial de Marine Le Pen, Bruno Bilde est délégué aux exécutifs locaux auprès du vice-président du parti, Steeve Briois, maire d'Hénin-Baumont dont il est le cinquième adjoint. « Je rédige les interventions orales et écrites de Mme Montel (...) et je vais systématiquement au Parlement ! Cette enquête me semble complètement aberrante ! », expliquait au Monde ce spécialiste de l'ubiquité dont le PCF avait demandé la démission.

Aujourd'hui, Bruno Bilde n'est plus assistant parlementaire de Sophie Montel qui s'est également séparée, cet été, d'Alexandre Benoît. Le jeune homme avait été vilipendé par les nostalgiques de l'Algérie française, encore nombreux au FN, pour avoir salué en Michel Rocard l'ancien « étudiant décolonisateur qui avait vu et agi juste ». Louis Aliot s'était alors mis en colère dans le quotidien d'extrême-droite Présent.

Les quatre jeunes gens qui demeurent assistants parlementaires de Sophie Montel font beaucoup pour la nouvelle bonne figure du FN, bien que relativisant l'anti UMPS dont se gargarise le parti d'extrême-droite. Antoine Chudzik vient en effet du PS, est passé par Sciences-Po Paris où il a fait partie du petit groupe qui a fait revenir le FN comme association reconnue après une traversée du désert d'une vingtaine d'années. Il expliquait alors avoir été « rassuré que Marine Le Pen se soit démarquée de toute provocation antisémite ». Une phrase à relire lentement... Il est aussi conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, élu de Saône-et-Loire où il est responsable de la formation interne au FN.

La section FN de Sciences-Po-Paris

A Sciences-Po, Antoine Chudzik a croisé la route de Thomas Laval qui venait quant à lui de l'UMP où il avait fait la campagne de Nicolas Sarkozy. Il est lui aussi conseiller régional, mais dans le Grand-Est, élu dans la Marne. Au conseil régional, il siège aux côtés d'un autre ancien socialiste, Kevin Pfeffer, secrétaire départemental du FN de Moselle. Membre du cabinet de Florian Philippot, il est chargé de mission du pôle société civile du FN. Il y côtoie Alois Navarro, chargé de mission aux affaires économiques, mais également animateur du collectif Marianne qui ambitionne de rassembler les étudiants sensibles au bleu marine. C'est une illustration de la stratégie lepéniste consistant à créer des clubs spécialisés, comme le collectif Racine, dédié aux enseignants, ou encore Nouvelle Ecologie... Cela n'est pas toujours visible, et il arrive que les meilleurs s'y fassent prendre, comme Arrêt sur image le montre avec Le Monde.

On rencontre aussi dans l'organigramme de a direction du FN un autre élu du conseil régional Bourgogne-Franche-Comté, Julien Odoul qui, il n'y a pas si longtemps, fut secrétaire général du groupe UDI du conseil général de Seine-saint-Denis après avoir été un temps au PS. Conseiller spécial de Marine Le Pen, élu de l'Yonne, il a comme mannequin fait une fois la couverture du magazine gay Têtu... D'une autre génération, l'ancien centriste bisontin Jean-Richard Sulzer, candidat aux cantonales dans les années 80, professeur à l'université Paris-Dauphine, est aujourd'hui adjoint aux finances à Hénin Beaumont et délégué national aux exécutifs locaux, comme Bruno Bilde...

Sophie Montel, que nous avons sollicitée, ne nous a pas encore répondu.

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