SolMiRé devant la justice : l’audience encore renvoyée

La Saiemb n'avait pas assigné dans les formes les militants de l'association... Une nouvelle audience se tiendra le 27 février. Plus de cent personnes se sont rassemblées devant la mairie de Besançon en signe de soutien, rejointes par des élus municipaux écologistes et communistes qui demandent l'inconditionnalité de l'hébergement et de l'accueil de jour.

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La Saiemb n'avait pas assigné dans les formes les quatre militants poursuivis en même temps que l'association Solmiré. « On n'a jamais été visité à notre domicile par un huissier, et Solmiré dont le siège est à la librairie L'Autodidacte n'a pas reçu de courrier à cette adresse. La Saiemb n'a pas d'avocat, seulement un chef du contentieux », explique Noëlle Ledeur pour expliquer l'élément de procédure qui a conduit à un nouveau renvoi de l'audience de référé-expulsion au 27 février. Ce n'est que le troisième...

Agnès Porazka, la directrice de la Saiemb, dit pour sa part n'avoir reçu les dernières conclusions de Me Fabien Stucklé, l'avocat de Solmiré, la veille de l'audience de ce mardi 13 février... « Nous n'avons pas eu le temps de rédiger des conclusions en réponse », dit-elle après le conciliabule express au terme duquel le tribunal a conclu à ces quinze jours supplémentaires. Du coup, l'échange d'arguments se fait devant la presse...

« Pas de sortie amiable possible »

« La présidente du tribunal avait laissé du temps au collectif pour trouver une solution. Nous n'avons pas vocation à accorder gratuitement un bail à une association en marge des dispositifs existant, alors que la Saiemb est reconnue pour son travail auprès des publics en marge », plaide Mme Porazka. Elle déplore jusqu'à « l'opprobre » dont elle dit la Saiemb victime. On demande en quoi, elle répond : « il y a eu des affichages rue Battant à l'encontre de la présidente, diffamatoires pour les salariés... »

Noëlle Ledeur l'invite à « sortir de ce champ : répondez à nos demandes de contrat de bail ». Agnès Poraska s'insurge : « on s'est longtemps écharpé le 5 décembre sur le sujet, ce n'est pas le moment de présenter ça devant la presse. Vous êtes entrés par effraction, il n'y a pas de sortie amiable possible ».
Mme Ledeur insiste : « ce n'est pas ce que disait votre responsable du contentieux lors de la dernière audience ».
Mme Poraska précise : « il a été répondu : pas dans ces locaux ».
- « On a demandé un autre local, on n'a pas de réponse ».
- « Le courrier est arrivé vendredi, ne demandez pas l'impossible... Beaucoup de dispositifs existent... »
Viviane Camus, de Solmiré, intervient : « Aucun dispositif n'accueille neuf personnes encore à la rue. Il n'y a pas de réponse institutionnelle à ce besoin... »
Agnès Poraska : « La Saiemb est une société de droit privé, elle n'a pas d'avis sur votre action... »
- « 110 personnes ont été accueillies par le Bol d'R depuis octobre et le constat est que les institutions disent que ça n'existe pas... Nous sommes des inutiles qui nous occupons d'invisibles. Vous pourriez faire un geste ! »
- « Vous êtes engagés dans un combat politique... »
- « D'autres villes l'ont fait... »- Je suis là pour défendre ma société, pas un point de vue politique. Plus de 15% de nos attributions de logement vont à des personnes relevant de la CADA... »
Noëlle Ledeur : « Il y a juste un petit verrou à débloquer... On a eu des familles en pleur.... »
Agnès Poraska : « S'il y a des dysfonctionnements, adressez-vous à qui de droit... »
Noëlle Ledeur : « Les questions de droit sont accessoires, dérisoires, par rapport aux questions humanitaires... Nous avons cherché un local, faire preuve de bonne volonté. Il y a une chape de plomb dans cette ville sur les demandeurs d'asile. »
Viviane Camus : « J'accompagne par exemple une famille qui dort dans un garage... »
Agnès Poraska : « Nous ne sommes pas l'interlocuteur principal... »

Cela, tout le monde l'a compris. L'interlocuteur principal, c'est le maire Jean-Louis Fousseret.

EELV et PCF rejoignent les manifestants

Dehors, une bonne centaine de personnes se sont rassemblées aux abords du large trottoir du pignon du bâtiment administratif municipal, juste en face du tribunal. Un mini Bol d'R a été installé avec gazinière, vaisselle, tapis, étendoir à linge, canapé... Des silhouettes en carton portent une initiale et un âge, comme « B, 17 ans, 4 mois dehors ». Les manifestants déambuleront ensuite sur l'esplanade des Droits de l'homme et stationneront quelques instants sous les fenêtres du bureau de Jean-Louis Fousseret.

Dans la petite foule, on reconnaît des élus municipaux communistes et écologistes. Anne Vignot, présidente du groupe EELV, est un peu mal à l'aise à l'évocation de la situation bisontine, préfère manifestement parler globalement : « les associations jouent leur rôle, elles ont fait changer la position nationale de l'Etat, comme dans les Alpes... » On insiste sur le sujet Bol d'R, le décalage manifeste entre institutions et société civile. « On a voulu essayer de faire évoluer l'ensemble des moyens, nous avons demandé l'accueil inconditionnel à la Boutique Jeanne-Antide dès lors que les gens sont arrivés... »

Cette demande n'a manifestement pas été acceptée par le groupe LRM du conseil municipal. C'est ce qui fait sans doute que le groupe communiste, qui se présente « en lien à la fois avec le collectif et l'équipe municipale », a décidé de rendre publique une position intégrant plusieurs points précis. Dans un communiqué allant plus loin que la lettre à Solmiré signée avec les groupes PS et EELV, ils expliquent que Solmiré a « permis de mettre en lumière les dysfonctionnements dans les dispositifs d'accueil ».

Ils réclament notamment « une réactivation du plan grand froid, l'augmentation du nombre de places d'hébergement d'urgence, l'inconditionnalité de l'hébergement d'urgence et de l'accueil de jour, particulièrement pour les familles à la Boutique Jeanne-Antide ».

 

 

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