« Six policiers en plus, cinquante emplois-aidés en moins »

Répondant à l'annonce faite en conseil municipal de Besançon par Jean-Louis Fousseret qui vient de passer plus d'une heure dans le bureau de Gérard Collomb, l'élu socialiste Jean-Sébastien Leuba met dans la balance la perte des « contrats aidés qui faisaient un travail énorme ».

Jean-Sébastien Leuba : « la politique d'Emmanuel Macron a changé. Il y a des incivilités mais 300 millions ont été retirés à la politique de la ville... » (Photo d'archives DB)

« Le social est la priorité de nos priorités », affirme Jean-Louis Fousseret en ouvrant le conseil municipal de Besançon de jeudi 14 septembre. Quelques heures plus tôt, en présentant le nouveau groupe LREM, il avait assuré être « toujours un homme de gauche ». Devant l'assemblée, il donne un gage en ce sens en évoquant « le drame de la piscine de Chalezeule » qui a coûté la vie à un « petit gamin », en soulignant avoir accompagné sa famille. On sait qu'elle a demandé un réexamen de sa situation après avoir été déboutée du droit d'asile (lire ici)...

On sent l'émotion dans sa voix enrouée par un coup de froid. Il demande une minute de silence et tous les présents, élus, fonctionnaires municipaux, public, journalistes, se lèvent une quinzaine de secondes pour saluer la mémoire du petit Daris. Le maire souhaite que, l'enquête étant en cours, personne n'en rajoute sur le thème des migrants. Question de décence. Il est d'autant plus facilement exhaussé que les deux élus FN ne sont pas là. Après la démission du parti de Julien Acard, la question de la pérennité du groupe FN, et des moyens de fonctionnement ou d'expression dans le bulletin municipal, se pose...

La preuve de la « gravité » de la situation...

Quoi qu'il en soit, Jean-Louis Fousseret embraye sur les faits divers, notamment des coups de feu le 17 août avenue du Parc à Planoise (lire ici sur macommune) : « aucune faiblesse pour les voyous... Oui, il y a des problèmes. Nous allons créer un groupe local de traitement de la délinquance (GLTD), une instance opérationnelle transversale. J'ai eu un entretien d'une heure et quart avec le ministre de l'Intérieur, il nous soutient, il viendra à Besançon... Les cinq départs à la retraite de policiers nationaux sont d'ores et déjà compensés par onze arrivées. Besançon sera une ville pilote pour expérimenter la police de sécurité du quotidien dès le début de 2018. Aktya mettra des locaux à disposition de la Police nationale pour un commissariat à proximité de l'avenue du Parc... »

Répondant aux propos liminaires du maire, Jacques Grosperrin (LR) dit « regretter que la situation se détériore, à Planoise ou au centre-ville », mais il est « ravi » que le premier magistrat ait « pris conscience de la gravité de la situation ». Il en profite pour réclamer à nouveau un conseil extraordinaire sur la sécurité, souligne que la création d'un GLTD est la preuve de la « gravité » de la situation, redemande que la police municipale soit présente la nuit, suggère une fois de plus une « réflexion sur [son] armement ».

« Revaloriser les salaires pour avoir des candidats... »

Laurent Croizier (MoDem) est sur la même ligne : « vos annonces de dispositifs de crise montrent l'augmentation de la délinquance, il faut une occupation physique [par la police] du terrain. Il faudrait au minimum 65 à 70 policiers municipaux et revaloriser leurs salaires pour avoir des candidats... » L'élu centriste propose aussi la construction d'une nouvelle école primaire à Planoise qui a « les plus grosses écoles du Doubs ».

Philippe Gonon (UDI) fait la « longue liste des défis de la rentrée : cadre général très contraint, logement, sécurité alimentaire des cantines, accueil des personnes âgées... » avant de regretter « un état qui envoie des messages anxiogènes en diminuant les emplois aidés dans les écoles ou les EHPAD ». Il cite le président de l'association des maires du Doubs, Patrick Genre, pour qui « la relation État-collectivités se distend, devient malsaine et dangereuse, remet en cause la libre administration des communes qui sont mises sous tutelle... »

Approuvant la réforme du code du travail, la baisse de l'impôt sur les sociétés, la suppression du RSI, « ce machin qui n'a jamais fonctionné », il parle autant en conseiller municipal qu'en vice-président aux finances du Conseil départemental : « il faut davantage de concertation avec les collectivités, dire nos choix prioritaires, dire quels services nous rendrons et ceux que nous ne rendrons plus... »

Jean-Sébastien Leuba (PS) estime « importante l'annonce du retour de la police nationale » à Planoise, tout en soulignant que « la politique d'Emmanuel Macron a changé. Il y a des incivilités mais 300 millions ont été retirés à la politique de la ville ». Heureusement, « Besançon qui a engagé 97% de son programme n'est pas impacté ». Cependant, il met en regard des six policiers nationaux supplémentaires « les cinquante contrats aidés en moins qui faisaient un travail énorme ».

« Abandonnez vos postures ! »

Dominique Schauss (LREM) dit sa « surprise d'entendre ces propos sur les contrats aidés », admet qu'on puisse « améliorer la méthode pour passer d'une réponse à une autre », souligne qu'ils [les emplois-aidés] « n'ont pas disparu ». Puis il en critique le principe : « les emplois aidés sont précaires, à temps partiel... Oui, on a permis à quelques uns de mettre le pied à l'étrier, mais abandonnez vos postures, ces emplois aidés sont une recette inefficace... Déjà en 1984, les TUCtravaux d'utilité collective sous Mitterrand, précédés par une mesure de Raymond BarrePremier ministre sous Giscard de 1976 à 1981, instituaient la précarité des financements par l'État. Il y a quelque chose de cassé dans le progrès social... »

Le propos fait réagir Leuba : « Ce n'est pas une posture, j'habite place Cassin, j'ai été emploi-jeune... Je souhaite une commission d'étude ville-agglo sur les emplois-jeunes afin qu'on les défende et leur trouve de vrais contrats ». Surprise que le débat d'ouverture du conseil aborde d'emblée la motion sur les emplois-aidés qui doit être présentée à la fin de l'ordre du jour, Anne Vignot (EELV) ne veut pas qu'on « oublie que l'on doit travailler ensemble un projet de territoire croisé avec des enjeux planétaires : climat et énergie ».

Quand Jean-Louis Fousseret dit « ne pas comprendre » l'intervention de son adjointe à l'environnement, Ludovic Fagaut (LR) ironise : « j'ai l'impression d'être à une réunion de municipalité, à moins que la majorité ne soit plus qu'un agrégat de minorités... » Jacques Grosperrin (LR) ajoute en rigolant : « on s'en va si on vous gêne... ». Jean-Louis Fousseret s'offusque : « ce sont les actes qui font la démocratie ».

On passe enfin à l'ordre du jour, expédié à toute vitesse. Michel Omoui (LR) a le temps de s'interroger sur le réaménagement d'une garantie d'emprunt de GBH dont il souligne « la fragilité ». Président du tout nouveau groupe LREM, Pascal Curie lui fait la leçon : « on réaménage la dette car les taux sont très bas, ça fait 6 millions d'euros de fonds propres en plus... » Omouri avait critiqué les incitations à s'installer à Planoise, notamment pour des habitants des 408 qui doivent être démolis : c'est selon lui inefficace tant que « l'insécurité » rode. Curie, également président de GBH, admet que la situation est « difficile à Brûlard » mais il en parlera au prochain conseil municipal...

En attendant, les 65 délibérations proposées ce 14 septembre ont toutes été adoptées, dont 58 à l'unanimité. Les groupes LR, UDI et MoDem se sont abstenus sur sept d'entre elles : la décision budgétaire modificative, le transfert des compétence seau et assainissement à l'agglo, et cinq rapports relatifs aux Vaîtes (acquisitions de terrain).

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