Répartition des rôles : Marie-Guite Dufay a choisi

La présidente du conseil régional souhaite que Dijon soit confirmée capitale définitive et que le siège de l'hôtel de région soit à Besançon. Décision de l'assemblée le 24 juin.

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Il y avait une région sans capitale - la Franche-Comté - et une capitale sans région - Dijon... C'est ainsi que l'on ironisait parfois sur la petitesse de Besançon dans un territoire ayant peu changé depuis plus de vingt siècles, et sur l'isolement de Dijon dans une région aux territoires sans grande unité et dont certains n'ont pas grand chose de bourguignon... Il pourrait finalement y avoir deux capitales, chacune de quelque chose, pour les deux régions fusionnées. 

On saura le 24 juin si la proposition de Marie-Guite Dufay est adoptée par les conseillers régionaux de la nouvelle région Bourgogne-Franche-Comté. Dans un communiqué d'un peu plus de deux pages, la présidente explique avoir partagé la poire en deux : à Dijon le titre de chef-lieu, à Besançon le siège de hôtel de région, le tout au nom de « l'équilibre de l'aménagement du territoire ». Elle entend aussi « préserver les deux sites actuels du conseil régional à Dijon et à Besançon en y répartissant les directions de façon équilibrée et cohérente avec la répartition des services de l'État ».

Le choix de Dijon comme capitale régional découle de « considérations objectives » telles que la démographie, la centralité et l'accessibilité. La ville qui devrait à terme être « la seule métropole » de la région sera le siège des réunions des assemblées plénières... sauf deux par an qui seraient décentralisées hors des deux principales villes. Quant à Besançon qui « souffre du transfert progressif vers Dijon d'un certain nombre d'acteurs décisionnels publics et privés, la préservation de son attractivité et de son développement nécessite que puisse être affirmé un choix politique fort ».

« Dynamique de coopération »

Ce choix consiste donc à ne pas déshabiller Besançon, à l'instar du conseil économique social et environnemental qui a choisi d'alterner les réunions de ses instances. 

Ce faisant, Mme Dufay défend « une dynamique de coopération s'étendant à l'échelle de tout l'arc métropolitain Rhin-Rhône allant de Belfort et Montbéliard à Chalon-sur-Saône et Mâcon en passant par Dole, le Creusot et Montceau-les-Mines ». Son texte ne cite pas que les villes, mais « l'ensemble du territoire régional, jusqu'aux confins du Morvan et du sud du massif vosgien ». Elle veut « conforter les villes-centres » et « inventer de nouvelles ruralités plus actives ».

Plusieurs élus bourguignons avaient déjà fait savoir leur opposition à ce partage, estimant que Dijon devait tout concentrer. Il se dit aussi que des dissensions se sont révélées au sein de la majorité régionale PS-PRG-DVG. Le conseil départemental du Doubs avait pour sa part adopté une motion demandant que Besançon soit la capitale. Le leader de l'opposition régionale, François Sauvadet, a demandé une « étude d’impact pour connaître le coût de l’organisation
proposée par l’exécutif socialiste » (lire ici) et ne « cautionne pas ces décisions petits bras ». Jean-Louis Fousseret salue pour sa part un « choix de bon sens permet d’ouvrir les possibilités d’une construction collective "gagnant-gagnant" » (voir ). Alain Joyandet, qui rappelle avoir proposé il y a longtemps la capitale à Besançon et le siège à Dijon, votera la proposition Dufay, tout comme le FN. Pas sûr en revanche que le premier vice-président Michel Neugnot le fasse...

Alors que la concurrence est érigée en valeur suprême par certaines politiques, y compris entre les territoires, comment imaginer qu'on ait pu échapper à un tel débat ? Il a été ouvert par cette réforme territoriale, et notamment son volet fusion des régions, que Factuel a critiquée dès le début. Il ne faut pas oublier que cette réforme s'accompagne d'une recentralisation et d'une concentration des directions de l'État.

Dans ces conditions, la répartition géographique des responsabilités régionales est un moindre mal. Est-ce tenable sur la durée ? La dématérialisation tant vantée des actes et des procédures, autrement dit la numérisation, porte en elle la potentialité d'une rupture des liens entre territoires de vie et lieux de pouvoir car la possibilité technologique de la délocalisation de l'administration n'est pas qu'une menace.

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