Raoul Juif : «je gagnais plus avant d’être conseiller général»

Pourquoi avoir laissé votre mandat de premier adjoint au maire de Lure après votre élection au conseil général ? Par conviction anti-cumul ? C'était ma conviction initiale. Dans le problème du cumul, il y a plusieurs éléments. Le cumul génère des heures et des heures de travail, de nombreuses réunions.

Raoul Juif

Pourquoi avoir laissé votre mandat de premier adjoint au maire de Lure après votre élection au conseil général ? Par conviction anti-cumul ?
C'était ma conviction initiale. Dans le problème du cumul, il y a plusieurs éléments. Le cumul génère des heures et des heures de travail, de nombreuses réunions. La question des indemnités est compliquée. Le non-cumul permet à d'autres de prendre des responsabilités. Je me dis parfois que j'ai fait une connerie de laisser le poste de premier adjoint. J'aurais bien aimé le rester, mais je n'ai pas le temps. Comme vice-président de la communauté de communes en charge de l'économie, j'ai aussi un rôle transversal. Conseiller général, c'est un autre domaine. Je ne vois en tout cas pas comment on peut faire les choses matériellement. Ou alors des gens font le boulot pour toi : dans ce cas, le cumul est plus léger. Moi, je n'ai personne qui travaille pour moi. Enfin, si je mets ma famille au premier rang dans ma vie, cela devient encore plus compliqué.

Regrettez-vous de ne plus être premier adjoint par rapport à votre efficacité personnelle ou celle du système ?
L'efficacité à résoudre les problèmes. J'étais premier adjoint en charge de l'urbanisme et du développement local, j'étais au au coeur des réalités quotidiennes. J'ai initié le projet d'éco-quartier : on voit les choses qui se font. 

Des mandats davantage partagés sur un nombre plus important de personnes, c'est plus de concertation, non ?
Si on partage les mandats, il faut se voir plus souvent, donc avoir du temps. Dans le domaine économique, en Haute-Saône, il y a une centaine de personnes qu'on retrouve dans tous les trucs importants.

Est-ce un frein, une entrave, de voir toujours les mêmes personnes ?
Non. On connaît les choses, on avance plus vite. Mais c'est probablement une entrave à la démocratie. Je pense que les gens sont capables, que l'intelligence est partagée. C'était difficile pour moi de laisser la place [de premier adjoint], mais je suis fondamentalement heureux qu'Isabelle Arnoux ait repris... Au début, je me disais «un homme, un mandat», et maintenant je cumule, j'ai cinq mandats : conseiller général, conseiller municipal, vice-président de la communauté de communes, président de deux syndicats dont celui de la haute vallée de l'Ognon...

Combien de temps cela vous prend-il ?
J'exerce professionnellement à mi-temps comme orthoptiste libéral, donc 20 heures par semaine. J'ai des journées de quinze heures : quatre heures de travail, deux heures pour ma famille, le reste, c'est mes mandats...

Est-ce que ce sera dur le jour où vous vous arrêterez ?
Il ne faut pas le dire, mais parfois, ça me tarde ! Après, j'agis pour l'intérêt général, je fais les choses avec passion. Mais je ne serai pas réélu après être parti en retraite...

Des gens hésitent-ils à s'engager car certains tiennent les places ?
C'est déjà la galère pour beaucoup, les gens ne vont pas se battre pour déboulonner tel ou tel...

La politique est-elle violente ?
Oui. moins au plan municipal, mais la politique est un combat. Le mot se rapproche de la violence...

Côté indemnités, on parle souvent de l'écrêtement. Une fois et demi l'indemnité pour un parlementaire qui a un autre mandat.
C'est au sommet... En Haute-Saône, seul le président Krattinger est écrêté. Peut-être Michel Raison...

Combien touchez-vous par mois ?
450 euros comme premier vice-président de la communauté de communes, 1400 comme conseiller général, 800 comme président du syndicat de la haute vallée de l'Ognon, je n'ai pas d'indemnité pour la présidence d'Aremis. La moitié de ces indemnités part en fonctionnement... Comme orthopiste à mi-temps, je gagne 1000 euros. Au total, je suis à moins de 2500 euros net. Je gagnais plus quand j'étais orthoptiste salarié au conseil général...

 

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