Primaire socialiste : pas de débat devant les militants à Besançon

Alors que l'on découvre que Manuel Valls a des soutiens locaux animés par la conseillère départementale Myriam Lemercier, le débat programmé début décembre entre représentants des candidats devant les militants et sympathisants, qui devait se tenir mardi 17 janvier, a été annulé dimanche après des critiques de plusieurs camps sur son organisation.

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Dans quel état est le PS à quelques jours du premier tour de la primaire qu'il organise ? Ceux qui en suivent l'histoire  savaient, bien avant qu'Arnaud Montebourg ne joue à Monsieur Propre dans les années 2000 pour moraliser la vie interne du parti quand il s'en prenait au système Guérini dans les Bouches-du-Rhône ou à la corruption dans le Pas-de-Calais, qu'ici et là l'organisation de la formation née à Epinay en 1971 sur les décombres de la SFIO, était sujette à critiques. A tel point qu'on a parlé des « Bouches-du-Nord » dont le contrôle assurait le pouvoir national...

Dans les fédérations plus petites, comme en Franche-Comté, les jeux de pouvoir ont moins de conséquences. A fortiori dans les sections. Surtout, la relative modestie des effectifs adhérents — environ 600 dans le Doubs, 300 dans le Jura — permet une vie démocratique interne plutôt saine. Cela n'empêche pas les couacs et les petites vacheries liés aux rivalités d'ambitions, mais sans l'ampleur tragique des manipulations à grande échelle ou le clientélisme et les fausses cartes.

Alliances à géométrie variable

N'empêche, les votes internes serrés laissent parfois des traces. La victoire de Jean-Louis Fousseret face à Paulette Guinchard pour la désignation de la tête de liste municipale de 2001 marque encore la différence entre deux manières d'être socialiste, deux façon de militer, voire d'exercer les responsabilités. La première plus traditionnelle, la seconde plus participative. La désignation de justesse de Barbara Romagnan, comme candidate aux législatives de 2007, fait encore jaser parce qu'elle aurait mobilisé les adhérents à la hussarde.

Mais les alliances, au PS, comme dans de nombreux partis, sont à géométrie variables, se font et se défont. Myriam Lemercier avait rejoint le comité de soutien local à François Hollande que présidait Jean-Louis Fousseret avant l'élection présidentielle de 2012. Croisé récemment lors d'une réunion de soutien à Emmanuel Macron, le maire de Besançon ironisait sur l'absence, sinon l'invisibilité, des soutiens locaux de Manuel Valls. Le mandataire de Vincent Peillon pour le Doubs, Yves-Michel Dahoui, s'étonnait lui aussi de ne pas les avoir encore vus... Savaient-ils que la conseillère départementale et municipale Myriam Lemercier, qui a largement perdu le vote militant lors de la désignation de candidature pour les législatives face à Barbara Romagnan, était la mandataire départementale de l'ancien Premier ministre pour la primaire ?

« On est une quinzaine, on est les plus nombreux », assure-t-elle en précisant qu'elle a à ses côtés l'adjoint à la culture Patrick Bontemps, l'ancien adjoint aux transports Jean-Claude Roy, ou l'épouse de ce dernier, Christiane Roy-Ménétrier, ancienne conseillère régionale. « Il y a aussi des soutiens qui ne s'affichent pas, et puis, de nombreux militants attendent le second tour... » On s'étonne d'apprendre, à quelques jours du premier tour, qu'il y a des vallsistes bisontins et qu'ils sont en campagne. Elle explique : « Quand son équipe m'a appelée, j'ai pris les choses en main. Cela fait quinze jours qu'on distribue des tracs sur les marchés, on en est à 2000, l'accueil n'est pas mauvais ».

Myriam Lemercier à propos de Manuel Valls :
« On lui renvoie souvent son rôle de Premier ministre,
mais là, il veut être président, c'est autre chose... »

Elle soutient en l'ancien maire d'Evry « un homme d'Etat solide qui porte un projet sensé, intéressant, humain, social... » Vraiment ? Et la loi travail ? Le 49-3 ? Elle soupire : « Il y a d'autres choses. On lui renvoie souvent son rôle de Premier ministre, mais là, il veut être président, c'est autre chose... Il veut un référendum populaire, on le caricature souvent. On ne reproche pas aux autres candidats d'avoir été ministres ». Ces autres n'ont-ils pas refusé de gouverner avec lui ? « Je crois plutôt qu'ils ont été mis dehors », répond-elle.

Myriam Lemercier est très critique pour le revenu universel porté par Benoît Hamon : « il a un beau projet, mais il faudrait que la société change pour le mettre en place ». Elle ne votera pas pour lui si son champion n'est pas au second tour de la primaire, mais le suivra s'il gagne : « J'ai toujours dit que je ne soutenais pas les frondeurs, mais je suis au PS, je suivrai celui qui sortira... » Quel qu'il soit, ne risque-t-il pas d'être coincé entre Macron et Mélenchon ? « C'est une évidence... Et on sent que des candidats penchent pour Macron. Et s'il continue à monter, il faudra bien réfléchir... Je l'observe, j'ai lu des parties de son livre, sur les sujets de société, il est à gauche... »

Emmanuel Dumont : « On est là depuis l'appel du mont Beuvray »

On n'a pas non plus beaucoup vu les partisans d'Arnaud Montebourg depuis le passage de ce dernier, en octobre, à Besançon. Emmanuel Dumont, son soutien historique à Besançon, assure qu'il y a une campagne de terrain, avec des pochoirs... qu'il est difficile de poser ces jours-ci à cause du temps. De fait, le héraut de la démondialisation a dégainé l'un des premiers. « On est là depuis l'appel du mont Beuvray », explique Dumont qui n'est pas seul derrière l'ancien ministre. Il cite les élues régionales Salima Inezarene, Myriam Chiappa-Kiger, l'élue bisontine Myriam Elyassa, le vice-président au tourisme de la région Patrick Ayache...

Si Montebourg est le candidat du PS, que téléphonera-t-il à Mélenchon, comme il l'a annoncé ? Que dira-t-il au candidat de la France Insoumise parti bien avant et bénéficiant d'une dynamique que ne semble pas avoir un PS usé par le pouvoir ? « Il faudra de la transparence avec Mélenchon, discuter avec lui devant témoins... La campagne n'a pas commencé, elle peut faire beaucoup. Montebourg est la personnalité préférée des Français selon un sondage IFOP... Beaucoup de gens vont dans les meetings de Macron, comme dans ceux de Mélenchon en 2012... Certes, Mélenchon a changé, mais ses sbires sont toujours là. Et ils n'ont pas le monopole de la détestation de Valls et Hollande... Je pressens un duel Hamon-Montebourg au second tour de la primaire... »

Voilà qui remettrait le PS bien à gauche, mais n'est-ce pas un peu tard à trois mois de l'échéance ? Et alors, comme argumente Mélenchon, que le programme reste à élaborer...

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