Près de 1500 Bisontins au défilé du Premier mai

«Je n'ai jamais manqué un Premier mai... Je viens par tradition, pour l'émotion, il faut y être pour faire le nombre...» Jeune retraité de la fonction publique hospitalière, Gérard résume assez bien le soulagement de plusieurs participants de ce défilé marqué par la division syndicale.

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«Je n'ai jamais manqué un Premier mai... Je viens par tradition, pour l'émotion, il faut y être pour faire le nombre...» Jeune retraité de la fonction publique hospitalière, Gérard résume assez bien le soulagement de plusieurs participants de ce défilé marqué par la division syndicale. Les chiffres qui circulent vont de 1300 à 1500 personnes. C'est arrivé qu'il y ait moins de monde.
«C'est un Premier mai de désarroi», dit Gabriel qui, lui aussi, vient « par tradition ». Il garde à l'esprit la formidable mobilisation du 1er mai 2002 où la rue avait hurlé son refus de l'extrême droite : « il y avait un monde fou, une marée humaine après que Le Pen soit arrivé au second tour de l'élection présidentielle. Ce jour-là, il y avait même des SDF dans la manif, comme le 10 mai 1981 [l'élection de François Mitterrand], ce qui signifie que les changements politiques peuvent être des changements de société... »
Jacques a fabriqué sa pancarte : une photo de l'industriel Henry Ford et une de ses citations : « Si la population comprenait le système bancaire, il y aurait une révolution avant demain matin». Lui aussi prononce le mot de « tradition », il parle d' « échange de culture », des « valeurs de la gauche ».

Entre 150 et 200 personnes se sont rassemblées à l'appel de la CFDT sur le parking de la Rodia pour un petit-déjeuner au bord du Doubs. Elles ont reçu la visite de plusieurs élus socialistes (Jean-Louis Fousseret, Marie-Guite Dufay, Barbara Romagnan, Nicolas Bodin...) et du député écologiste Eric Alauzet. Les élus sont ensuite allés «saluer» le défilé des syndicats qui n'ont pas signé l'accord de flexi-sécurité.
A Montbéliard, 400 personnes ont défilé.
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Pour Francine, le Premier mai est « un rassemblement pour... » Elle fait de grands gestes de ses mains comme pour embrasser la foule... « un rassemblement humaniste ». Denis aussi est « toujours dans les manifs », il est de ceux qui sont soulagés : « il y a du monde aujourd'hui, j'ai toujours un petit doute sur l'apparence de rituel, mais il faut participer, prendre la rue. Je suis syndiqué, je vote Front de gauche, je suis déçu du solférinisme. Les changements n'arriveront pas par les urnes ». Peuvent-il arriver sans les urnes ? « Non... Je me contredis ! Le Premier mai, toutes les contradictions remontent... »
« Il faut être là, la situation est hyper-nulle pour les salariés, le gouvernement de gauche est nul, comme d'habitude, il fait la même politique que la droite en un peu moins sanglant, mais c'est le même point de vue du coût du travail trop élevé », dit Pierre qui ne cache pas son inquiétude : « S'ils continuent comme ça, la grosse Marine a de beaux jours. Je sens les gens démobilisés, je les entends dire on a essayé la droite et la gauche, c'est pareil ».
Etudiants en droit du travail, Sarah et Benjamin estiment « important » d'être là car c'est « la fête des travailleurs » pour qui « rien n'est jamais acquis, surtout dans le contexte actuel ». Sur la calandre du camion de Solidaires, une affichette proclame « Virez les banquiers, pas les salariés ».
Charles Piaget est là, souriant, parlant simplement avec qui l'aborde. « Le Premier mai, c'est le moment de l'année où l'on se rassemble pour rappeler les revendications du moment, en harmonie avec beaucoup de gens autour du monde pour parler du travail et du statut des salariés ». Comment voit-il ce Premier mai 2013 ? « On savait qu'en se débarrassant de Sarkozy, on n'aurait pas réglé le problème de fond : le libéralisme économique. Il allait beaucoup trop loin... Mais le libéralisme est resté là, je n'ai pas une confiance énorme dans le PS pour se confronter au problème... La déception est un peu rapide, mais on s'y attendait. On n'a pas les forces qui nous permettraient d'installer quelque chose d'autre, elles sont dispersées... C'est aussi le problème des médias : comment faire avancer les choses avec tout ce matraquage ? A Lip, on a mis quinze ans pour que les salariés s'émancipent, deviennent des salariés conscients. Il faut faire pareil pour avoir des citoyens conscients... »

Elus socialistes et écologistes d'un rassemblement à l'autre...
Les élus communistes étaient dans le défilé en ville au côté des militants du Front de gauche, comme des poissons dans l'eau...
Eric Alauzet, député EELV, est «venu saluer les gens, rive droite (parking Rodia avec la CFDT) et rive gauche (dans la boucle avec CGT, FO, FSU et Solidaires)».
A peine le cortège avait-il quitté la place de la Révolution que plusieurs élus socialistes arrivaient pour le suivre un moment. «Je viens saluer la CGT avec Nicolas Bodin et Barbara Romagnan», dit la présidente du Conseil régional Marie-Guite Dufay. «Il faut faire l'union sacrée pour l'emploi à PSA», continue-t-elle, «on a signé un accord de sécurisation professionnelle portant sur les intérimaires, je ne peux pas imaginer qu'avec 800 intérimaires sans travail, on ne puisse pas travailler ensemble comme en 2009». Fait-elle la comparaison entre ce Premier mai et celui de l'an dernier ? «On était heureux, et là on est maheureux...»
Jean-Louis Fousseret est lui aussi allé aux deux manifestations : «je souhaite l'unité syndicale, le temps est à l'union face à la montée de l'extrême droite dangereuse et de la droite revancharde».
Barbara Romagnan a, quant à elle, suivi le cortège jusqu'à la préfecture : «je manifeste tous les Premier mai, je regrette la désunion». Comment son abstention sur l'accord flexi-sécurité a-t-elle été considérée ? «J'ai été bien accueillie ici (avec la CGT...) et à la CFDT. Au-delà de ce débat, l'unité de la gauche doit être le plus important : il faut gagner quand on a le pouvoir, que la vie se transforme pour ceux qui en ont besoin...»

 

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