« Pourquoi marchez-vous si vite ? »

C'est l'une des six questions posées avec le sourire aux passants bisontins par la jeune association "Comme un élan". De nouvelles questions sont en cours d'élaboration. Réponses attendues à l'automne.

Comme un élan

« Créer un espace de convivialité dans l'espace public et permettre que tout un chacun puisse se l'approprier. Favoriser la prise de parole par ceux qui en ont peu l'opportunité. » Les membres associés de " Comme un élan " ont d'abord constaté que 80% des échanges dans l'espace public consistaient en demandes sommaires : l'heure, une cigarette ou le chemin à suivre… Ne se contentant pas de constater et de déplorer, ils se sont inspirés des « porteurs de paroles » (que l'association Matières prises de Tours popularise en France depuis dix ans) et animent à présent des « laboratoires de rue ». Quelles expériences y fait-on ? Quel genre de cobaye est le quidam ?

Voir la vidéo de Florent Blanchot sur Comme un élan

« Notre démarche n'est pas d'attirer à nous à tous prix et nous ne réalisons pas une performance, précise Caroline, avec quelques tables, des chaises, des gâteaux et des boissons, si l'attention des gens est éveillée, on donne libre cours aux échanges. Mais au delà de ces rencontres, notre démarche est de permettre de se réapproprier l'espace public. » Nicolas prolonge : « ces laboratoires nous permettent aussi de collecter la parole des gens pour la restituer publiquement ensuite. »

En 2012, du 3 au 20 octobre, ils se sont manifestés avec des affiches, des panneaux explicatifs et ont interpellé les passants à partir de six questions : qu'est-ce que vous attendez ? Qu'est-ce qui vous met hors de vous ? Quel rêve pour demain ? Pourquoi marchez-vous si vite ? Etait-ce mieux avant ? Qu'est-ce que la réussite pour vous ? La restitution s'est faite ensuite sous la forme de deux « criées publiques ». 

Ils étaient cinq ou six l'année dernière, se sont retrouvés à Besançon sans en être tous originaires. Etudiants issus de la filière socio-culturelle pour certains, il se réjouissent « de la belle mixité que l'on rencontre à Besançon ». Désabusés, individualistes, sans civisme, les jeunes ? Le cliché fait long feu à voir leur implication et leur conviction. 

Cette année, les questions seront élaborées avec les gens à partir de quelques consignes d'écriture. L'association, qui ne dispose pas encore de local, réunit maintenant près d'une vingtaine de membres. Trois « laboratoires » se sont déjà déroulés. Une cinquantaine de questions  ont été formulées. 

Pour Caroline, « la rue est aussi un espace politique, elle reflète des déséquilibres mais devrait autoriser une participation plus importante de ceux qui y sont ou y passent. On remarque aussi que les questions que les gens se posent sont largement partagées, nous le leur faisons savoir. Et nous veillons à ne pas anticiper les questions des gens ou à les orienter là où nous pourrions vouloir qu'ils aillent. Il est essentiel qu'ils se sentent libres de poser leurs questions, sans censure. Il faut que nous puissions être étonnés. La seule consigne est que les questions soient simples et puissent toucher un large public ». 
Les associés de « Comme un élan » savent qu'ils en faudra davantage pour changer le monde. Leur ambition est réfléchie, l'enthousiasme ne manque pas. Nicolas fait observer : « on se rend compte que beaucoup de gens tiennent autant que nous à cet espace public d'expression, beaucoup ont plaisir à discuter, certains s'étonnent que nous prenions du temps pour les écouter. Quelque-uns nous disent quand même que cela ne sert à rien. Des thèmes se retrouvent, se répondent. Un travail de recoupement et d'élaboration sera fait par l'association en petit groupe. »
Un autre « laboratoire » sera organisé prochainement avec le club de personnes âgées du FJT Les Oiseaux. L'association interviendra à l'occasion du tournoi de football de Montrapon du 15 au 19 avril. Des échanges devraient avoir lieu sur le quartier.
Une attention particulière est portée à la difficulté de prendre la parole, l'habitude qu'ont certains de le faire, y compris dans le milieu associatif, et la gêne que peuvent éprouver les autres. Des projets photographiques et musicaux sont envisagés. Caroline, Nicolas et leurs compagnons élaborent un nouvel « outil social » et espèrent que les gens pourront se l'approprier avec le temps.

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