Pour Sophie Montel (FN) réfugiés = migrants = clandestins

Au conseil régional, l'apparatchik caricature les outrances que le parti d'extrême droite avait tenté de dissimuler sous le vernis de la théorie de la dédiabolisation. Si elle est élue en décembre présidente de la grande région, elle abolira les 1000 euros que la région ajoute aux 1000 euros de l'Etat pour les places d'accueil. La réponse de Denis Sommer est cinglante : « votre vraie nature, c'est les pauvres contre les réfugiés ».

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Sophie Montel se surpasse, ce jeudi 24 septembre au conseil régional. Réagissant à la décision de Marie-Guite Dufay d'ajouter 1000 euros aux 1000 euros annoncés par l'Etat par place d'accueil pour les réfugiés de guerre, l'apparatchik du FN rappelle à ceux qui l'auraient oublié la véritable nature de son mouvement. Elle ne parle jamais des « réfugiés » mais de « migrants » qu'elle nomme indifféremment « clandestins » au fil de son propos. Comme si ces deux mots étaient des synonymes. Elle se drape dans une pathétique outrance verbale où la « submersion migratoire » rivalise avec le prétendu « délire immigrationniste » des dirigeants. Comme si la situation des demandeurs d'asile et des déboutés de cette demande d'asile était enviable. 

Mais c'est Sophie Montel qui délire lorsqu'elle prend la posture de la donneuse de leçon en lançant à la cantonade : « vous vous lamentez sur ces migrants, moi, je pense aux souffrances de mon peuple ». A cet instant, les élues écologistes Sylvie Meyer et Brigitte Monnet quittent la salle, écoeurées. La députée européenne poursuit avec un lyrisme qu'on dirait de pacotille s'il ne suintait la haine et la mauvaise foi : « vous voulez la préférence étrangère, je veux la préférence nationale ». Elle s'en prend à « l'angélisme des médias et leur silence coupable ». Le FN n'a pourtant pas à se plaindre des grands médias. Elle se demande, insinuant que la réponse est dans sa question, évidente mais indémontrable : « combien de djihadistes sont infiltrés dans la masse des migrants ? »

Marc Borneck (EELV ): « Voyons, Madame Montel, un peu d'humanité »

Elle fait, dans la droite ligne des vieilles antiennes de son premier mentor, Jean-Marie Le Pen, l'ignoble équation qui consiste à affirmer qu'avec « les chômeurs et les immigrés », il n'y aurait plus de place. Seule concession à l'évolution gauchisante d'un discours destiné à faire croire à une conversion sociale, comme le fit le parti nazi à l'aube de sa prise de pouvoir en 1933, elle lâche : « les grands patrons se frottent les mains ». Comme s'ils ne se les frottent pas déjà ! Comme si certains grands patrons du IIIe Reich ne s'étaient pas frotté les mains des affaires qu'ils firent grâce aux nazis... 

Déformant à dessein la proposition qu'elle qualifie de « débauche de moyens » allant provoquer un « appel d'air », elle éructe : « c'est inacceptable que la région se prépare à accueillir des clandestins. Nous abolirons cette mesure si je suis élue présidente ».

Marie-Guite Dufay commente sobrement : « nous sommes plusieurs à avoir honte de vos propos ». L'écologiste Marc Borneck fait la leçon : « Voyons, Madame Montel, un peu d'humanité. Quelque soit la guerre, elle fauche des innocents, et vous pensez qu'ils devraient se sacrifier pour votre confort personnel ». 

Denis Sommer (PS) : « Nos petits enfants nous diront plus tard : qu'avez-vous fait ? »

Le premier vice-président Denis Sommer s'adresse au coeur et à la responsabilité : « Nos petits enfants nous diront plus tard : qu'avez-vous fait ? Il y a des décapitations, des viols, des enfants enterrés vivants, il y a des horreurs qu'on connaît et d'autres qu'on découvrira ». Il parle de la Bosnie, de Srebrenica qui « n'a pas été empêchée : l'histoire dira les responsabilités ». Il témoigne des deux réfugiés bosniaques dont la famille avait été décimée, alors accueillis chez lui. Il dit : « les réfugiés sont là. Faut-il les remettre dans un bateau, dans un avion ? Ce sont des civils... 24.000 réfugiés dans un pays de 60 millions d'habitants et 36.000 communes, ça donne la dimension de l'effort ». Il parle comme maire de Grand Charmont qui a vite proposé de l'aide : « ce sont les plus modestes les plus solidaires, nous sommes ensemble, droite et gauche, parce que nous sommes républicains ».

Puis il pilonne : « Votre discours, Madame Montel, est à tous égards insupportable. La société que vous voulez construire est celle du mépris, du pire, de l'innommable. Votre vraie nature, c'est les pauvres contre les réfugiés. L'histoire de l'extrême droite dans notre pays, c'est celle du malheur ». Sophie Montel tente de l'interrompre : « je ne suis pas socialiste, j'aime mon pays ». Denis Sommer ne s'arrête pas : « Vous méprisez vos semblables et n'aimez personne. Ce serait un danger que vous accédiez un jour aux responsabilités, cela conduirait le pays au pire... » Il est applaudi par la majorité Verts-PS.

Entre temps, Stéphane Kroemer (LR) avait dit sa « fierté » de la réaction de la France, tout en voulant « ne pas entrer dans l'émotion et les envolées ». Il avait surtout indiqué que le sujet était du ressort de l'Etat, disant à Marie-Guite Dufay : « vous êtes présidente du conseil régional, et non de la République : à chacun son rôle ». S'interrogeant sur la nature de la compétence permettant à la région de s'engager au côté de l'Etat, il parle de « coup de communication politique » d'autant que la présidente avait curieusement dit en préambule « répondre à l'appel du PS ». Sans doute un lapsus en quoi le chef de file de la droite voit « l'effet d'annonce d'une candidate davantage que d'une présidente ».

Mais c'est en présidente que Marie-Guite Dufay avait répondu : les 1000 euros relèvent de « la compétence que l'histoire nous donne : nous sommes face à un défi historique, humain ».

 

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