Plus de 600 personnes rassemblées contre le FN à Besançon

C'est moins que pour les manifestations de 2002, mais en quinze ans la banalisation de l'extrême-droite par les grands médias et des politiciens reprenant des pans de son programme a fait son œuvre. Les manifestants ne savaient pas que Marine Le Pen allait quasiment se « rediaboliser » lors du débat télévisé quelques heures plus tard face à Emmanuel Macron...

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Une vielle dame qui a connu les privations de l'Occupation fait la moue, trouve qu'il n'y a pas grand monde au rassemblement contre le FN qui réunit 600 à 700 personnes ce mardi 3 mai en fin d'après-midi sur la place de la Révolution à Besançon à l'appel de quatorze organisations politiques, syndicales et associatives. Un jeune homme lui répond avec confiance que la France est « un pays révolutionnaire ». Elle réplique que si c'était le cas, « la place serait noire de monde »...

Il y a en tout cas moins de monde dans la rue qu'en 2002, quand Jean-Marie Le Pen avait atteint le second tour de l'élection présidentielle. En quinze ans, la banalisation du parti d'extrême-droite est passée par là. On était avant le débat télévisé de ce même mardi 3 mai où Marine Le Pen s'est rediabolisée en quelques dizaines de minutes. De quoi apporter a postériori des arguments à ceux qui veulent lui faire barrage.

C'est le cas de Dominique, institutrice qui a voté Hamon au premier tour : « je suis là pour dire qu'il faut voter Macron contre Le Pen... Je déplore la division syndicale du 1er mai... » Ne regrette-t-elle pas par son vote du 23 avril d'avoir contribué à éliminer la gauche du second tour ? Elle sourit : « c'est une question tordue ! Mélenchon me fait peur, par exemple quand il a dit à Lille que si Fillon ou Macron étaient élus, nous cracherions du sang... »

« On a tracté pendant quatre mois... »

A quelques pas, quelques Insoumis du groupe d'appui de Quingey. Michel Tasseti, 76 ans, vient de Cessey : « On a tracté pendant quatre mois deux après-midi par semaine... Mélenchon a eu 36 voix en 2012, il en a obtenu 57 cette année, un certain nombre prises sur le FN... On est dans des villages qui votaient de tout, mais peu pour Mélenchon. Les gens ont aussi voté pour un programme... »

Voilà deux étudiantes qui se sont mobilisées contre la loi travail. La relativement faible affluence fait dire à l'une que « c'est déprimant ». L'autre explique : « on s'y attendait... » Sous entendu : au résultat du FN. Un large cercle se forme autour d'une sono dont il faut s'approcher pour entendre les quelques mots prononcés par quelques intervenants. Franck Monneur (MRC) « n'accepte pas la défaite morale ». Paul Schmitt (SOS Racisme) espère que le 8 mai « on pourra à nouveau fêter la victoire contre le fascisme et le nazisme... »

La représentante d'Osez le féminisme assure qu'il faut tout simplement « lutter contre le FN quand on est femme », ne serait-ce pour le droit à l'IVG, à la PMA ou le financement des associations. Thibaut Bize (PCF) dit : « notre histoire s'est construite dans l'affrontement à l'extrême-droite ».

« Un FN le plus bas possible
avec le bulletin Macron ! »

Un militant du MRAP veut « un FN le plus bas possible avec le bulletin Macron ». Une femme empoigne le micro et dit sa colère : « Et vous avez vu son programme sur les handicapés ! Votez Macron pour faire barrage au FN... »

Joseph Pinard distribue des photocopies de la tribune de Yanis Varoufakis dans Le Monde intitulée « Emmanuel Macron a voulu sauver la Grèce, votez pour lui ! », puis il invoque Sartre, Camus, Jean Zay... pour mieux se lamenter de la « défaite culturelle » incarnée selon lui par Zemmour...

Des élus municipaux sont présents, mêlés parmi la foule où se côtoient socialistes et écolos, insoumis et communistes, libertaires et marcheurs, politisés de longue date ou plus récemment. On ne remarque aucun centriste ni militant de droite républicaine... Nathalie, qui a rejoint En Marche ! est venue pour une raison simple : « Nous n'en voulons pas ! Je suis là pour défendre les droits des femmes, sauver l'honneur de mes grands parents résistants... »

Au bout d'une heure, une petite averse hâte la dislocation du rassemblement qui laisse une affiche d'Ensemble au bord de la fontaine : « le 7 mai battre Le Pen, le 8 mai aucun répit pour Macron ». La majorité présidentielle n'aura assurément pas les mêmes contours que la majorité parlementaire !

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