Plus de 500 personnes défendent les urgences de Lons sous la pluie

Emmanuel Macron n'est pas venu remettre la légion d'honneur au maire de la ville Jacques Pélissard... Mais le bruit de sa possible visite a suscité une mobilisation express pour les urgences de l'hôpital au cours de laquelle le personnel s'est vu symboliquement remettre des médailles de l'endurance, du courage, de la non-violence ou encore de l'ubiquité « pour la capacité à travailler en sous-effectif ».

urgences

Plus de 500 personnes800 selon la CGT se sont rassemblées sous la pluie, lundi 10 juin devant l'hôpital de Lons-le-Saunier, pour une nouvelle protestation relative à la situation des urgences. Un beau succès pour une mobilisation organisée à la hâte dès que la venue d'Emmanuel Macron a été annoncée avant d'être démentie. Cette visite, c'était une occasion en or de donner un coup de projecteur, un de plus, sur la situation de nombreux hôpitaux, mais pas seulement : « Quand on voit ce qu'on fait de nos vieux dans les Ehpad... », soupire un des nombreux gilets jaunes qui sont depuis plusieurs mois dans la bataille au côté des personnels hospitaliers et des syndicats CGT, Solidaires, FSU, UNSA...

Une quinquagénaire est revenue de région parisienne au chevet de son vieux père hospitalisé après qu'il a attendu douze heures sur un brancard après un accident vasculaire. Elle aussi soupire : « ce n'est plus un problème droite-gauche, mais riches-pauvres... » Claude Borcard, conseiller municipal socialiste, sent que la colère est installée : « depuis trois semaines un mois, on  sent que ça commence à bouger dans l'opinion. Beaucoup de gens disent que ça ne va plus... »

On suppute sur les raisons de la non venue du président de la République. » Les RG voulaient savoir si on maintenait la manif puisque Macron ne venait plus », sourit-il. Son collègue communiste Thierry Gaffiot évoque de possibles problèmes de « logistique ». Pas forcément facile de mobiliser 500 gendarmes comme à Ornans le matin même alors que la foule ne se pressait pas dans la cité de Courbet. Richard Dhivers, le secrétaire de l'UL CGT se demande si l'Elysée n'a pas jugé risqué de se confronter à un mouvement pour les urgences au moment où l'on rendait hommage aux sauveteurs de la SNSM disparus... L'insoumis Gabriel Amard que la visite « était sur le planning de l'Elysée ».

Quoi qu'il en soit, la médiatisation est là. Au micro, un vieux militant CGT évoque dans un discours fleuve « l'Etat qui bafoue la loi à travers l'ARS en voulant supprimer la deuxième ligne de SMUR qui doit exister s'il y a plus de 1600 sorties par an, or il y en a plus de 1900... »  Rachid Hiébous, délégué CGT à l'hôpital, accuse : « ils font en sorte que l'hôpital dysfonctionne pour le privatiser... Ils ont fermé 60 lits depuis 2015... »

Elodie Balay-Perbot, de l'Alternative mutualiste, ironise avec passion : « ce n'est pas Jacques Pélissard qui mérite une médaille, mais les personnels des urgences ! Avec la direction de l'hôpital, il a refusé l'alerte, ils ont mis les gens en danger... » Arrive une ambulance qui actionne sa sirène. Aussitôt la foule s'écarte et lui fait une haie d'honneur en applaudissant son entrée dans l'établissement. 

La jeune femme poursuit, dit que 300 hôpitaux dans le pays sont « concernés par des fermetures de maternité, d'urgences ou de chirurgie ». Elle fait huer la députée LREM Danièle Brûlebois, le président du département Clément Pernot et le maire : « à quoi sert le label Made in Jura si on encourage la casse des services publics ? L'hôpital public est à nous ! »

Le représentant d'un « collectif citoyen » s'empare du micro et annonce la cérémonie de remise de médailles au personnel des urgences regroupé sur le petit escalier faisant face à l'entrée de l'hôpital, de l'autre côté de la rue. Il annonce plus de 6300 signatures de soutien recueillies en « moins de six jours... » Des citoyens ordinaires remettent alors autour de cou de soignants des cordons attachés à des plaques de carton de couleur représentant des décorations : celle de « l'endurance pour la capacité à travailler sans moyen », celle de « l'ubiquité pour la capacité à travailler en sous-effectif », celles encore de la « non-violence » et du « courage pour faire preuve d'esprit de service public »... L'émotion est palpable et les applaudissements font oublier qu'il fait un temps d'automne...

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