Patrick Ayache « de l’autre côté du miroir »

Le directeur général des services de la ville de Besançon va quitter ses fonctions le 15 octobre pour être candidat aux élections régionales. Il est en huitième position sur la liste socialiste du Doubs que nous dévoilons et sur laquelle les militants doivent se prononcer jeudi 17 septembre.

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La liste proposée par les instances fédérales, en concertation avec les représentants des différentes motions et de la tête de liste, doit être soumise à l'approbation des militants socialistes du Doubs ce jeudi 17 septembre, entre 17 h et 22 h comme partout en France. Elle ne comporte pas de grandes surprises. Les six premières places, éligibles en cas de défaite, ont été réservées à des élus d'expérience, pour la plupart professionnels de la politique. La liste est conduite par Marie-Guite Dufay, tête de liste régionale, immédiatement suivie du premier vice-président sortant, Denis Sommer, ancien secrétaire du syndicat CGT de Peugeot-Sochaux. En troisième position, Salima Inezarene, conseillère régionale sortante et adjointe à Audincourt, est attachée parlementaire du député Frédéric Barbier. Le Bisontin Luc Bardi, cadre de l'association Familles Rurales, est le seul non élu de cette première tranche. La cinquième de la liste, Liliane Lucchesi, éternelle opposante au conseil municipal de Pontarlier, représentera le Haut-Doubs, tandis que le maire de Baume-les-Dames, Arnaud Marthey, fait office de rescapé de la vague bleue des municipales 2014.

Patrick Ayache : « j'espère des responsabilités dans l'exécutif »
Comment êtes-vous devenu candidat ?
C'est une décision personnelle, prise avec Marie-Guite Dufay et Jean-Louis Fousseret. Je vais arrêter mes fonctions de directeur général des services. Ce n'est pas une obligation juridique, mais les agents et les élus auraient du mal à comprendre que je reste. Je passe de l'autre côté du miroir, j'espère des responsabilités dans l'exécutif.
Vous ne laissez pas que des amis à la ville...
Il y en a qui vont applaudir à mon départ, je suis lucide...
Quel est votre dada, les domaines où vous excellez ?
J'aime bien le management des hommes, des cadres, donner confiance et rassurer, pousser et tirrer. Je suis tantôt juriste tantôt financier. Le plus dur, quand on est directeur général, c'est d'entraîner.
Êtes-vous socialiste de toujours ?
Je suis un enfant de mai 68...
Vous avez été trotskiste, au PSU ?
Non, mais j'ai eu des responsabilités aux CAL, les comités d'action lycéens... J'ai toujours été engagé à gauche. Ma profession m'empêchait de faire état de mes engagements politiques. Là, il y a comme un prolongement naturel...
Avez-vous l'assurance de rester en position éligible en cas de victoire ?
Cela fait trente ans que le travaille avec les politiques. Je sais que les engagements ne sont définitifs que le lendemain, quand on les a vérifiés...
C'est un jugement sévère !
J'apprécie Marie-Guite Dufay, sa façon de faire de la politique... L'électorat sera partagé en trois tiers. Les écologistes auront-ils un score pour fusionner ? Je ne me projette pas jusque là.
Le risque de déclassement plane sur Besançon...
Je réponds que la grande région est une chance. C'est ce tournant historique qu'il faut prendre. Besançon a toujours été la capitale d'une petite région, elle sera la deuxième ville d'une très grande région...
Le monde rural est peu représenté sur la liste PS...
C'est difficile pour les ruraux, ils ont moins de temps, mais ne sont pas moins influents par d'autres moyens.

Les six suivants sont éligibles en cas de victoire électorale, mais la gauche ne part pas favorite. Myriam Chiappa-Kiger, ancienne première adjointe à Montbéliard où elle siège désormais dans l'opposition, conseillère régionale sortante, est aussi une professionnelle : elle travaille avec le sénateur Martial Bourquin. Elle est suivie sur la liste par Patrick Ayache qui « passe de l'autre côté du miroir ». Autrement dit, il franchit la limite invisible entre la fonction publique territoriale et la politique : il est actuellement directeur général des services de la ville de Besançon, poste qu'il annonce quitter le 15 octobre.

Une place pour CAP 21

Issue de la société civile au titre de laquelle elle avait été élue conseillère régionale en 2010, Sophie Fonquernie a rejoint le PS et figure en neuvième place. Engagée au syndicat Jeunes Agriculteurs puis à la FDSEA du Doubs, elle a siégé à la chambre d'agriculture et s'est retrouvée vice-présidente à l'agriculture ! L'ouverture au centre-vert est figurée par son suivant, l'avocat bisontin Yacine Hakkar, de CAP21, le mouvement créé par Corinne Lepage. Actuel vice-président à l'enseignement supérieur après l'avoir été au personnel, adjoint à la culture à Besançon, Patrick Bontemps ferme la marche de ceux qui peuvent faire les frais d'un nouveau revers de la gauche de gouvernement.

La société civile figure en treizième place avec la secrétaire régionale du MRJC, le mouvement rural de la jeunesse chrétienne qui fleure bon ce qu'on a appelé la « deuxième gauche ». Au total, sur les 23 noms proposés, on compte 20 socialistes, un CAP 21 et deux « société civile » dont Marie-Noëlle Schoeller, ancienne première adjointe au maire de Besançon. Cette liste n'aura aucune difficulté à être approuvée par la base socialiste. Reste à savoir avec quelle participation... « On a avalé tant de couleuvres », dit un militant du courant B, celui des frondeurs, quand même représenté par Myriam Chiappa-Kiger... Reste aussi une inconnue : en fonction des résultats de la liste écologiste, voire de celle du Front de gauche, quels candidats d'aujourd'hui seraient sacrifiés sur l'autel d'une fusion d'entre deux tours ?

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