Pascal Curie : « il y a une ligne rouge : on vote le budget »

Le président du groupe LREM du conseil municipal de Besançon estime que la motion sur laquelle le maire a été mis en minorité « ne change rien par rapport à la majorité municipale. On a été élus ensemble. ». La majorité peut-elle tenir jusqu'en 2020 ou 2021 ? Réponse : « il faut que ça tienne. On défendra le projet jusqu'au bout. Il faut que chacun respecte les autres... »

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Votre élection à la tête du groupe LREM n'a pas l'air d'avoir été simple...

Si, il n'y avait qu'une candidature. C'était relativement facile d'être élu. Guerric Chalnot n'était pas candidat. On en avait parlé ensemble : il est davantage impliqué au niveau départemental à En Marche...

Alors Denis Baud s'agite ?

C'est ce que certains disent, je ne sais pas. Quand j'étais au groupe PS, c'est le groupe qui avait élu Abdel Ghezali président, pas la section du parti.

Pourquoi avez-vous mis si longtemps depuis juin ?

C'était l'été. LREM a été transformé en parti, adopté ses statuts... Nous voilà à la rentrée. C'était compliqué, mais important de faire un groupe.

Pourquoi l'annoncer quelques heures avant le conseil municipal ?

Il y a eu un cheminement, il a fallu clarifier les choses, beaucoup s'en doutaient. Et on fait toujours partie du groupe majoritaire dirigé par Abdel Ghezali, on ne le remet pas en cause.

Vous avez été secourus par l'UDI et le MoDem qui ont voté avec vous contre la motion sur les emplois aidés...

Ça ne change rien par rapport à la majorité municipale. On a été élus ensemble. Il n'y a pas de contradiction avec les idées de LREM. Il est possible qu'il y ait de petites divergences, comme il y en a entre les PS et PCF... Cela n'a pas d'incidence énorme... Je ne sais pas si le terme « secourus » est le bon, ils ont parfois la même vision. La motion n'a pas une vision tout à fait juste des emplois aidés comme l'a rappelé Eric Alauzet. On est à 317.000 emplois aidés en 2017, il est vrai que ce sera en diminution en 2018. Ce n'est pas une suppression complète, ce qu'a dit Philippe Gonon est juste. C'est vrai, ce sera compliqué pour quelques associations.

Ces motions ne signifient-elles pas on vous surveille ?

Je ne pense pas... Il y a aussi deux contrats aidés à Grand Besançon Habitat que je préside. Mais je comprends les associations.

Craignez vous un vote négatif sur le budget ?

Normalement non. Chacun a sa liberté d'expression sur tous les points, mais il y a une ligne rouge : on vote le budget.

Des politiques gouvernementales pourraient-elles interférer sur le budget au point de remettre en cause le projet sur lequel vous avez été élus en 2014 ?

On ne sait pas encore. On prépare le budget 2018, on a entendu qu'il n'y aurait pas forcément de diminution des dotations pour 2018, mais que chaque collectivité devrait faire attention. Il y aura sans doute des points plus compliqués. On a déjà eu des baisses de dotation, et on essaie de s'adapter. Ni la ville ni l'agglo ne sont très endettées, et les mutualisations permettent de faire face.

Le rapport de force sur les questions nationales est de 27 voix pour la gauche, 19 pour LREM et les centristes. Que se passerait-il en cas de clash au sein de la majorité municipale ?

Sur les grands projets, on s'est mis d'accord en début de mandat. Il n'y a pas de raison de changer d'objectif. J'ai vu les autres présidents de groupe : il n'y a aucune raison de changer, notre feuille de route va jusqu'en 2020. Toute la majorité municipale sera évaluée sur ce qui a été promis et fait. Et on va avoir des réunions de mi-mandat dans les quartiers. 

Comment tiendrez-vous jusqu'en 2020, voire 2021 ?

Il faut que ça tienne. On défendra le projet jusqu'au bout. Il faut que chacun respecte les autres.

Pourrez-vous reconduire la même coalition ?

On n'en est pas là ! Ça fait une semaine qu'on a un groupe. Quand j'étais socialiste et le gouvernement aussi, il y avait aussi des interférences...

Jean-Louis Fousseret ira-t-il au bout de son mandat ?

Il faut le lui demander. Je n'en doute pas. Il est très attaché à la ville et à l'agglo...

Je voulais dire : dans l'hypothèse où il serait mis en minorité sur autre chose qu'une motion ?

Je ne sais pas si ce serait une bonne chose de le mettre en minorité...

Plus on s'approchera de l'échéance, plus ce sera difficile de maintenir la cohésion...

Oui... Tout n'est pas réglé dans les partis, y compris dans le PS. Et que vont devenir les Verts, le PC et la France insoumise ? Il y a encore des étapes avant les municipales. Le PS est en reconstruction, certains iront vers Mélenchon ou Hamon, d'autres vers les centristes...

Ceux là sont déjà à LREM, non ?

Il en reste quand même, disons sociaux-démocrates. Moi-même, avant de me décider, j'ai bien réfléchi. J'ai toujours voté PS. J'ai basculé quand la base est partie à fond à gauche. J'étais resté pour soutenir DSK... J'étais mal à l'aise et j'ai fini par franchir le pas. Certains le franchiront peut-être.

Eric Alauzet, qui est longuement intervenu au conseil pour contrer, avec des arguments, la motion sur les emplois aidés, s'est-il placé un peu plus en position de succéder à Jean-Louis Fousseret ?

Je ne pense pas... Sur les emplois aidés, c'est lui qui s'est exprimé, car comme député, c'était le plus légitime pour en parler. Je ne ferai pas le même raccourci que vous...

Pensez-vous que la majorité municipale puisse d'ouvrir à l'UDI ou au MoDem ?

Ce n'est pas moi qui décide. Cela signifierait qu'ils partagent le même projet, ce n'est pas une question de personnes. Peut-être que la question se posera un jour. Pour l'instant, ils sont toujours dans l'opposition.

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