Pourquoi voulez-vous être maire de Besançon ?
Parce que j'aime ma ville, je veux faire évoluer les choses, je suis le mieux placé pour le faire après 17 ans de mandat. J'ai vu deux maires, vécu trois groupes d'opposition, siégé dans toutes les commissions, des organismes parallèles comme l'orchestre, le secteur sauvegardé ou la Citadelle... Quand j'ai annoncé ma candidature, le 10 septembre, il n'y avait pas de candidat déclaré, il était temps que je me positionne.
Maintenant, il y a Jean Rosselot, sans doute bientôt Jacques Grosperrin, peut-être Michel Omouri... Vous paraissez divisés...
Michel Omouri est pour l'unité du mouvement... Quand je me suis déclaré, j'ai dit que je ne commenterai pas les candidatures des autres. C'est vrai que la dimension d'ancien député est un atout, mais je pense que mon expérience de trois mandats en est un aussi. A l'UMP de choisir.
Pourquoi êtes-vous devenu médecin, et plus particulièrement psychiatre ?
Mon père était généraliste et je ne voulais pas être médecin. J'étais peu pratique, peu manuel, intéressé par l'histoire et la politique. En première, je voulais faire sciences po. En terminale, j'ai découvert Freud et je me suis dit : pourquoi pas la psychiatrie, mais j'hésitais toujours entre politique, journalisme, médecin, avocat... A cette époque, j'avais aussi été impressionné par un débat télévisé entre Léon Schwartzenberg et Jean Bernard, en désaccord sur beaucoup de points, mais en accord sur l'éthique... Plus tard, quand j'ai passé l'internat, c'était l'année de la réforme regroupant dans un seul concours toutes les spécialités. J'avais mis comme priorités : psychiatrie et Grand Est...
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Qui va choisir ? Les militants ?
Selon les statuts, la commission nationale des investitures auditionne les cadres départementaux et les parlementaires pour les villes de plus de 100.000 habitants.
Et les militants ?
La question est en suspend. Ce sera fonction de la réforme des statuts au printemps, ce qui peut reporter les investitures à l'automne. Ce peut aussi être plus classiquement avant l'été, mais Copé a dit vouloir des primaires dans les grandes villes...
Que disent les militants ?
Ils ont envie de voter. En 2008, les militants étaient plutôt pour Jean-François Humbert, mais le national a refusé pour éviter un précédent qui aurait conduit à organiser un vote à Reims où il y avait deux ministres... En tout cas, j'ai annoncé ma candidature en septembre pour avoir les grandes lignes d'un projet. L'UMP doit d'abord travailler sur le fond, localement, avant de désigner un candidat.
Le fait-elle ?
L'opposition municipale, en lien avec le parti, le fait... Depuis un an, on n'avait plus de président de groupe, j'ai demandé qu'on s'autogère à quatre et qu'on ait un président qui ne soit pas candidat, c'est Jean-Marie Girerd.
Un homme plutôt consensuel.
Tout à fait, il s'efforce d'arrondir les angles...
Quels seront vos grands thèmes de campagne ?
D'abord la fiscalité. Il ne faudra pas augmenter les taux sur le mandat, à compétences constantes, comme l'avait fait Jean-François Humbert quand il présidait la région. Ce ne sera pas simple, il faudra des efforts de fonctionnement et investir. On va hériter d'une situation avec des chantiers lancés, des dotations d'Etat en baisse, des marges de manoeuvre limitées. Il faudra être prudent et inventif. Je donnerai des détails au fil du temps, mais j'ai six thématiques, trois villes : urbanisme, culture et sport, et trois en partage avec l'agglomération : développement économique, transports et jeunesse.
Commençons par l'urbanisme.
Le tram le modifie en partie, on va hériter d'une ville modifiée. Je souhaite un débat d'orientation d'urbanisme avant 2014, s'il n'a pas lieu, on a des pistes.
Pour Saint-Jacques, par exemple, il y a déjà des études et des pistes... Qu'imaginez-vous ?
Il faudra garder une sphère publique autour des bâtiments classés. J'ai aussi suggéré une dimension citoyenne et culturelle dans des parties à construire à proximité de l'ancienne maternité, en façade du Doubs : pourquoi pas un auditorium car celui de la Cité des arts n'est pas forcément celui qui correspond aux besoins de l'orchestre. Il faudrait aussi des salles de réunions pour les associations, pour l'agglomération et la ville peut-être, une bibliothèque, les enjeux de moyens sont déterminants, cela se fera sur deux mandats. Je pense aussi à des éléments à vocation sociale, pour des personnes âgées, ou de quartier.
Que faire aux Prés-de-Vaux ?
On ne sait pas bien où on en est... Il y a un projet, mêlant paysager, logements et activités économiques, la Rodia étant la tête de pont. La question est posée de déplacer la piscine, mais il faudra dépolluer avant...
Que sera votre politique culturelle ?
Il y a une ambition culturelle à droite, a fortiori en période de crise. Il y a eu dans ce mandat un remodelage profond, j'en ai partagé des choses, pas d'autres. Je suis d'accord sur l'ambition régionale pour l'orchestre, la réunions des deux scènes nationales. Il y a l'échec de Sonorama, l'utilisation insuffisante du festival de musique, je préciserai cela plus tard. Je regrette aussi le départ de Philippe Mathieu qui n'a pas eu les moyens de ses ambitions pour valoriser le patrimoine Vauban. Comment a-t-on pu, après avoir été moteur du réseau Vauban, ne pas en tirer de bénéfice pour le tourisme ? Quand on change de communication tous les deux ou trois ans, c'est illisible.
Ne faut-il pas changer quelque chose qui ne marche pas ?
Il fallait garder le temps, on n'a pas assez utilisé la Citadelle...
Votre politique sportive ?
C'est hibernatus pour le haut niveau ! Il y a une grande richesse pour le sport de masse.
Les problèmes du haut niveau ne viennent-ils pas de la société civile bisontine ?
C'est aussi le problème du tissu économique de la ville, des choix de la ville et des erreurs de certains dirigeants. Même en priorisant le BBCD (ndr : basket), ça n'a pas empêché le fiasco, également du foot et du hand. Je partage l'idée que le handball est une spécificité bisontine. Ensuite, il faudra reconstruire le club de foot.
Que ferez-vous ?
La démarche actuelle est bonne, il faut déjà arriver en division d'honneur puis rejoindre un championnat de France en un an et demi. Il y a beaucoup de choses que je continuerai en ne répétant pas les erreurs passées.
Côté développement économique ?
Il doit être industriel, touristique, environnemental, culturel. Je partage le retour d'une ambition horlogère. J'inaugurerai le tram pour lequel j'étais opposé à cause de la taxe Versement transport trop lourde, parce qu'il ne concerne pas l'ensemble de l'agglo, que c'est un tram plutôt au rabais avec un seul moteur et pas de clim... Il faudra lancer une réflexion sur comment mieux irriguer le reste de l'agglo, utiliser davantage le train sur les axes sud et Novillars-Saint-Vit...
La jeunesse ?
Le travail du conseil de développement participatif de la CAGB m'a donné à penser que l'agglo pourrait prendre cette compétence. Les apprentis, salariés et étudiants travaillent à Besançon, mais les équipements ne sont pas sur l'ensemble de l'agglo, d'où une discrimination. On parle souvent de la discrimination économique et sociale envers les quartiers, mais ils ne le sont pas sur les transports et la culture.
Pensez-vous que vous pouvez gagner en raison des difficultés nationales de la gauche ?
On gagne plus facilement les élections locales quand on n'a pas le pouvoir national. On a perdu la région quand nous étions au pouvoir. Besançon a la particularité qu'on a toujours perdu depuis 60 ans. Il faut préparer un projet crédible et donner envie de voter pour nous, pas seulement en critiquant. On a souvent été bons dans la critique, pas toujours dans la proposition. On ne gagnera pas seulement en étant contre le tram, les travaux très gênants seront bientôt terminés, les gens changeront vite d'avis. On va sans doute inviter les Bisontins aux essais de rame, à la place de Fousseret, c'est ce que je ferais...
Le PS est largement impliqué dans la ville...
Oui. Et les réseaux de droite ne sont pas assez structurés ou solidaires. Des gens ont aussi envie de voter pour un élu expérimenté parce qu'ils veulent que ça change. Il y a aussi envie que ça change à gauche. Sur les réseaux sociaux, le Parti de gauche a envie d'y aller, mais je ne suis pas sûr que Christophe Lime (PCF) soit dans une dynamique de construire une liste contre Fousseret, je crois aussi peu à une liste verte contre lui. Mais son profil social-démocrate, de même que la culture bisontine, leur laisse de la place. Si la droite est unie, ce n'est pas le FN qui nous met en difficulté. Sur le FN, il y a le combat moral, mais ces gens qui passent leur temps à donner des leçons et dénoncer l'Etat UMPS, volent les électeurs, ne travaillent pas dans les assemblées où ils sont élus. Ils ont des indemnités qui servent à faire vivre le FN, en séance, ils ne disent que ce que Paris a envoyé...
Seriez-vous d'une droite complexée ?
Non ! Je n'ai jamais eu de complexe à me dire de droite.
Vous êtes modéré dans votre expression, mais on dit aussi timide...
Tout le monde me dit que je suis réservé. Ça doit être une déformation professionnelle de ne pas me mettre en avant, ça peut être rassurant pour un maire, mais je peux être en première ligne ! J'ai peut-être aussi un fond de timide qui se soigne ! On l'a dit de Jean-Claude Duverget que certains trouvaient trop consensuel, ça l'a empêché d'être candidat. J'étais plus clivant avant d'être élu. On apprend avec l'expérience. A l'époque, j'aurais dit qu'il fallait privatiser l'eau, je ne le dirais plus...
Pensez-vous que les soucis qu'ont eus les élus de la majorité municipale, Yves-Michel Dahoui, avec le Pavé dans la mare, et Annie Ménétrier, avec la Mission locale, puissent vous servir ?
Sur le Pavé, je ne veux pas mettre en cause les personnes. Et j'attends les conclusions de la commission transparence. Il est vrai que le milieu culturel, qui est un peu frondeur, peut être déçu. Quant au théâtre Bacchus, il a été soutenu par des Bisontins allant de l'extrême gauche à la droite... Pour la Mission locale, je ne veux pas accuser quelqu'un nommément. Il est vrai qu'elle a des comptes à rendre aux salariés, il y a une carence à assumer, je la sens en porte-à-faux...
Seriez-vous un maire à plein temps ?
Je garderai une activité professionnelle, serai maire aux deux tiers et ne serai pas président de l'agglo.
Verriez-vous Gabriel Baulieu, l'actuel premier vice-président, à ce poste ?
Je crois qu'il est proche de l'actuel président... On aura en tout cas une démarche UMP pour l'agglo.