Parfum d’unité nationale au conseil municipal de Besançon

Sans masquer leurs divergences sur quelques sujets, gauche et droite ont, lundi 14 décembre, rivalisé d'amabilité et de courtoisie, sauf en une occasion. Le leader de l'opposition LR-UDI, Jacques Grosperrin s'est réjoui que « la république a gagné » aux régionales, ce qui lui a vallu l'ire du FN...  

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La courte victoire de la liste socialiste aux élections régionales s'est évidemment invitée au conseil municipal de Besançon de lundi 14 décembre. En ouvrant la séance, Jean-Louis Fousseret l'évoque en précisant que ce n'est « pas le lieu d'en faire l'analyse ». Le leader de l'opposition Jacques Grosperrin en tire pourtant quelques enseignements : « hier, la république a gagné. Je félicite Mme Dufay, elle a gagné sur le fil, ça l'engage, mais je sais qu'elle saura respecter l'opposition. Hier, les partis traditionnels ont perdu. Cela doit nous engager à l'exemplarité dans les débats. Le FN est là où il est sans faire campagne, il n'est pas une alternative crédible ». Et se tournant vers le maire : « Nous avons envie de travailler avec vous ».

« J'entends votre volonté, votre état d'esprit constructif, ça me satisfait », répond Jean-Louis Fousseret en en rajoutant dans ce qui réunit les partis classiques : « Il ne suffit plus de dire qu'on a entendu l'appel du peuple. Il ne faut plus de discours de haine ni de peur... François Sauvadet a fait une campagne correcte. Il pourra, à sa place, dans l'opposition, défendre l'intérêt général ».

« Quand on n'est pas aux responsabilités, c'est toujours trop cher »

Désormais nouvel élu régional FN, Julien Acard marqua son territoire à droite : « Je suis las de voir que Jacques Grosperrin donne des leçons de démocratie, il n'en a pas la légitimité... Je veillerai, au conseil régional, à défendre nos électeurs bisontins ». Tiens tiens...

Sur 70 délibérations adoptées, le FN s'est abstenu 18 fois et l'union UDI-LR-MoDem 5 fois. Le FN a voté contre 5 rapports (tarifs [services et crématorium] ; transfet de compétence habitat et logement à l'agglo ; convention avec centre interbational de séjour ; subvention à l'association accueil famille Pergaud [aide à la relation familiale des détenus]) et des élus PCF contre 2 (dérogation au repos dominical des salariés : 5 voix contre ; avenant convention aménagement ZA Pasteur : 2 voix contre).

Les deux élus FN votent ainsi contre les nouveaux tarifs qui ne bougent pas (objets de communication comme la carafe La Bisontine) ou augmentent de 1% (marché Beaux-Arts) à 2% (droits de place, fourrière, alambic, terrasses, etc.). Christophe Lime (PCF) entend démontrer que la combinaison de l'inflation et de la baisse de la consommation d'eau conduit à une baisse des factures d'eau en euros constants d'environ 3% depuis 2001. Le FN ne vote pas non plus l'augmentation de 0,44% des tarifs du crématorium : « 2%, c'est beaucoup », dit Philippe Mougin qui s'entend répondre par le maire : « quand on n'est pas aux responsabilités, c'est toujours trop cher, mais il faut bien payer l'énergie... »

La restructuration d'un emprunt bancaire « complexe » mais « sans risques majeurs » permet selon Jean-Louis Fousseret d'économiser 385.000 euros. C'est adopté sans coup férir et Pascal Bonnet (LR) en profite pour « glisser un cavalier ». Autrement dit une suggestion incidente : « reprenez la proposition de François Sauvadet de créer un pôle Europe à Besançon ». Le maire est toujours aussi consensuel : « J'en parlerai à la présidente de région et on regardera. Tout ce qui est bon pour la ville est bon à prendre. Si ça vient des amis, c'est bien. Si ça vient d'autres, je suis d'accord ».

Gonon : un accès des collège à la fibre optique

Les mutualisations de services, de matériels et de personnels entre ville et agglomération sont également l'occasion d'échanges aimables. Ludiovic Fagaut (LR) aimerait connaître les gains qu'elles ont apporté. 240.000 euros pour la mise en commun de la direction des finances et de la direction de la performance et du conseil de gestion (ville et agglo), et la direction de l'administration (ville, agglo, CCAS). « Je ne suis pas opposé non plus à mutualiser des services avec le département, que ses voitures fasse le plein à notre pompe », dit Jean-Louis Fousseret. Philippe Gonon (UDI), depuis avril vice-président du département, en profite pour suggérer que les collèges de l'agglomération aient accès à la fibre optique du réseau Lumière. Le maire n'a rien contre, à condition d'un accord écrit prévoyant que le département paie le raccordement et loue son bout de fibre...

La réduction de l'activité des correspondants de nuit en novembre et décembre est l'occasion pour Michel Omouri de voler à sa manière dans les plumes du maire : « à certains moments, il n'y a pas de présence à Planoise, il n'y a qu'une permanence téléphonique, la facture ne correspond pas à la réalité... L'agglo de Dijon qui avait supprimé le service y revient à cause de l'explosion de l'insécurité. On devra y revenir tôt ou tard ». Jean-Louis Fousseret se dit « abasourdi : les 870.000 euros ne sont pas pour deux mois, mais pour toute l'année ». L'adjointe Danièle Poissenot s'étonne : « vous les avez défendu et là vous dîtes qu'ils ne travaillent pas. Nous avons constaté le besoin d'une autre médiation, on a donc construit des binomes agent de sécurité - médiateur des bailleurs sociaux ».

Omouri : « Je vous mets au défi »
Fousseret : « Vous vous prenez pour qui ? »

Mais Omouri monte sur son cheval : « Je vous mets au défi de convoquer l'adjoint de sécurité pour venir avec moi vérifier sur le terrain. » Fousseret n'est pas content : « Vous vous prenez pour qui ? » Il se tourne vers Jacques Grosperrin : « expliquez à monsieur Omouri qu'il y a des choses qu'on fait et d'autres qu'on ne fait pas. Quand j'étais conseiller général, je ne convoquais pas Georges Gruillot ! On se respecte, on ne dit pas n'importe quoi ! » Christophe Lime conclut l'altercation : « nous étions sceptique à la création des correspondants de nuit en raison de l'intervention de l'office HLM et de la précarisation de l'emploi ».  

Son groupe vote contre la délibération suivante qui porte à cinq le nombre de dimanches travaillés dans le commerce sur l'agglomération, en application de la loi Macron. Les communistes sont cependant « satisfaits de la concertation et de la cohérence sur l'agglo » menées par l'adjoint Thierry Morton. Avant, les différentes zones commerciales n'étaient en effet pas à la même enseigne selon les communes...

Les deux élus FN, Julien Acard et Philippe Mougin. Le premier entend défendre ses électeurs au conseil régional. Le second défend l'armement de la police municipale... LR et UDI aussi mais dans un texte différent. Tout comme le MoDem...

 

Deux motions, l"une présentée par le FN, l'autre par LR et UDI, réclamant un armement pour les policiers municipaux ont conclu ce dernier conseil de l'année par une grosse demi-heure d'échange d'arguments déjà entendus. Toutes deux prennent appui sur les attentats du 13 novembre, approuvent la réaction de François Hollande, et demandent à Jean-Louis Fousseret d'aller plus loin que la fourniture de pistolets à l'impulsion électrique aux policiers municipaux décidée après les attentats de janvier.

Le maire est resté sur sa position, considérant que courir après les bandits relevait de la police nationale, équipée et formée pour cela. Christophe Lime a appuyé où ça fait mal : « on a fait la chasse aux fonctionnaires, donc aux policiers. Le transfert de charge sur la collectivité serait de 3 millions. Il y a une pression de l'Etat pour ce transfert, mais aussi des syndicats de policiers municipaux. Leur sécurité, c'est de se retirer des événements trop graves. Il ne faut pas oublier non plus que 90% des décès de policiers sont des suicides. Ce n'est pas avec l'émotion qu'on conduit une politique ».

Fousseret : « je protège mieux les policiers municipaux en ne les armant pas »

Philippe Mougin (FN) a assuré : « on ne demande pas des cowboys, mais des gens formés. Quant au coût, c'est un faux problème, il peut être limité ». Notamment par les armes issues de la police nationale et promises par l'Etat... Jacques Grosperrin a joué sur la corde unité nationale : « on sera à vos côtés sur la solidarité, rejoignez-nous sur la sécurité ! » Jean-Louis Fousseret, se prévalant de la « quasi-unanimité » de la majorité municipale, n'a rien lâché : « je protège mieux les policiers municipaux en ne les armant pas qu'en les armant... »

Aucune des deux motions n'a été adoptée, celle du FN recueillant 2 voix, celle de la droite 10 voix. Les deux élus MoDem, favorables à l'armement, n'ont pas pris part aux votes,  car les motions « ne sont que des grandes déclarations d'intention qui contribuent à donner l'image d'une politique impuissante et déconnectée ».

 

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