Myriam Lemercier (LREM) vole dans les plumes des candidats déclarés pour 2020

Elue municipale et départementale de Besançon, elle critique « ces potentiels candidats qui n'ont pas compris que les électeurs ne veulent plus de cette politique ! Prétendre qu'un homme serait celui qui détient la vérité sur le bon programme est stupide ». Elle trouve que « le mouvement des Gilets jaunes n'est pas négatif… » et répond à quelques questions sur Macron ou le hiatus institutions / travailleurs sociaux et associations sur la solidarité et les migrants.

myriamlemercier

Conseillère municipale de Besançon, conseillère départementale de Planoise, Myriam Lemercier est surtout connue pour animer depuis longtemps Croc Livre, une association militant avec opiniâtreté pour la lecture dès le plus jeune âge. On l'a soudain vue faire irruption dans le champ politique lors de la campagne présidentielle de François Hollande dès fin 2011. C'était une étape vers son élection au conseil municipal en 2014, puis au conseil départemental en 2015. Battue par Barbara Romagnan au sein du PS pour l'investiture aux législatives de 2017, elle a suivi Jean-Louis Fousseret à LREM.

Au début de la semaine, elle envoie un mail à notre rédaction « pour répondre une fois pour toute à ceux qui [l]'ont interrogée » sur les municipales de 2020. Il est assez sévère pour tous ceux qui se sont déclarés, dans son parti comme dans ce qu'on appelle encore majorité municipale, à tout le moins l'équipe élue en 2014 : « A l'heure du Grand Débat certains élus continuent à ne penser qu'à leur prochaine élection et annoncent sans complexe leur candidature à la tête de la mairie de Besançon… Certains l'assument seuls et attendent patiemment les "j'aime" sur facebook ou autres réseaux sociaux pour calculer leurs chances de réussite. D'autres préfèrent pousser les "copains" avec des listes de soutien d'inconnus. Parce qu'il ne faut pas se leurrer, dans une ville, les citoyens connaissent leur Maire ! Les autres ne sont que des colistiers qui croisent leur chemin sur des dossiers précis mais qui sont vite oubliés quand ils perdent leur statut politique. »

« J'ai rejoint En Marche parce que ce mouvement réfléchit autrement »

Là, on se demande quelle mouche l'a piquée, mais on poursuit la lecture : « Mais je reviens sur la forme : ces potentiels candidats n'ont toujours pas compris que les électeurs ne veulent plus de cette politique ! Aujourd'hui prétendre qu'un homme serait celui qui détient la vérité sur le bon programme est stupide.
J'ai rejoint En Marche justement parce que ce mouvement réfléchit autrement. Le programme pour Besançon se construira avec les habitants quartier par quartier, thématique par thématique....
Ce ne sera pas "TOUS POUR UN" mais "UN POUR TOUS" !
Voilà la raison pour laquelle je ne soutiens personne aujourd'hui. Soutenir QUICONQUE aujourd'hui c'est ignorer le mouvement social des gilets jaunes, c'est ignorer les idées qui vont se dégager du Grand Débat, c'est ignorer les habitants qui n'en peuvent plus de ces querelles politiques d'hommes et de femmes qu'ils ne croisent jamais aux caisses des supermarchés ! »

Alors on réfléchit un instant. Veut-elle quelque chose ? Une place ? Est-elle animée par un projet ? Et on l'appelle pour lui demander :

Vous voulez contrer Eric Alauzet ?

Non. Ce n'est pas que je ne le soutiens pas. Je ne soutiens personne. La règle à En Marche, c'est d'abord de s'appuyer sur un projet, sur les expériences et les expertises des gens. Et pas l'inverse...

Est-ce donc la méthode qui est en cause ?

Oui ! Que ce soit Nicolas Bodin, Anne Vignot ou Eric, c'est pareil. C'est déjà compliqué avec ces groupes au conseil municipale, pourquoi y apporter de la confusion ? Comme l'a dit Alexandra [Cordier, référente départementale de LREM], on est sur les élections européennes. Les municipales viendront ensuite. Il faut aussi attendre le résultat du Grand débat, attendre l'expression populaire avant de dire qu'on est candidat.

A leur manière, c'est que font EDGE et LFI… Il y a un problème de calendrier ?

Alexandra a donné ce calendrier. Le moment n'est pas propice pour que les élus soient candidats...

Vous préférez un programme à un casting ?

Tout à fait. On verra bien qui incarne alors ce programme. Les Français ne veulent plus de ça !

Vous en parlez en interne ?

Oui… Le résultat, c'est que malgré ça, on voit ce qui arrive.

« Sans doute est-ce une erreur politique d'avoir supprimé l'ISF aussitôt »

Aujourd'hui, LREM semble avoir deux candidats : Eric Alauzet et Alexandra Cordier...

Peut-être y en aura-t-il d'autres ?

Myriam Lemercier ?

Oh non ! Un maire, je vois ce que c'est, ça se lève à 6 heures du matin… Notre maire est populaire, il a donné sa vie : c'est ça aussi être maire. J'aime aller au contact, mais je ne sens pas cette santé. Mais celui qui sera investi, il n'y aura aucun problème pour que je le soutienne...

Quel bilan faites-vous d'Emmanuel Macron ?

On n'a jamais autant eu d'adhérents, sa côte de popularité remonte… Moi qui suis élue de Planoise, je vois que le dédoublement des classes de CP est formidable. Des enseignants disent gagner trois mois sur les apprentissages. Sans doute est-ce une erreur politique d'avoir supprimé l'ISF aussitôt. Il aurait fallu prendre d'autres mesures avant. Sur la prime d'activité, c'est bien que ça touche des jeunes adultes, on les oublie souvent. Le mouvement des Gilets jaunes n'est pas négatif. Ce n'est pas plus mal de se tourner vers la population qui n'était pas prête à certaines mesures. Macron, je le sens sincère. Honnête et sincère...

Il met quand même en oeuvre un programme que la droite libérale du pays n'a jamais osé faire !

Ni la gauche d'ailleurs. Il a été élu sur un programme qu'il applique. J'entends les critiques, mais c'est quand même génial d'avoir supprimé la taxe d'habitation. La plupart du temps, les choses ont changé en mieux dans la vie des gens. Je ne regrette pas de l'avoir soutenu. Je prône une culture pour tous, l'égalité. Je ne suis pas de droite. J'ai encore toutes mes valeurs de gauche. C'est bien que les Gilets jaunes l'aient ramené sur le terrain. Autour de moi, les gens savent que je suis à En Marche, et jamais je ne me fais insulter.

Vous avez un groupe LREM au conseil départemental ?

Il y a des élus...

… de la majorité et de l'opposition...

C'est ça… Au département, les gens sont élus sur leur nom. On bosse ensemble, on a des échanges, on est écouté, pris en compte. Je suis dans la première commission, celle des solidarités.

Justement, voilà un mouvement des travailleurs sociaux de l'Hygiène sociale du Doubs qui protestent contre la fin du contrat jeune majeur...

On travaille dessus. Vous en saurez davantage lors de la prochaine assemblée, en mars...

« On est pressé. Il arrive des gens tous les jours. On n'a plus le temps de réfléchir… »

Au-delà de la politique, le positionnement idéologique libéral pose problème dans ce pays...

Je ne crois pas. C'est une interprétation, une manipulation.

Quand même, la position de la Ville sur les migrants...

Les migrants, c'est du ressort du département et de la préfecture. Ce qui s'est passé à Arène, c'est de l'effraction, ils ont tiré l'eau et l'électricité chez les voisins...

Parce que la ville a rompu avec son histoire...

Je ne suis pas d'accord. Il y a des cas particuliers, des déboutés du droit d'asile à plusieurs reprises...

Mais c'est ce que dit la préfecture ! Pourquoi la ville la croit sur parole, y compris quand elle est déboutée par le tribunal administratif ?

Je ne suis pas au CCAS… Je suis davantage les mineurs non accompagnés.

Sur ce point, le collectif Vigie, ce sont des travailleurs sociaux qui n'en peuvent plus, a dénoncé des situations insupportables faites aux mineurs non accompagnés par le département, à qui l'Etat ne donne pas les moyens d'agir...

Je sais. On me dit que c'est en cours. J'ai vu un hôtel où les mineurs étaient surveillés par des caméras et l'ai dit au conseil départemental : mais qu'est-ce que c'est que ça ?

Des hôteliers profiteraient de la situation, d'une sorte de rente ?

Je ne sais pas, mais c'est l'effet que ça fait. On est pressé. Il arrive des gens tous les jours. On n'a plus le temps de réfléchir...

Les rapports entre la société civile et les travailleurs sociaux qui s'occupent des gens au quotidien sont exécrables avec les institutions, que ce soit l'Etat, la Ville ou le département...

Il faut travailler avec la société civile, les associations… Lorsqu'il y a des jeunes, il ne faut pas tous les rassembler dans un hôtel, mais les loger en appartement, ou en famille d'accueil… Les travailleurs sociaux n'en peuvent plus. Il faut trouver d'autres solutions. C'est un sujet délicat, mais on peut reprocher à personne de ne pas faire son travail. Le problème, c'est ce marasme. C'est un sujet mondial...

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !