Municipales 2020 : Nicolas Bodin (PS) se déclare candidat

L'adjoint à l'urbanisme de Besançon proclame représenter « une alternative à la droite macroniste et à la droite républicaine ». Visant d'abord la place de « premier des socialistes » qui sera soumise au vote des adhérents le 28 mars, il entend ensuite conduire une liste d'union de la gauche. Et si elle ne se fait pas, il souhaite que le PS y aille tout seul...

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Il a été à l'école Fousseret. Longtemps dans ses pas lors des visites de terrain et des campagnes électorales, il a pris du poids politique, a suivi de gros dossiers, été rapporteur du budget, animé la fédération socialiste du Doubs… Il siège désormais juste à la droite du maire au conseil municipal. Mais c'est par la gauche qu'il espère lui succéder en mars 2020. Nicolas Bodin, enseignant-chercheur à l'ENSMM, l'emblématique école d'ingénieurs de Besançon, auteur d'une thèse en tribologie, la science des frottements – ça peut aider en politique –, est enfin un candidat officiellement déclaré à la mairie et à la présidence de la communauté d'agglomération.

Nous le pressentions depuis un moment, nous avions écrit à la rentrée qu'il s'y préparait après la publication d'une tribune traçant une ligne dont il n'a pas dévié depuis. Il l'a annoncé dans la populaire brasserie de l'Ile-de-France, à Planoise, quartier qu'il n'habite pas mais qu'il connaît bien pour en suivre le programme de renouvellement urbain. Planoise dont Jean-Louis Fousseret a fait en son temps son premier fief politique, y étant élu conseiller général de 1988 à 2001.

Nicolas Bodin a annoncé sa candidature en solitaire, uniquement accompagné de Nicolas Béliard, l'attaché du groupe socialiste, venu sur ses congés, comme militant, pour filmer un événement qui n'a rien d'un coup de théâtre. L'ancien étudiant charentais né en Vendée, passé par l'université de Poitiers puis le Centre national d'études spatiales d'Evry, parait avoir bien étudié sa trajectoire.

Est-il sur orbite ? Pour ce faire, il devra franchir d'autres étapes. La prochaine est le vote interne au PS bisontin qui collecte les candidatures du 15 février au 15 mars avant que les adhérents se prononcent le 28 mars. S'il la franchit, il ne sera alors que le « premier des socialistes » pour le scrutin de l'an prochain. Pour être tête de liste, il faudra en passer par des discussions ultérieures avec ses partenaires potentiels du PCF, d'EELV, de Génération.s. Et même du mouvement de Raphaël Glucksmann, Place publique, qui paraît surtout focalisé sur les élections européennes et cherche à éviter à ceux qui se réclament de gauche entre Macron et la France insoumise, de boire le bouillon. L'histoire dira si Place publique survit au 26 mai.

Le fils politique préféré de Jean-Louis Fousseret

Bodin n'oublie pas non plus de citer EDGEEspace de dialogue des gauches et de l'écologie, l'association bisontine qui tente de fédérer les acteurs locaux de ce même espace politique. Il se rend depuis quelque temps à ses travaux, ce qui lui permet de côtoyer dans la réflexion politico-programmatique des militants communistes, écologistes, sans carte politique, et même des socialistes en délicatesse avec leur propre parti sinon avec le groupe PS du conseil municipal : on songe notamment aux deux élus qui ont rejoint l'intergroupe, Jean-Sébastien Leuba et Anne-Sophie Andriantavy.

Nicolas Bodin a tout du fils politique préféré de Jean-Louis Fousseret dont il fut deux fois directeur de campagne. Mais évidemment, le départ de ce dernier à LREM a changé la donne. Sa conversion au macronisme a « mis la majorité municipale en difficulté », écrivait Bodin en septembre. Ce jeudi, il reformule une idée qu'il répète régulièrement : le maire « respecte scrupuleusement le programme de 2014 ». Il l'avait également défendu, face à la gauche et l'extrême-gauche, sur le principe de l'arrêté anti-mendicité tout en déplorant une écriture bâclée. Et il faut l'interroger pour qu'il admette que les décisions gouvernementales, sur les contrats aidés ou la contractualisation, impactent les politiques municipales.

En fait, ils ont au moins deux divergences. La première porte sur le clivage droite-gauche que Fousseret entend dépasser quand Bodin y « croit », estimant qu'il « réapparaitra nécessairement ». La seconde, moins évidente, découle de la première : quand Fousseret défend la communauté urbaine, Bodin critique la métropolisation, notamment pour Dijon qui « ne figure pas parmi les dix ou douze grandes métropoles : face à Strasbourg ou Lyon, ils vont disparaître et ce sera dramatique pour la région... » Et le candidat de s'en prendre au « fait d'avoir des aspirateurs qui assèchent les territoires ».

L'adjoint à l'urbanisme met en avant sa fidélité aux « valeurs : je suis resté au PS où j'ai tout vécu... Il y a trois ans, on avait tous les pouvoirs... Je ne regrette pas d'être resté malgré les propositions ». Sans doute celles de LREM, mais il les a refusées, explique-t-il, au nom de ses convictions. « Je suis une alternative à la droite macroniste et à la droite républicaine », est-il persuadé.

« Défendre l'héritage » de Minjoz, Schwint et Fousseret...
face à Eric Alauzet qui le revendique aussi

C'est donc vers la gauche qu'il persiste à lorgner, pensant aux étapes suivantes. Méthodiquement. Il ne les brûle pas, ne donne pas l'impression de chercher à s'imposer. « Le premier des socialistes sera le plus haut dans une liste d'union de la gauche s'il y en a une... Je propose qu'on parle d'abord du programme, parallèlement aux procédures socialistes et aux discussions entre partis ».

Y aura-t-il une liste PS s'il n'y a pas d'accord ? « Selon moi, oui ». Ne serait-ce pour « défendre l'héritage » de Minjoz, Schwint et Fousseret face à Eric Alauzet qui le revendique aussi. Nicolas Bodin met ainsi en avant « la qualité de vie à Besançon, l'eau, la biodiversité, le CCAS, la cuisine centrale unique, le tissu associatif dense : c'est un héritage politique de gauche, différent de ce que défend Emmanuel Macron ou la droite républicaine ».

Côté programme, il veut faire de Besançon une « capitale de la nature ». Analysant l'époque comme « l'ère des transitions », il veut les adapter au « contexte local ». Ça ne mange pas de pain : il dit vouloir « davantage prendre en compte les citoyens ». De ce point de vue, il voit les Gilets jaunes comme « la signature des invisibles qui avaient disparu du débat ». Il évoque « les limites de l'obsolescence programmée », considère que « la transition climatique  avérée » doit être « un fil rouge » de l'action. Il cite aussi le numérique et les nombreux « non connectés ou connectés ne sachant pas l'utiliser ». Il entend traiter la question « temporelle : on est dans l'immédiateté, mais le pouvoir politique doit faire comprendre que les décisions ne se prennent pas dans l'immédiateté... »

 

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