Marie-Guite Dufay : « il faut être créatif avec le cinéma »

La présidente du Conseil régional dit entendre les inquiétudes des producteurs, et revient sur plusieurs dossiers chauds : le départ précipité de son directeur de cabinet, la banque publique d'investissements, ses divergences avec le président du Conseil général du Jura sur les transports...

mgdufay

Pourquoi avez-vous supprimé le fonds d'aide à la création et à la production cinématographique ?
Pour des raisons budgétaires. Si on ne fait pas de coupe, on ne s'en sortira pas. Alors on coupe ce qui retombe sur le citoyen. C'est vrai que ce fonds avait son utilité : s'il n'y avait pas eu de réaction, cela aurait signifié qu'il ne servait à rien. Il y a forcément de la grogne et des inquiétudes... Dans le domaine culturel, je n'ai pas touché au spectacle vivant, aux festivals, à la numérisation... Quant au fonds d'aide, je suis ouverte à une discussion de type économique. Pour un producteur ayant des difficultés à assumer le risque, il faut être créatif, voir si on peut s'appuyer sur un dispositif de type avance sur recettes. On serait remboursé si le film réussi, pas si le film ne marche pas...

Les producteurs soulèvent aussi les questions de formation pour une centaine de techniciens intermittents du spectacle...
Ils savent que je suis aussi ouverte sur ce terrain là. Mes collaborateurs travaillent sur cette question, on doit les re-rencontrer, nous allons proposer quelque chose.

Quand ? Avant l'été ?
Bien sûr...

Que s'est-il passé avec votre directeur de cabinet, Jean Auvilain, remercié dans la journée du 17 janvier ?
Vous avez posé la question au maire de Besançon qui a changé quatre fois de directeur de cabinet ?

Pour le dernier changement, on savait que Jean-Marc Magda, qui est dans la préfectorale, allait partir avec la victoire de François Hollande, c'était prévu...
Jean était là depuis 7 ans, on s'est quitté en bons termes. Le temps était venu de penser à autre chose...

Et les autres membres du cabinet ?
Pour l'instant, ça ne bouge pas. J'ai demandé qu'au côté de Gilles Da Costa directeur général des services, et directeur de cabinet par intérim il y ait un bras droit politique, Christophe Tripogney... C'est une affaire mineure, c'est mon organisation... Nous sommes en rodage, en intérim : je me donne deux mois pour tester l'organisation. Gilles Da Costa sur le travail organisationnel, Christophe Tripogney sur une fonction exclusivement politique, en lien avec les alliés, le PS, les Verts...

Gilles Da Costa est, aux yeux de certains, plus libéral que socialiste...
Il faut étayer les paroles. Je lui demande une organisation autour de moi.

Il n'y en avait pas avant ?
Il y avait besoin de revoir l'organisation. Ce n'est plus le même travail avec l'arrivée de François Hollande, le cabinet a changé de métier. Et puis j'ai un collectif d'élus sur lequel je m'appuie.

Vous avez aussi à préparer les élections...
Ce n'est pas une organisation de campagne... Rien n'interdit d'ailleurs que Jean Auvilain soit mon futur directeur de campagne.

Vous en avez parlé avec lui ?
Je dis que ce n'est pas superflu. L'organisation d'une campagne se fait hors du cabinet...

Le cabinet n'est-il pas l'interface entre les sensibilités de la majorité, géographiques ou politiques, mais aussi entre l'exécutif et les services ?
Le travail du cabinet est beaucoup tourné vers l'extérieur. En direction des services, c'est moi et mon collectif d'élus. On le fait tous les jeudi matin en réunion d'exécutif. Le rôle du cabinet est d'anticiper les sujets, d'aider l'exécutif à voir plus haut, plus loin, de produire des idées. Il y a un gros travail à l'extérieur : on a changé de métier avec François Hollande. Avant, on était personna non grata dans les ministères. Quand on n'est pas dans la majorité, on nous reçoit pour la forme. Maintenant, on a à apporter des démonstrations à nos ministères. On y passe plus de temps : transports, éducation, Bercy sur la BPI (banque publique d'investissement, en projet)...

Que voulez-vous avec la BPI ?
(rire) Je souhaite que ça débouche sur quelque chose de précis. Aujourd'hui, c'est très compliqué entre les partenaires de Bercy, les bras droits et les bras gauches, la CDC et Oséo, les régions qui ne sont pas toutes sur la même longueur d'ondes...

Ça pourrait ne pas se faire ?
Si ! Il y a des avancées considérables pour les chefs d'entreprises, des outils financiers que nous avons créés dont la BPI va s'inspirer.

Par exemple ?
Comment financer la « vallée de la mort », un terme usité par les financiers des entreprises. Quand vous êtes très en amont d'un projet, il y a des dispositifs d'aides à l'innovation. Quand vous avancez sur un marché, il y a aussi des aides. Mais entre les deux, quand vous n'êtes pas sûr du marché, personne ne vous aide : c'est la vallée de la mort... Les USA ont mis en place des choses intéressantes pour ça. La BPI doit faciliter l'accès au crédit, il y a des outils à créer, mais je n'en ai entendu parler nulle part... L'autre outil à créer serait pour aider les entreprises en difficulté conjoncturelle. En 2010, on a créé l'aide au retournement qui consiste à amener des fonds propres : Défi 2010 qui s'appelle maintenant Invest FC.

C'est un fonds de capital risque...
Oui, alimenté par des fonds publics et privés, on met 500.000 euros par ci, 500.000 euros par là... En 2010, mes efforts étaient arrivés au bout de leur peine, j'y travaillais depuis 2004 comme première vice-présidente en charge de l'économie. En 2013, nous allons créer un nouveau fonds car le premier est épuisé. Cela commence à se savoir et la direction de la BPI regarde les régions qui l'ont mis en place...

Qui est d'accord avec vous ?
Toutes les régions sont sur la même longueur d'ondes, à part les problèmes d'ego : savoir si on sera ou non au comité d'engagement... De toute façon, Oséo, le bras armé de la BPI, ne pourra rien faire sans les régions. Alain Rousset président de l'association des régions de France, président du Conseil régional d'Aquitaine a mal réagi à l'évocation des risques de clientélisme. C'est très grave, les régions sont reconnues par le monde économique.

Christophe Perny, le président du Conseil général du Jura, inaugure aujourd'hui le vol Dole-Tavaux-Marrakech. Vous y serez ?
On n'est pas dans le tour de table final, on n'est pas dans l'aéroport. Je soutiens Christophe Perny pour l'organisation de destinations lointaines, mais il faut évaluer les retours sur le territoire...

Que pensez-vous de la liaison aérienne Dole-Orly ?
Le plus grand mal. Ce qui ne m'empêche pas d'avoir avec Christophe Perny des relations constructives sur tout. De Dole, il y a dix possibilités quotidiennes d'aller à Paris en moins de 2 h 30, soit directement en TGV, soit par un TER vers Dijon avec un TGV dans les dix minutes...

La CCI du Jura dit que le vol pour Orly se justifie pour les chefs d'entreprises et les cadres qui viennent dans le Jura pour une journée...
A 19 personnes la capacité de l'avion, cela n'a rien à voir avec les objectifs du TGV. Je n'ai pas encore vu le temps complet de desserte entre Dole et Paris avec la navette entre Orly et Paris... C'est un vrai sujet. Je ne suis pas en désaccord avec Christophe Perny sur la façon dont il défend son territoire. Je n'y peux rien s'il n'y a pas de train entre Lons et Dole ! C'est pour ça qu'il faut faciliter le trajet Lons-Bourg pour qu'on puisse faire Lons-Paris en 3 heures. La semaine dernière, pour la conférence territoriale sur les transports, nous avons échangé et dégagé des priorités afin de faire remonter à Paris ce qu'on pense en Franche-Comté, préparer le futur contrat de plan Etat-Région. Je veux y inclure des éléments précis dont le Jura et le plan rail pour le Jura qui inclut les dessertes de Lons, Morez, Saint-Claude...

Il y avait Christophe Perny ?
Il était représenté, il avait une grippe non diplomatique. La droite et la gauche étaient là, les parlementaires, tout le monde est d'accord sur les priorités. Je prends au sérieux le fond, pas la forme... Le Jura est objectivement à l'écart des grands axes de transport.

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