Ludovic Fagaut : « Je fais tant peur que ça ? »

Vice-président du conseil départemental et conseiller municipal d'opposition à Besançon, Ludovic Fagaut (LR) assume sa droite et brigue la succession d'Eric Alauzet comme député de la deuxième circonscription du Doubs. A 38 ans, ce bosseur pressé et discipliné, pourrait en cas de victoire en juin, devenir un sérieux candidat à l'alternance municipale en 2020... 

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Candidat du parti de droite Les Républicains aux élections législatives à Besançon, Ludovic Fagaut brigue la succession de l'écologiste Eric Alauzet dans la deuxième circonscription du Doubs (Besançon-est, environs est et sud de la ville). A 38 ans, cet ancien professeur d'éducation physique est principal de collège depuis une dizaine d'années. Il exerce actuellement à Pierrefontaine-les-Varans.

Élu conseiller municipal de Besançon en 2014 sur la liste de Jacques Grosperrin, il siège dans l'opposition où il fait figure de dauphin du sénateur. Énergique, parfois cassant, tenant le discours d'une droite bien à droite, il revendique une filiation gaulliste. Élu l'année suivante conseiller départemental, il l'emporte face au socialiste Yves-Michel Dahoui avec qui il ferraille régulièrement au conseil municipal. Ludovic Fagaut est vice-président du Doubs, en charge de la citoyenneté, du sport et de la culture. Il a rapidement succédé à Marie-Laure Dalphin à la présidence du groupe majoritaire de l'assemblée. 

L'entretien s'est déroulé mardi 7 mars dans un café de Besançon et a duré une petite heure.

Est-ce volontaire que votre communiqué de lundiA 50 jours du 1er tour des élections présidentielles, le débat d’idées doit reprendre toute sa place dans la campagne des élections et lui redonner tout son sens. Il faut sortir du feuilleton judiciaire et médiatique et les manœuvres d’appareil qui alimente toutes les interrogations. Car les Français doutent et se demandent si les politiques ont encore les moyens d’agir efficacement dans un monde en constante évolution. Ces doutes sont légitimes, mais ils ne doivent pas conduire au fatalisme. La France a besoin d’élus nouveaux, engagés, combatifs, courageux et compétents pour soutenir son redressement. Pour ce qui me concerne, je suis engagé, en tant que candidat aux élections législatives et avec ma famille politique, pour prendre ma part du travail et répondre aux attentes de nos concitoyens : la lutte contre le chômage et la relance de l’activité économique, la fiscalité et le niveau des impôts, la sécurité, l’éducation et la formation, la protection de l’environnement. Mon ambition est de participer au renouveau dont nous avons besoin, tant au niveau national qu’au niveau local. Je crois dans les hommes et les femmes de notre pays. Je crois aussi que les années qui viennent peuvent être meilleures si nous avons fait les bons choix. Car si je me suis engagé en politique depuis de nombreuses années, c’est pour défendre et partager les valeurs auxquelles je crois. C’est aussi concrètement pour me mettre à la disposition de nos concitoyens pour les représenter, les servir et les aider face aux difficultés qu’ils peuvent rencontrer au quotidien. J’appelle au rassemblement de toutes les sensibilités de la Droite et du Centre autour du Projet des Républicains plébiscité par plus de 4 millions d’électeurs lors de la Primaire de novembre. Le débat d’idées doit être au cœur de la campagne électorale. Il en va de l’avenir de la France. ne cite pas François Fillon...

Mon engagement est pour ma famille politique : la droite, Les Républicains... et dans les collectivités les autres forces avec lesquelles nous sommes associés dans l'union de la droite et du centre. Mon communiqué parle de fidélité à un candidat, François Fillon. Et si demain les ténors en choisissent un autre...

...il sera votre candidat ?

Je suis fidèle à ma famille politique, à une équipe, pas à un homme.

Quand vous engagez-vous en politique ?

J'ai démarré au RPR à Dole, ma ville d'origine, aux côtés de Gilbert Barbierancien maire UDF, aujourd'hui sénateur RDSE (rassemblement démocratique et social européen) quand il bataillait contre Dominique Voynet. J'ai démarré comme militant, je le suis toujours. Je suis arrivé à Besançon en 1994, je suis passé du RPR à l'UMP pour à LR...

Qu'est-ce qui vous a conduit au RPR ?

Ma famille est gaulliste. Mes grands parents paternels et maternels étaient agriculteurs, mes parents ouvriers. Ils défendaient les valeurs de travail, du mérite, de l'autorité... J'ai grandi dans cet univers.

Vous avez été étudiant-salarié ?

Non, mais je bossais l'été chez ITT Jean-Renaud, une entreprise de composants électroniques où mon papa était responsable du service réception et ma mère travaillait au service achats...

Historiquement, le monde ouvrier est plutôt orienté à gauche...

C'est une vision caricaturale...

Êtes-vous de cette droite qu'on dit sociale ?

Hum...

Une droite humaniste ?

Je ne sais pas si le terme est exact, mais j'affiche mes valeurs : la sécurité, le mérite, le travail, le refus de l'assistanat...

Parlez-vous de la solidarité ? L'assistanat consisterait selon vous à trop tirer sur la corde ?

Il y a eu tant d'abus qu'il faut mettre le système des aides sociales en adéquation avec ce que le système social peut donner. Il faut aussi du contrôle... Il faut aider les gens. Mon métier de chef d'établissement est dedans au quotidien.  Quand des familles sont en difficulté pour un voyage scolaire et qu'on mobilise le fonds social, c'est du social. Mais le reste à charge pour la famille est toujours présent, la participation des familles est un symbole...

L'élection présidentielle n'est-elle pas démonétisée avec les affaires qui touchent François Fillon, Marine Le Pen...

... et Macron par rapport à l'ISF !

Comment voyez-vous le rapport entre présidentielle et législatives ?

Je ne vois pas d'autre issue que notre candidat président avec la situation dans laquelle François Hollande laisse la France, 1,6 million de chômeurs de plus, la matraquage fiscal, les charges des entreprises...

Elles ont eu le CICE...

A-t-il apporté tant de bénéfices aux entreprises au lieu de baisser leurs charges ? Et le CUIcontrat unique d'insertion, c'est 500.000 apprentis masquant les chiffres du chômage, comme les emplois-jeunes de Jospin...

François Fillon peut-il être élu face à Marine Le Pen ?

Poser cette question, c'est montrer où nous a emmené ce quinquennat ! En France, cette terre de résistance ! Pour ma part, je combats le programme du FN...

Que feriez-vous en cas de second tour Le Pen - Macron ?

A votre avis ? Vous croyez que je laisserais le projet de Marine Le Pen au pouvoir ?

Et si c'est Le Pen - Hamon ?

(rire) Il y a peu de chance que ça arrive.

Et Le Pen - Mélenchon ?

Ce sont quand même deux extrêmes, identiques. Je n'ai pas à me positionner, il y a peu de chances que ça arrive.

La question peut se poser quand on voit la porosité entre LR et FN dans le sud de la France...

Le projet du FN n'est pas celui qui permettra à la France de se redresser.

Qu'avez-vous voté à la primaire de la droite ?

Je n'ai soutenu personne au premier tour, j'ai voté Fillon au second tour.

Qu'avez-vous voté au premier tour ?

J'ai voté Fillon au second tour ! Je me reconnais chez tout le monde : Wauquier, Baroin, Juppé...

Élu député, vous siègeriez dans la majorité ou l'opposition...

... ou nulle part ! Il n'y aura peut-être pas de majorité.

Des majorités d'idées, changeantes, sont-elles imaginables dans ce cas ?

C'est ce qu'on peut vivre parfois au conseil municipal de Besançon où, au sein de l'opposition, on a parfois des votes différents.

Élu député, vous choisiriez de rester au conseil municipal ou au conseil départemental ?

J'espère avoir à me poser la question. Je ne pourrais en tout cas plus être vice-président du département.

Élu député, vous seriez en situation de briguer la tête de liste aux municipales de 2020...

Il y a un chef de file, c'est Jacques Grosperrin. C'est un ami. Il a l'expérience, la légitimité. Quant à moi, je fais mon boulot, je connais les dossiers, j'écoute les gens...

Embaucheriez-vous votre femme comme assistante parlementaire ?

Elle a un travail...

La question religieuse compte-t-elle pour vous ?

Je suis chrétien pratiquant.

Vous reconnaissez-vous dans la Manif pour tous ?

Pas complètement... C'était en tout cas un sujet sociétal qui ne nécessitait pas autant de remous. Les couples de même sexe demandaient un PACS amélioré pour être protégés... Pas une loi sociétale qui a divisé la France. Je suis opposé à la GPA et à la PMA. J'ai manifesté avec la Manif pour tous, surtout quand la PMA et la GPA étaient à l'ordre du jour...

Ce n'est pas la même chose...

C'est mettre le doigt dans une utilisation du corps humain.

Vous faites peur à la gauche bisontine...

Tant que ça ! (sourire...) Vous me l'apprenez. Je fais mes mandats...

On vous reconnaît volontaire, mais aussi, parfois, brutal.

J'ai un tempérament. Je sais être à l'écoute, partager, faire avancer les idées. Je suis un battant. Vous ne m'avez pas connu au foot à Baume-les-Dames, ou en équipe de France de foot en salle. Je sais ce qu'est la Marseillaise quand on porte le maillot. Je suis un combattant.

Vous faites toujours du sport ?

Je cours, fais du vélo... (Un silence...) Je fais tant peur que ça ?

?

J'ai du respect pour mes adversaires car je sais ce qu'est l'engagement politique. Mais sur le débat d'idées, de projets, je serai en face...

 

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