Lons-le-Saunier : la gauche sort de l’hibernation

Avec le militant associatif non-encarté Jean-Yves Ravier à sa tête, la coalition EELV-PCF-PS peut-elle reprendre, trente ans après l'avoir perdue, une ville qui vote généralement à gauche aux élections nationales et régionales ? La liste Changer de cap, qui a lancé sa campagne lors d'un meeting bien suivi, peut raisonnablement l'espérer en tablant sur les deux candidatures fratricides issues de l'équipe de Jacques Pélissard (LR) qui ne se représente pas. 

Jean-Yves Ravier, lors de la présentation de la liste, le 29 janvier à Juraparc.

Les sourires s'affichent sur les visages des militants de gauche ce mercredi 29 janvier à Juraparc. Certains avaient craint que la mezzanine du parc des expositions soit trop grande pour le meeting de présentation des colistiers de Jean-Yves Ravier. « On avait prévu 150 chaises, on en rajoute », s'enthousiasme Anne Perrin, conseillère municipale EELV sortante. Au final, plus de 200 personnes ont assisté à un événement sans effervescence et tout en sobre modestie.

Après avoir accueilli personnellement quasiment tous les auditeurs, Jean-Yves Ravier monte, seul, sur l'estrade et se présente : « 61 ans, marié, trois enfants, école des Mouillères, collège Briand, lycée Jean-Michel, études de kiné à Besançon… » Exerçant depuis en libéral dans la ville, il connaît bien du monde, d'autant qu'il s'est investi dans le monde associatif et a même présidé le club de basket 15 ans, bien nommé amicale laïque lédonienne…

Il se dit « travailleur, déterminé et hyperactif selon [s]on entourage ». Il décrit sa conception du rôle du maire : « à l'écoute, rencontrer les gens, proposer des solutions, faire vivre la démocratie en respectant l'opposition… » Une opposition où il siège depuis six ans au côté de quatre élus dont l'une, Paule Petitjean, a rejoint Christophe Bois (LREM) et trois avec lesquels il a monté le liste Changer de Cap : le socialiste Claude Borcard, le communiste Thierry Gaffiot et la verte Anne Perrin.    

Quartiers populaires et nouveau souffle

Il appelle ensuite chacun des colistiers qui viendra s'assoir sur une des chaises qui sont progressivement occupées. Quatre viendront dire quelques mots de leur engagement. La diplômée de Cambridge Amina Jeannin veut un conseil municipal menant « une multitude de petites actions de soutien dans les quartiers populaires ». Aurélie Bomelet-Omokomy défend un « souffle nouveau ». Emilie Gougeon, syndicaliste dans le privé, confie avoir « hésité » à s'engager après avoir « mesuré d'implication » demandée. L'architecte Michel Rousset s'est taillé un beau succès en déplorant que « la ville n'écoute plus ses habitants et gère plan-plan », et en proposant « d'accueillir à nouveau de jeunes ménages ».

Parmi les colistiers, on remarque la présence du prof d'économie et ancien banquier Pierre-Emmanuel Scherrer qui avait critiqué le montage financier du projet de center parcs de Poligny dans une étude très fouillée que Factuel a publiée (lire ici). Proche des idées de la France insoumise, il s'est rapproché de la gauche classique. Si la droite présente volontiers des médecins libéraux, la gauche présente plutôt des médecins hospitaliers, comme Perrine Dellon. La lutte pour l'hôpital est également représentée avec le délégué CGT du centre hospitalier, Rachid Hiebous. Et l'engagement pour les autres mobilités que la voiture est mobilisé avec Claude Changarnier, présidente de Vélo qui rit…

Les leaders de la liste, élus sortants, ont ensuite développé chacun l'un des trois axes du projet. Thierry Gaffiot a parlé social : « une municipalité peut choisir ses priorités et s'opposer à la dégradation des services publics ». Anne Perrin a parlé environnement, citant la « végétalisation de la ville » ou la création de « maraichage local ». Claude Borcard a fait le sage en assurant : « nous ne ferons pas de promesse sans vérifier son impact » et en rassurant : « nous saurons faire face car nous nous y préparons tous les jours ».    

Jean-Yves Ravier a présenté quelques grandes perspectives en s'appuyant sur le PLU, le plan local d'urbanisme, car « on a envie d'être visionnaire ». Il voit même ce PLU être un PLUI, I pour intercommunal… Il souhaite que chaque quartier ait « un lieu de vie et d'échange, il en faut par exemple un aux Toupes ». Il s'engage à « aller présenter chaque projet, non ficelé, à la population », veut « relancer l'ANRUAgence nationale pour la rénovation urbaine » à la Marjorie, notamment pour régler le problème des logements « passoires thermiques ».

Un animateur plutôt qu'un leader

Se présentant davantage comme un animateur d'équipe que comme un leader, celui qui a été choisi tête de liste parce que n'adhérant pas à un parti, entend aussi « créer une maison de la transition écologique » pour laquelle il y a le choix entre au moins deux sites, l'ancien hôtel-de-ville et l'ancienne école Briand : « ce sera un lieu où inventer tous les possibles… » Il annonce un budget participatif d'investissement par quartier, veut revoir les tarifs de location des salles municipales car « Juraparc est trop cher », et envisage un « événement culturel phare impliquant les associations et leurs bénévoles ». 

Il entend revoir le système d'aide aux associations : « mieux vaut des subventions de fonctionnement plutôt que des subventions exceptionnelles car les responsables associatifs doivent avoir de la visibilité ». Rare pique à ses adversaires, il critique la proposition de la cantine à un euro : « il faut revenir à une tarification sociale ». Après quoi, il invite ses soutiens à se servir dans les assiettes en cartons où les attendent les badges de la campagnes !

Comme partout, on échange ensuite le verre de l'amitié avec du crémant du Jura… 

 

 

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